Passer au contenu principal

Les grands récits

Raconte moi l’histoire.

L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant.

Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs.

Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain

Allez, raconte.

Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas! 

Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit intemporel oubliant la mort des uns et des autres, la pourriture grouillante sous la végétation dense, l’horreur nécessaire pour soutenir cette beauté changeante. 

La beauté du monde…tu parles! 



Image by Bruce Emmerling from Pixabay



Commentaires