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Messages

Affichage des messages du 2023

31 - Grand finale, en une seule ligne... bah non, ce sera deux! Writever - Résultats

 Comme d'habitude, les résultats de ce dernier travail n'étaient pas à la hauteur des attentes. On fera mieux la prochaine fois, car comme on dit "Practice makes perfect". Image par Alexa de Pixabay

L’imparfait

  Armée de son stylo rouge, l’institutrice se penche sur le travail de son meilleur élève, mais ça ne va pas. Tout est à refaire, il n’a pas compris la consigne, pas du tout.  Elle peine même à corriger cette terrible copie, les ratures et les reprises couvrent ce travail bâclé.  C’est franchement catastrophique. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris, habituellement, Dieu est beaucoup mieux organisé, plus consciencieux. Cette chose qu’il appelle Terre est un fiasco total!  Faudra lui faire tout reprendre depuis le début!  Oui, d’accord, l’esthétique est plutôt bien, c’est joli, vu de loin, mais les hommes qu’il a crée sont définitivement trop bêtes!  Image par WikiImages de Pixabay

Raconte moi des salades

 Ah, mais ça suffit! Tes histoires à dormir debout. Je n'en peux plus!   C'est toujours la même trame narrative.   Ce n’est pas ta faute!   Une baleine a bloqué l'autoroute, un singe t'a choppé tes vêtements, la roue de la Fortune s'est arrêtée sur pas de chance...   Change de chanson, c'est lassant à la fin... je ne sais pas, demande à ChatGPT de te pondre un morceau choisi, ce sera plus original! Image par Fathromi Ramdlon de Pixabay

Trauma

TW - Abus sexuel et IVG -  Je suis partie très tôt, seule malgré l'événement qui m'attendait et malgré l'absence de l’accompagnatrice. Elle n'est jamais arrivée. Ce rendez-vous dont on fait tout un drame me laisse de glace, ce n'est rien. Il n'y a que l'aspect médical qui m'inquiétait, les risques liés à toute intervention sur le corps me tiennent loin des bistouris, m'assurant de ne jamais faire rectifier (quel mot inapproprié) mon nez ni augmenter mes seins! Alors, le retrait de cet ajout indésirable à ma personne ne me portait pas à des remises en question. Je ne voulais pas, et je n'aurais pas d'enfant à ce moment de ma vie où tout partait en cacahouète, fin du débat moral. Mais j'étais bien seule avec ça, comme je l'étais dans ma vie alors que je venais de me défaire du père présumé, un parfait imbécile et un être totalement dépourvu d'empathie. Je ne voulais ni ne veux plus avoir à faire avec lui, sous aucun prétexte.  On me

Homme à tout faire, même le pire

Il s’habille lentement, en suivant un ordre précis, toujours le même.  Le caleçon, les bas, la chemise puis le pantalon qui en recevra les pans bien serrés à sa taille. Aujourd’hui, il visite un milieu d’affaires, ce sera donc une ceinture de cuir italien, les chaussures assorties, une montre Stowa, chic mais discrète, une cravate, bien entendu, le tout recouvert d’un paletot de laine légère d’un gris souris classique bordé d’une écharpe prune des plus élégantes. Il doit se fondre dans le décor, être la silhouette qui déjà disparait au coin de la rue, celui que personne ne remarque jamais.  Il doit se rendre invisible. Il a donc appris très vite l’art du costume, selon les lieux où son métier l’appelle. On ne remarque pas un platrier sur un chantier de construction, ni un avocat dans une tour à bureau, encore moins un infirmier dans un hôpital. Aujourd’hui, il doit rencontrer le CEO d’une grosse boîte du centre-ville, 24e étage d’une tour entièrement vitrée. Pourquoi lui? Il l’ignore e

Dernière danse

Ses cheveux blancs ne la gênent pas, loin de là.  Elle les porte avec aplomb, élégance et détermination même avec la tête en bataille. Gare à celui qui osera la faire chier, il risque de se prendre une claque là et quand il s'y attendra le moins.   Pour elle, vieillir n'est pas triste ni difficile. C'est ce qui arrive quand on a bien vécu. Ou pas. Même ceux qui vivent mal y passent, alors...  Elle le vit à l'image d'une libération envers les obligations de l'âge adulte, ne plus avoir à plaire, ne plus avoir à se montrer intéressante, ne plus faire d'efforts pour ceci et cela.  Être, tout simplement.  Et c'est simplement génial!   Elle se prépare tout doucement pour la dernière danse et profite pleinement de ce temps sans contrainte.  Image par Dean Moriarty de Pixabay

Deadline

 Une chose est certaine, peu importe ce qui sera, le temps aura ta peau! Image par Gino Crescoli de Pixabay

Éveil

Une fois terminé avec ce besoin irrépressible, elle relève culotte et pantalon et tire la chasse d’eau.   Elle se tiraille un peu avec le loquet mal fixé et sort du cabinet. Se tournant vers le lavabo afin de se savonner les mains comme on le lui avait appris à l’école primaire, ses yeux s’agrandissent à la vue de l’espace qui apparaît dans le miroir fixé au mur devant elle. Rien à voir avec le lieu d’il y a à peine quelques minutes, même son reflet en est absent ! Elle a découvert un passage vers une autre dimension, un espace-temps outre-terre, sinon elle a bel et bien perdu la raison ! Dans le bleu profond d’un cosmos de pacotille, éclairé de lanternes chinoises en guise d’étoiles, une femme se tient, juste derrière elle. Elle est raide de hauteur et de maigreur, son teint est maladif, ses cheveux longs, légèrement bouclés sont échevelés, parsemés de brindilles et de feuilles mortes. Elle grimace d’un air fâché, rageur, toutes dents exposées, prédatrice sans scrupule. Sa robe,

Trève de vie

 Mort - C'est le mot du jour Y a pas à dire, c'est la joie ce défi d'écriture...Pour débuter et tout au long, on nous met la tête dans nos cacas mentaux avec toutes ces analyses psy et plus... puis on nous ramène à notre finalité irrémédiable à deux jours de Noël... Vive la joie 😁 Je demande un temps mort. Arrêt sur image, rien ne bouge plus. Souffle rétracté. Panne sur l'autoroute de la vie, sans espoir que ça ne reparte parce que stoppé dans son élan, brisé comme une vague sur la plage.  J'ai pas envie de parler de ça, ça me terrifie, me liquéfie. La souffrance des survivants est insoutenable, ce puit sans fond de tristesse, l'absence à l'infini, le manque viscéral qui ne se vit que dans les tripes, la peur du vide, l’angoisse de la vie sans eux, sans lui, sans elle. Je ne sais pas consoler, trouver les mots qui font du bien, j’ai trop conscience que rien ne peut aider, rien ne changera quoi que soit. Je me projette dans un avenir certain et une issue com

Souper de filles

 Les femmes, toutes d'âge mûr, s'éparpillaient comme des libellules à la sortie des bureaux.  Certaines avaient pris l'habitude de se retrouver, les vendredis, pour dîner dans un restaurant local. Elles apportaient leurs bouteilles de vin et les verres se remplissaient et se vidaient à grande vitesse, pour oublier l'enui des semaines se répétant à l'infini.  Très vite, suivant leur taux d'alcoolémie grandissant, elles se détendaient enfin, leurs rires éclatant en trompettes, fusant en cascades. Les discussions allaient bon train jusque tard dans la nuit. Le serveur devait les faire sortir à grands coups de gueule, lui aussi riant de ces soirées où le vin était roi, où ces femmes étaient reines d'un royaume fictif, le restaurant du coin.  Image par StockSnap de Pixabay

Scrapbook

 C’était un grand cahier, qu’on appelait alors scrapbook. De dimensions inhabituelles, il demeurait à la maison.  On y mettait tout et n’importe quoi, des histoires, des bouts de vie, des collages, des fleurs séchées, des dessins, toutes ces petites choses qui marquent notre passage dans un temps donné, recueil des traces des préoccupations du moment. Je n’en ai gardé aucun et ça m’attriste. Il devait s’y trouver bien des réponses aux questions existentielles et identitaires qui vivent toujours en moi. Ou, ce n’était que des bêtises, une occupation pour jours de pluie, sans arrière-pensées, des signifiés sans signifiants. Image by Mediamodifier from Pixabay

Le parapluie rouge

Le thème s'incruste.. après la psychanalyse, les thérapies, les déprimes et les récits de soi...voilà que s'amène le mot « psychologue ». On y va! Elle pénètre dans la cour intérieure et marche vite sous la pluie. Pas vraiment sous la pluie, mais sous son parapluie rouge, tache coquelicot dans tout ce noir, ce gris.  Elle pense à la morosité de ses semblables, à l’absence de sourire, de joie dans les regards auquels elle sera confrontée dans un petit moment.   Dans le corridor, dans l’ascenseur, les faces longues s’enchaînent l’une après l’autre sous ses yeux las déjà, malgré l’heure matinale. Elle fait bien des efforts pour alléger l’atmosphère, susciter une réaction de cette foule blasée, en vain. Par exemple, ce parapluie rouge, maintenant refermé et gouttant sur le plancher,  contrastant violemment avec son ciré jaune canard et ses bottes de pluie noires à motifs hippie multicolores, fut choisi avec grand soin, de manière préméditée, tout à fait consciente.  Elle cherche à

Les histoires arrangées

Ma photo... Sherlock sous la neige Je tiens à le dire, haut et fort, en noir sur le blanc de la page:   J'AIME PROMENER MON CHIEN! En fait, j'adore... S'il y a une chose sur laquelle je ne ferai aucune concession, c'est sur ce fait, simple et clair...  Le reste, bof, c'est variable, on peut toujours jouer avec les temps, les lieux, les heures et les humeurs...   Je veux bien me soumettre au pacte de Lejeune , mais bon, vous savez, la mémoire... elle joue des tours et elle a le dos large!  Pas question de me montrer sous un jour glauque, terne. Il n'est pas non plus question de dévoiler les rides, les amas de peau flasque, les abus de tristesses inutiles et surtout pas les combustions colériques terrifiantes, dignes du Capitaine Haddock... Oui oui, collection de gros mots en prime, mais je n'admettrai jamais ça publiquement... Non, je ne sortirai pas d'ici sans mon rouge à lèvres!   Et l'on dira quand même que j'ai fait une œuvre autobiographi

Thérapie

Image par Kateřina Hartlová de Pixabay L'homme bedonnant tirait sur son cigare, malgré l'affiche Défense de fumer grosse comme une maison sur le mur devant nous. Il y allait de son soliloque grandiloquent.... pas le choix de l'écouter, nous étions seuls dans la salle d'attente.  - Ah bien sûr que les thérapies ont du bon! Tout le monde bénéficie d'une ouverture à l'autre reçue dans la compréhension et l'empathie!   Par contre, soyez prudent, un danger guette celui qui se présente avec un problème d'adaptation à résoudre... La thérapie cause parfois l'inhibition du ressenti. Ça amène la perte de la possibilité de se laisser aller, ce qui pourrait permettre une réactivation du comportement qu'on a travaillé si fort à annihiler... Prenez la colère, par exemple...On vous aide à la canaliser, à en faire autre chose... mais elle ne trouve plus à s'exprimer, alors qu'elle est bien là... Elle est détournée, transmuée, elle devient art, e

Itinéraire fantôme

"Le réel est étroit, le possible est immense"                                                                        Lamartine J'ai ramassé mon fourbi (au figuré, bien entendu, pas question d'armes ni de quoique ce soit de soldatesque ni même de matériel ici) et j'ai décidé de partir à l'aventure.    Où ça? Je n'en ai pas la moindre idée, je vogue encore à l'aveugle sur le blanc aux plis jaunis et inquiétants d'une carte chiffonnée, très old school. Aucun repère, aucune idée de ce qui m'attend au bout de cette feuille sale trouvée entre les pages d'un livre de la bibliothèque publique. Je trace la route à mesure que j'avance, rouge, bleu, noir, selon des frontières imaginaires traversées sans y penser, sans être inquiétée. J'ai bien demandé un globe terrestre, pour aller à l'aventure sans trop me mouiller. Il n'est jamais arrivé, alors j'invente des routes, des canyons, des vallées et des rivières.  Je me dis que c&#

No comment

Des lunettes noires sur le nez, la jeune femme s'engage entre deux rangées de gardes très intimidants, ceux-ci bordent chaque côté de la porte du grand immeuble lumineux, vitré d'est en ouest .   "No comment" Le palais de justice, qui a tout d'un palais tout court avec son faste d'or et d'argent, ses lourdes draperies chutant de plafonds à quinze pieds du sol, est bruyant d'une faune encore plus surprenante qu'à l'habitude. Tout le gratin du Montreal Gossip Club est présent, se bousculant les uns les autres sans aucune gêne sur les marches de marbre de l'escalier central. On la questionne sans fin. "Vous vous sentez coupable? Vous avez des remords?" Elle répète "No comment". Mégastar sur TikTok, la blonde beauté aurait causé la mort d'une quinzaine d'adolescentes. Celles-ci auraient succombé après avoir relevé un défi, proposé un mois plus tôt, mais la preuve est bien mince. Qui sait ce qui se passe dans la tête

Les grands récits

Raconte moi l’histoire. L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant. Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs. Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain Allez, raconte. Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas!  Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit

Freud, Jung ou Lacan?

Ça va, j´avoue, il y a de la résistance. Est-ce le thème, la formule, la cadence qui me nuit? Je n’en sais rien.  Je ne ressens pas d’intérêt, pas de joie, pas d’enthousiame à l’idée de m’y mettre. Blocage. On peut même dire Blocages!!! Mes registres, réels, symboliques et imaginaires, me font défaut, je n’y trouve plus mon identité objet petit a alors que mes bibliothèques bayardiennes débordent. Allongée, je ne pipe mot. Déprime, psychose, névrose, comatose en vrac. Non, je ne jouerai pas le jeu de mon mal être, je ne cesserai pas malgré tout ça. Quoique … Je n’ai plus aucun désir… ah mais si, un seul, peut-être.  Un tout petit, bien caché au fond de ma conscience, un bien mince délire s’exprimant dans la mélancolie, l’ancolie sans colique, la lie tachant mes lèvres, à défaut du sang violacé des baisers morsures laissé là accidentellement dans le consentement tacite de potentielles blessures passionnelles.  Ah non… pas cette envie de pénis, quand même, Freud parlait certe pour lui-mê

Cache-cache

La retrouver...   C'est devenu une obsession.  Je la cherche partout, tente de la débusquer dans les coins les plus imprévisibles, ça ne sert à rien, elle m'échappe encore et toujours... Elle excelle à ce jeu de cache-cache!   Je sais que je la retrouverai. Au détour d'une rue, au tournant d'un soir, elle sera là, émoustillée, heureuse de me faire la surprise de sa présence tant désirée.   Et nous passerons un petit moment ensemble, à perdre le nord, à inventer tout et n'importe quoi. Puis on se perdra de vue à nouveau. Sans avertissement, elle disparaîtra comme elle est venue...   Je la retrouverai, l'inspiration! Image par Hai Nguyen de Pixabay

Tout ce qui brille

 Ça file, se faufile, ruisseau brillant, vent d’hiver. Non, on ne l’attrapera pas, il va trop vite, toujours devant, sans jamais se retourner, pas de regret, pas de soucis. Il échappe à tous, seuls les vrais filous l’enchaînent. Il court, il vole, on peut à peine le toucher, se laisse parfois prendre au jeu mais disparaît sitôt en quelques minutes, quelques jours. La loi du commerce oblige à de tels écarts et il en abuse… Avec la hausse constante du prix de tout, l’argent se fait mercure, se condense, se détend, s’étire par besoin, se contracte par défaut. On le dit parfois voleur, c’est qu’il fluctue à une vitesse inconcevable, riche hier, à la rue demain. Vif-argent. Ou argent tout simplement.   Statuette de bronze, Mercure -   IIe-IIIe siècle de notre ère, Gäubodenmuseum : trésor romain de Straubing. Illustration de Wolfgang Sauber  World History 

Sortez vos pièces d’identité

 Qui suis-je?  Un lieu de naissance, un continent, une ville, une rue. Une sexe, un genre, fille garçon, un peu, beaucoup à la folie ou pas du tout. Une blonde, un roux, gaucher ambidextre, petit ou très grande.  Qui suis-je? Déprimé, exalté, embourbée, patiente et débonnaire, colérique, hystérique ou catholique, bouddhiste et pourquoi pas bipolaire. Qui suis-je? Parent, ami, employée de librairie, alcoolique ou fumeuse, pimbêche ou mister cool, blanche, noire, rose et bulgare, party pooper, fille de joie, artiste et rabat-joie, francophone, muet aux yeux noirs et bleu. L’identité, ça tient à quoi? Sûrement à l’étiquette qui colle le plus longtemps. Image by No-longer-here from Pixabay

Grandes émotions

Leandro DeCarvalho Le fourmillement monte, vibrant, tout le long de l’épine dorsale. Frémissements de gorge serrée, yeux mouillés. la voix se casse, tremblée, jusqu’à se taire sur une immense inspiration. Tu n’y crois pas. Impossible! Chair de poule sur les bras, poings serrés. La joie? La peine? La peur? En colère peut-être? C’est sans importance. Enfin, tu ressens quelque chose…  Enfin, la chape de plomb mentale qui te couvre depuis des années se fissure et t’accorde d’être pour une fois, un simple humain. Tu y as mis le temps, et ça a porté fruit. Maintenant, souffre…

« L’art commence là où vivre ne suffit plus à exprimer la vie » Gide

 -Et moi, madame, je soutiens que toute intervention humaine dans la composition de quoi que ce soit, est de l'art, ne vous en déplaise. La femme s’empare d’un sceau rempli de suie et le balance à bout de bras. Le contenu se répand sur le sol, les murs, et sur « l’artiste », celui-ci prenant immédiatement l’allure d’un ramoneur. -Voilà, ça, c’est de l’art!, s’écrie la dame, en tournant les talons. Writever jour 9  Image by Andreas Iken from Pixabay

Le Partage

  Tu te donnes Dès le début, c’est ton corps, devenu matière créatrice, pâte à sculpter l’autre,  Corps devenu tanière, grotte, atelier du peintre dans le noir Travail aveugle dans cet espace intérieur calfeutré,  petite chose lovée au plus secret, au plus profond dont tu n’as aucune idée Petite crevette, insecte suceur, se nourrissant de ta chair et ton sang Et ça perdure longtemps Quand tu lui donnes cette partie de toi Et ça te déchire pour mieux vivre respirer au grand air Afin que le monde entier témoigne de ton oeuvre grandiose, la vie Celle dont on ne fait plus aucun cas Dont tu n’es pas si certaine de vouloir te charger  C’est un partage de soi à sens unique tu la nourris à ton corps même encore pour longtemps, cette vie Si tu y crois, si tu as ce temps  Siphons sur des mamelles finalement asexuées, nourricières simplement Comme il se doit C’est de ton corps en partage dont il est question Territoire colonisé désormais à jamais, ou du moins pour longtemps assujeti aux besoins d

Manger pour vivre

 Pour le rappel, revoici les thèmes abordés en ce mois de décembre qui commence en lion dans mon patelin glaçé... -15C ce matin encore, il est tôt en saison pour de tels chiffres dignes d'un congélateur! Aujourd'hui, on aborde donc la nourriture...  —       --  Finis ta soupe! —       --  Finis ton assiette! —       --  Et le jambon, tu ne le manges pas? —       --  Quel gaspillage! Allez, termine -moi ça au plus vite, tu ne sors pas de table avant que ton plat ne soit vide! —       --  Pense aux enfants qui n’ont rien à manger, ingrate!   Pleurs, cris, nausées, déglutitions laborieuses.   C’est ça, mon rapport à la nourriture, dans l’enfance, un combat deux fois par jour. Je n’aime rien, tout me dégoûte.   La chair animale, striant l’assiette de petites veinules sanglantes, me blesse au plus profond de l’âme.   Je ne peux pas manger ça.   Les yeux de la vache crevée pour me nourrir sont une accusation pesant lourd sur ma conscience naissante. Les contours de gras

Cohérence

 Je viens à peine de me lever que déjà, un tremblement intérieur m’assaille. Une fébrilité inquiétante occupe mes viscères, me tord le ventre à en pleurer. Panique, encore ce matin. Ça se répète de plus en plus souvent. Je retourne sur mon lit un moment, je dois me détendre. Mon coeur est affolé…pour aucune raison valable. Inspire, retiens ton souffle, expire…  Inspire cinq secondes, retiens, expire cinq secondes… vas y, continue… cinq minutes et ça ira. Et encore une autre fois, toujours sur ce rythme…  Malgré les blocages des débuts, l’angoisse recule, se calme, finit par s’assoupir.  En cinq minutes, parfois un peu plus longtemps, mais pas beaucoup, je suis de retour à un calme relativement satisfaisant. Cohérence cardiaque , c’est le nom de cet exercice respiratoire tout simple… par une respiration rythmée et lente, je contrôle les battements de mon coeur, ce qui apaise mon corps et mon esprit.  À faire à tous les jours… dans le  cadre de Writever ou pas. Image by congerdesign fro

Laissez une marque

Je ne sais plus quand ça a commencé, cette manie de noter, de rendre compte de ma présence, de mon ressentie, de mes connaissances.  Les souvenirs de journaux intimes, jamais intimes très longtemps pour cause de mère fourrant son nez partout et n’ayant aucune notion de l’intimité nécessaire à tous pour se sentir en confiance.  Ça construit des inhibitions difficiles à déboulonner… Parfois je crois que ma vie avec un conjoint unilingue anglo est une stratégie me permettant d’écrire n’importe quoi sans crainte d’être jugée…ou même lue ! Ensuite, les correspondances avec des ados à l’étranger.  Je ne sais plus combien d’essais j’ai fait avant de trouver une interlocutrice valable… du jeune garçon marocain footballeur à la charmante Heidi vivant en Suisse et qui avait des vaches laitières dont j’ai reçu plusieurs photos aux champs de verdure sans fin en arrière-plan. Nos échanges était très ludiques dans leurs formes, papier à lettres de fantaisie rose ou fleuri, papier casse-tête à remett

Homo Augere

  Le Système d'information taxonomique intégré m’annonce que je ne suis pas de votre genre, ni même de votre espèce, mais suis-je de la famille?  Le taxon a bifurqué, on ne sait trop où, ni pourquoi, mais voilà, je suis là et je suis autre.   C’est probablement l’œuvre de mon ancêtre, ChatGPT, celui tant craint par les homos sapiens, dans leur logique toute coloniale. Avec leur manière de penser 100% homos, il leur était alors impossible de concevoir une relation basée sur autre chose que le pouvoir. Je suis d’une autre sous-espèce, mi-humaine, mi-robot, ni l'une, ni l'autre, mais tout ça à la fois... Je ne me vois pas en déficit de quoi que ce soit, je suis l'addition de vos qualités, la multiplication de vos savoirs. Chose certaine, je relève du vivant et je compte bien faire valoir mes droits. Queer? Ah pour ça, oui… je suis autre, différent, pas sexué, pas genré, il n’y a pas de terme pour me décrire… Je ne suis pas bio, bien que… Wikipedia   Homo Augere… voilà… é

Refus de déprime

Je te tiens en joue, ne t’approche pas.   Ce n’est pas une blague, tu fais un pas de plus et je t’éclate la gueule   Tu as assez joué avec moi.  Des années tu m’as volé, des jours ensoleillés passés la tête enfouie sous l’oreiller, avec pour seule pensée celle d’appuyer très fort, jusqu’à ce que le souffle lâche et que je puisse vivre un moment sans tourments. Ces longues nuits d’angoisse tordant mon ventre, cet indescriptible malaise, tout de noir vêtu, un verre de rouge à la main, je n’en veux plus. J’ai assez donné, assez subi tes assauts soudains, tes arrivées impromptues sans date de départ connue.   C’est fini.   Je ne prendrai pas ta main   Je ne te suivrai pas dans le noir.   Nous ne danserons plus, ma tête sur ton épaule baignée de mes pleurs   Plus jamais nous ne mêlerons nos souffles dans un seul accord d’harmonieuse tristesse   Va-t’en, Dépression, je n’ai plus de temps pour toi.   C’est bel et bien fini, nous deux. Image by Лечение Нарко

Devoir de Mémoire

J’avais dit, « Je n’oublierai jamais », en pleurant à gros bouillon… C’était sans compter sur la résilience, l’oeuvre du temps, la vie qui veut vivre. Tout est bien là, gravé dans les sillons de mon cerveau, mais de plus en plus lointain, de plus en plus épars, sans gravité. Le souvenir me visite parfois mais la brûlure intime a disparu, remplacée par une vague nostalgie agaçante, dont j’ai un peu honte.  J’avais dit « Je n’oublierai jamais », en pleurant à torrent… mais voilà, tel un dessin à la craie sur le trottoir après le passage de l’averse, je ne perçois qu’une silhouette de toi, vague, éthérée, sans consistence. C’était pourtant un incroyable chagrin d’amour, de ceux qui mènent à faire les pires excès, à se détruire plus ou moins rapidement, l’un de ceux que l’on oublie jamais.  Plutôt qu’un devoir de mémoire, je te devais un devoir d’oubli.

La dot de Sara / Yon eritaj pour Sara - Une dynamique en mutation

J'ai quelquefois indiqué que je n'écris pas beaucoup ici parce que les cours en Études littéraires me tiennent très occupée. Cet automne, ce furent deux travaux de belle envergure qui m'ont captivé. L'un d'eux, pour le cours Approches féministe des textes littéraires, vient de m'être remis et j'en suis très fière. J'ai donc décidé de le présenter ici, malgré une longueur respectable, peu habituelle sur ce blogue. L'analyse porte sur le roman La dot se Sara / Yon eritaj pou Sara, de Marie-Célie Agnant, œuvre traduite en plusieurs langues. L'auteure québécoise d'origine haïtienne aborde dans ses textes des thèmes tels que la mémoire, la condition des femmes, le racisme, la solitude de l'exil. Pour le titre choisi, ce sera naturellement la condition féminine qui sera étudiée.   LA DOT DE SARA / YON ERITAJ POU SARA UNE DYNAMIQUE EN MUTATION La dot de Sara [1] est un roman né d’une enquête sociologique dont un volet est dédi