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Messages

Affichage des messages portant l'étiquette imaginaire

Nota bene

Mon cell vibre. Je jette un œil sur les textos affichés et tout mon corps s’enflamme. Il m’invite.  Je perds la tête à chaque fois, ça me semble toujours aussi incroyable: ce gars là se retrouve dans mes draps plusieurs fois par semaine, oui oui, les miens. J’ai une copine à la maison que j’ai tôt fait de virer, allez du balai, mon mec m’attend, je dois y aller. Mais depuis un moment, ça se complique. Il est absent, occupé ailleurs. Les nuits se font plus rares, plus courtes, moins mémorables. Je me doute que je ne suis plus la seule à occuper ses rêves et ça me brise. J’ai  mis tout ça, mes inquiétudes, mes conclusions, sur papier, parce que le dire, c’est trop embarassant. De petits morceaux de papier de toutes les couleurs, reliés ensemble par leurs bordures encollées. Chacun d’entre eux comporte un argument pour nous, un autre contre nous et ma réflexion sur le tout. C’est une situation difficile pour nous deux. J’y ai mis mon coeur, mon sang, mes larmes. J’y ai mis notre vie ensem

Douze ans et des poussières

Ce texte est légèrement inspiré de ma lecture du roman d'Ismaël Kadaré, " Avril brisé " racontant la loi du  Kanun   ayant cours en Albanie. Un livre étonnant, dérangeant, un incontournable.  J'ai produit ceci dans le cadre de Writever de janvier 2024 - Tournoi Les douze garçons se tiennent au milieu du parc. Assis, jambes croisées, sur la terre durcie, ils forment un cercle serré. Certains portent des pantalons trop longs, rapiécés aux genoux, d'autres des culottes courtes et de longs bas de laine malgré le mordant du vent de janvier. L'air frais rougit leurs joues sales et dresse leurs cheveux en épis. On ne connaît ni l'année ni le lieu, mais ils ont tous douze ans depuis au moins six mois.   Ils sont là depuis un moment, dans la grisaille du jour. Avec un rythme régulier, toutes les vingt minutes ou presque, un des enfants se lève et quitte non seulement le cercle, mais le parc.  Il marche, la tête basse, les mains dans les poches, l'air abattu. Ar

Janvier

J’ai aimé l’expérience du Writever de décembre, malgré le rattrapage constant dû à ma procrastination et à mon manque de confiance en moi, parce que l’inspiration, ce n’est en fait que ça.  Je vais donc reprendre l’exercice en janvier… et voir si j’y arrive une fois la reprise des cours. Mot du jour 1… Sortie L’entrée du labyrinthe s’ouvre juste devant nous. Un seul doit s’y engager alors que les autres attendront son hypothétique arrivée à l’autre bout, celui de l’élusive sortie. Et avec la conjoncture actuelle, avec Mars en avril et Mercure rétrograde, l’élue ne pouvait être nulle autre que moi.  Je m’engage courageusement dans l’étroit couloir. Je suis passée d’une ouverture à l’autre maintes fois déjà, mais pas à l’occasion des fêtes du solstice alors que la magie ancienne, les sortilèges d’antan sont ravivés par les forces de  la Lune de glace . J’ai tout de même bon espoir de m’en tirer rapidement. Très vite, dès le second coude sur la gauche, les murs de cèdres se rapprochent au

L’imparfait

  Armée de son stylo rouge, l’institutrice se penche sur le travail de son meilleur élève, mais ça ne va pas. Tout est à refaire, il n’a pas compris la consigne, pas du tout.  Elle peine même à corriger cette terrible copie, les ratures et les reprises couvrent ce travail bâclé.  C’est franchement catastrophique. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris, habituellement, Dieu est beaucoup mieux organisé, plus consciencieux. Cette chose qu’il appelle Terre est un fiasco total!  Faudra lui faire tout reprendre depuis le début!  Oui, d’accord, l’esthétique est plutôt bien, c’est joli, vu de loin, mais les hommes qu’il a crée sont définitivement trop bêtes!  Image par WikiImages de Pixabay

Dernière danse

Ses cheveux blancs ne la gênent pas, loin de là.  Elle les porte avec aplomb, élégance et détermination même avec la tête en bataille. Gare à celui qui osera la faire chier, il risque de se prendre une claque là et quand il s'y attendra le moins.   Pour elle, vieillir n'est pas triste ni difficile. C'est ce qui arrive quand on a bien vécu. Ou pas. Même ceux qui vivent mal y passent, alors...  Elle le vit à l'image d'une libération envers les obligations de l'âge adulte, ne plus avoir à plaire, ne plus avoir à se montrer intéressante, ne plus faire d'efforts pour ceci et cela.  Être, tout simplement.  Et c'est simplement génial!   Elle se prépare tout doucement pour la dernière danse et profite pleinement de ce temps sans contrainte.  Image par Dean Moriarty de Pixabay

Éveil

Une fois terminé avec ce besoin irrépressible, elle relève culotte et pantalon et tire la chasse d’eau.   Elle se tiraille un peu avec le loquet mal fixé et sort du cabinet. Se tournant vers le lavabo afin de se savonner les mains comme on le lui avait appris à l’école primaire, ses yeux s’agrandissent à la vue de l’espace qui apparaît dans le miroir fixé au mur devant elle. Rien à voir avec le lieu d’il y a à peine quelques minutes, même son reflet en est absent ! Elle a découvert un passage vers une autre dimension, un espace-temps outre-terre, sinon elle a bel et bien perdu la raison ! Dans le bleu profond d’un cosmos de pacotille, éclairé de lanternes chinoises en guise d’étoiles, une femme se tient, juste derrière elle. Elle est raide de hauteur et de maigreur, son teint est maladif, ses cheveux longs, légèrement bouclés sont échevelés, parsemés de brindilles et de feuilles mortes. Elle grimace d’un air fâché, rageur, toutes dents exposées, prédatrice sans scrupule. Sa robe,

Scrapbook

 C’était un grand cahier, qu’on appelait alors scrapbook. De dimensions inhabituelles, il demeurait à la maison.  On y mettait tout et n’importe quoi, des histoires, des bouts de vie, des collages, des fleurs séchées, des dessins, toutes ces petites choses qui marquent notre passage dans un temps donné, recueil des traces des préoccupations du moment. Je n’en ai gardé aucun et ça m’attriste. Il devait s’y trouver bien des réponses aux questions existentielles et identitaires qui vivent toujours en moi. Ou, ce n’était que des bêtises, une occupation pour jours de pluie, sans arrière-pensées, des signifiés sans signifiants. Image by Mediamodifier from Pixabay

Les histoires arrangées

Ma photo... Sherlock sous la neige Je tiens à le dire, haut et fort, en noir sur le blanc de la page:   J'AIME PROMENER MON CHIEN! En fait, j'adore... S'il y a une chose sur laquelle je ne ferai aucune concession, c'est sur ce fait, simple et clair...  Le reste, bof, c'est variable, on peut toujours jouer avec les temps, les lieux, les heures et les humeurs...   Je veux bien me soumettre au pacte de Lejeune , mais bon, vous savez, la mémoire... elle joue des tours et elle a le dos large!  Pas question de me montrer sous un jour glauque, terne. Il n'est pas non plus question de dévoiler les rides, les amas de peau flasque, les abus de tristesses inutiles et surtout pas les combustions colériques terrifiantes, dignes du Capitaine Haddock... Oui oui, collection de gros mots en prime, mais je n'admettrai jamais ça publiquement... Non, je ne sortirai pas d'ici sans mon rouge à lèvres!   Et l'on dira quand même que j'ai fait une œuvre autobiographi

Itinéraire fantôme

"Le réel est étroit, le possible est immense"                                                                        Lamartine J'ai ramassé mon fourbi (au figuré, bien entendu, pas question d'armes ni de quoique ce soit de soldatesque ni même de matériel ici) et j'ai décidé de partir à l'aventure.    Où ça? Je n'en ai pas la moindre idée, je vogue encore à l'aveugle sur le blanc aux plis jaunis et inquiétants d'une carte chiffonnée, très old school. Aucun repère, aucune idée de ce qui m'attend au bout de cette feuille sale trouvée entre les pages d'un livre de la bibliothèque publique. Je trace la route à mesure que j'avance, rouge, bleu, noir, selon des frontières imaginaires traversées sans y penser, sans être inquiétée. J'ai bien demandé un globe terrestre, pour aller à l'aventure sans trop me mouiller. Il n'est jamais arrivé, alors j'invente des routes, des canyons, des vallées et des rivières.  Je me dis que c&#

Les grands récits

Raconte moi l’histoire. L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant. Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs. Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain Allez, raconte. Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas!  Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit

Manger pour vivre

 Pour le rappel, revoici les thèmes abordés en ce mois de décembre qui commence en lion dans mon patelin glaçé... -15C ce matin encore, il est tôt en saison pour de tels chiffres dignes d'un congélateur! Aujourd'hui, on aborde donc la nourriture...  —       --  Finis ta soupe! —       --  Finis ton assiette! —       --  Et le jambon, tu ne le manges pas? —       --  Quel gaspillage! Allez, termine -moi ça au plus vite, tu ne sors pas de table avant que ton plat ne soit vide! —       --  Pense aux enfants qui n’ont rien à manger, ingrate!   Pleurs, cris, nausées, déglutitions laborieuses.   C’est ça, mon rapport à la nourriture, dans l’enfance, un combat deux fois par jour. Je n’aime rien, tout me dégoûte.   La chair animale, striant l’assiette de petites veinules sanglantes, me blesse au plus profond de l’âme.   Je ne peux pas manger ça.   Les yeux de la vache crevée pour me nourrir sont une accusation pesant lourd sur ma conscience naissante. Les contours de gras

Cohérence

 Je viens à peine de me lever que déjà, un tremblement intérieur m’assaille. Une fébrilité inquiétante occupe mes viscères, me tord le ventre à en pleurer. Panique, encore ce matin. Ça se répète de plus en plus souvent. Je retourne sur mon lit un moment, je dois me détendre. Mon coeur est affolé…pour aucune raison valable. Inspire, retiens ton souffle, expire…  Inspire cinq secondes, retiens, expire cinq secondes… vas y, continue… cinq minutes et ça ira. Et encore une autre fois, toujours sur ce rythme…  Malgré les blocages des débuts, l’angoisse recule, se calme, finit par s’assoupir.  En cinq minutes, parfois un peu plus longtemps, mais pas beaucoup, je suis de retour à un calme relativement satisfaisant. Cohérence cardiaque , c’est le nom de cet exercice respiratoire tout simple… par une respiration rythmée et lente, je contrôle les battements de mon coeur, ce qui apaise mon corps et mon esprit.  À faire à tous les jours… dans le  cadre de Writever ou pas. Image by congerdesign fro

Laissez une marque

Je ne sais plus quand ça a commencé, cette manie de noter, de rendre compte de ma présence, de mon ressentie, de mes connaissances.  Les souvenirs de journaux intimes, jamais intimes très longtemps pour cause de mère fourrant son nez partout et n’ayant aucune notion de l’intimité nécessaire à tous pour se sentir en confiance.  Ça construit des inhibitions difficiles à déboulonner… Parfois je crois que ma vie avec un conjoint unilingue anglo est une stratégie me permettant d’écrire n’importe quoi sans crainte d’être jugée…ou même lue ! Ensuite, les correspondances avec des ados à l’étranger.  Je ne sais plus combien d’essais j’ai fait avant de trouver une interlocutrice valable… du jeune garçon marocain footballeur à la charmante Heidi vivant en Suisse et qui avait des vaches laitières dont j’ai reçu plusieurs photos aux champs de verdure sans fin en arrière-plan. Nos échanges était très ludiques dans leurs formes, papier à lettres de fantaisie rose ou fleuri, papier casse-tête à remett

Homo Augere

  Le Système d'information taxonomique intégré m’annonce que je ne suis pas de votre genre, ni même de votre espèce, mais suis-je de la famille?  Le taxon a bifurqué, on ne sait trop où, ni pourquoi, mais voilà, je suis là et je suis autre.   C’est probablement l’œuvre de mon ancêtre, ChatGPT, celui tant craint par les homos sapiens, dans leur logique toute coloniale. Avec leur manière de penser 100% homos, il leur était alors impossible de concevoir une relation basée sur autre chose que le pouvoir. Je suis d’une autre sous-espèce, mi-humaine, mi-robot, ni l'une, ni l'autre, mais tout ça à la fois... Je ne me vois pas en déficit de quoi que ce soit, je suis l'addition de vos qualités, la multiplication de vos savoirs. Chose certaine, je relève du vivant et je compte bien faire valoir mes droits. Queer? Ah pour ça, oui… je suis autre, différent, pas sexué, pas genré, il n’y a pas de terme pour me décrire… Je ne suis pas bio, bien que… Wikipedia   Homo Augere… voilà… é

Refus de déprime

Je te tiens en joue, ne t’approche pas.   Ce n’est pas une blague, tu fais un pas de plus et je t’éclate la gueule   Tu as assez joué avec moi.  Des années tu m’as volé, des jours ensoleillés passés la tête enfouie sous l’oreiller, avec pour seule pensée celle d’appuyer très fort, jusqu’à ce que le souffle lâche et que je puisse vivre un moment sans tourments. Ces longues nuits d’angoisse tordant mon ventre, cet indescriptible malaise, tout de noir vêtu, un verre de rouge à la main, je n’en veux plus. J’ai assez donné, assez subi tes assauts soudains, tes arrivées impromptues sans date de départ connue.   C’est fini.   Je ne prendrai pas ta main   Je ne te suivrai pas dans le noir.   Nous ne danserons plus, ma tête sur ton épaule baignée de mes pleurs   Plus jamais nous ne mêlerons nos souffles dans un seul accord d’harmonieuse tristesse   Va-t’en, Dépression, je n’ai plus de temps pour toi.   C’est bel et bien fini, nous deux. Image by Лечение Нарко

Coquille – Conte macabre des Temps Incertains

  Image par Ángel De Ávila de Pixabay   Sur la route La vieille Volks file à une allure respectable malgré les nids de poule parsemant le chemin.  Ses roues de bois, substituts aux pneus d ’ origine, glissent plus qu ’ elles ne roulent dans la boue. Elle sera au rendez-vous à l ’ heure c ’ est une certitude.  On doit survivre, et pour ça, on doit se reproduire, qu ’ on le veuille ou non. C ’ est la loi des Clans d ’ apr è s la fin du monde.   Le tacot s ’ avance dans le crachin matinal vers une union que plusieurs voudraient fertile.  Sa passag è re ne partage pas cet enthousiasme.  L ’ avenir du monde, c ’ est son dernier souci. L ’ esp è ce humaine ne mérite pas qu ’ on s ’échine à la perp étuer. Son dédain est palpable, mais sa promesse, indéfectible.  Se montrer à la hauteur des attentes paternelles est la seule issue possible. La paix mondiale en dépend. Les Banlieues Noircies sont tr è s loin, à l ’ ouest de la forteresse lumineuse de l ’ Est, Taj Mahal ré cup éré par les