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Messages

Affichage des messages du 2019

Se refaire un portrait

Courts textes de mise en situation écrits au Musée des Beau-Arts de Montréal, d'après les suggestions de Johanne Jarry dans le cadre de l' Atelier du temps du 6 octobre 2019.  J'ai adoré cet atelier et compte bien poursuivre mon expérience. Me composer en tant que paysage                 Dénudée, je gis là, offert à tous. L’étendue sablonneuse couvre tout ce que l’eau laisse voir. Pas d’arbre en vue. Tachée d’indigo et d’ocre, je tressaute, venteuse. Je tente tant bien que mal de rassembler ces nuages rosâtres en un ensemble cohérent, menaçant, tempête oblige. Je les colore donc, de soufre et de charbon, de foudre et de statique. Les vagues me bercent, j’exagère la cadence, la force en tournoiement. Je gicle dans l’air humide et chaud. Ça souffle en moi, ça crache — le vent, l’ouragan, la colère, sans pitié comme sans répit. Face voilée d’ombre, je me cache dans la nuit pour mieux frapper les esprits. Demain,

Pina Colada !

— J'ai tout vu... tout vu! Ils sont tous tout nu ! Bravo! — Mais où ça, tu dis ? — Mais à la maison, là, tout droit, va, va !! Tu y vas ou pas ? — Où ça, dis-moi ? — Mais à la maison, moribond! Pas au palais royal, y a pas d’amis, là-bas...! — Oui, oui... mais là aussi... À Cuba, tous tout nu, parfois… — Oui, Cuba parfois mais pas aujourd’hui ! Là-bas au fond, tu vois ? Au fond du cabanon du jardin pas cubain. Là où son bikini Prada à pois lapis-lazulis mini mini à l’air tout riquiqui sur un tapis sans rapport aucun aux gris-gris d’Africains du Nord ou du Sud, un choix par droit à la colonisation bidon franchouillant, y a tout ici. — Futur trauma, tu crois? — Vois-tu là non plus, aucun souci. On vivra alors la transsubstantiation par la prostitution à califourchon, galvanisant au fluor d’antan, mâchant nos provisions dans l’autosatisfaction, coït-coït. Sinon, tu sais, qui vivra aussi mourra, y a ça. — Y aura-t-il aussi la tradition multifonction du gourmand dans

Le beurre de peanut, drame en un acte et demi, inachevé

—Ah non, y a pu de beurre de peanut! —Comment ça, pu de beurre de peanut?   J’en ai acheté un pot géant samedi passé!   Je peux pas croire qu’y est déjà vide!   —Bin, y est pas là!! —Belle gang de cochons, j’en reviens pas!   C’est la même histoire depuis deux-trois semaines!   Aussitôt acheté, aussitôt vidé! Vous faites quoi avec le beurre de peanut, vous vous en crémez le corps au complet?   Je vois même pas les pots vides! La chaise de cuisine manque de s’écraser sous le découragement de la pauvre mère. Les portes d’armoires claquent à la volée sous les assauts répétés d’un adolescent au regard égaré de celui qui n’a rien mangé depuis des jours.   Malgré ses efforts, le même drame se rejoue sans fin : Y a pu de beurre de peanut! Dans le couloir ensoleillé, un petit bonhomme d’à peine six ans tend l’oreille, l’air inquiet.   Sa frimousse aux joues rebondies luit de saleté poisseuse. Ses pieds le mènent, mine de rien, vers la porte, les bras croisés sur un gros pot de be

May the fourth be with you

—Beeep---- bling beeeppp--- plong beepBling---- Plusieurs mètres au-dessus du lieu choisi, notre AquaRoverPlane s'éjecte de la capsule spatiale. Après plusieurs culbutes phénoménales, XD9-Bling de La Plong retrouve son socle.   Notre véhicule cabossé repose sur un sol gris de matière inconnue, défoncée, cabossée.   Aucune cartographie n’existe pour trouver cet itinéraire qu’il nous reste à inventer.   Nous mènera-t ‘il ici où là? Nul ne le sait, pas même XD9 aka Monsieur Bing de la P. et parfois, dans l’urgence, Bing tout court, lui qui ordinairement, a réponse à tout.   Nous sommes bien embêtés.   Notre plan promettait un amerrissage en douceur, et nous voilà sur un sol trop ferme, nos métallos tous ébranlés! —Beeep---- bling beeeppp--- plong beepBling---- La pauvre conserve en a perdu la parole. Ahahaha!!! Ses boulons, blêmes de terreur, ont les écrous à moitié dévissés.   Mon cher Bing a besoin d’un tournemain , mais ça devra attendre.   Déterminons tout d’abord où nou

Le mystère Emmy Englehart ou comme disent les Anglais, One more death at Beachy Head, une enquête de Dejanire Leeky

De la craie à perte de vue. Un rêve d’institutrice.   De bas en haut, oui oui, très haut! Cent soixante-deux mètres de craie au-dessus du niveau de l’ardoise liquide, visible au loin, à gauche, à droite, partout à en perdre le nord. Blanc ivoirien crevant les yeux sur fond de gazon dru poussant sur la gauche. Terrain de golf rêvé, dix-huit trous et plus, gracieuseté de la pluie et des lapins. Au loin, quelques taches vives de myosotis boutons-d’or, signaux lumineux d’une nature toujours joyeuse, indifférentes au climat du jour et à l’air du temps. Une odeur sulfureuse remonte le long des escarpements. Mêlée à celle de l’ozone, elle étourdit et ravit tout à la fois, annonciatrice de qui se trame au-dessus de nos têtes et sous nos pas. Une rumeur l’accompagne, parfois clapotis, soudain fracassements. C’est le va et vient de l’océan, très loin tout en bas, étirant à droite toute, sa gamme d’indigos et de cobalts, infini frangé d’un blanc d’écume mousseuse sur une triste plage

T'es qui, toi?

Dans cet exercice, nous devions faire connaître le personnage d'un cours texte par sa voix, sans le nommer, ni le décrire expressément.  C'est un exercice très intéressant et étonnant car il se passe des choses imprévisibles quand on s'y met.  Le personnage prend forme,il se dégage par ses actions, sa parole, ses réflexions... On le choisit oui, mais il peut très bien faire à sa tête ensuite et nous surprendre de multiples façons! Voici donc ce personnage..        Eille, c’est haut une montagne, ça prend du temps pour se rendre sur le tout petit bout pointu proche des nuages.   On devrait voir plein d'oiseau une fois la-haut!          Sauter dans les flaques d’eau sale de bouette, c’est le fun !!   J'ai trouvé plein de belles petites roches sur le chemin, je les aime bien les petites roches, sauf quand elles roulent en dessous de mes running chou pis que je me tords les pieds. Ça fait mal, se tordre le pied, pis des fois ça fait mal très longtemps.  Y a

Long time no see

Ce fut un long et dur hiver.  Nous avançons lentement vers le redoux, mais le mouvement est ralenti par des neiges annoncées, des lourdeurs imprévues. J'ai lâché mes cours pour cause d'écoeurite aïgue et même si parfois j'ai une sensation de regret qui se pointe, je la tasse vite pour me remettre en tête les multiples frustrations de ce second semestre.  J'ai envie de m'amuser, je suis assez vieille pour faire ce que je veux et voilà.  Je ne m'amusais pas.  Il n'est pas dit que je n'y reviendrais pas un jour, mais cette session d'hiver, de froid et de soir, de par coeur et de grève a eu raison de mon intérêt. J'ai quand même écrit durant ce semestre et des trucs que je trouve assez bien.  Si on me demandait mon avis sur le certificat de création littéraire, je suggérerais que des ateliers et rien d'autre.  C'est là qu'on pousse nos limites, qu'on échange et qu'on avance. Voici donc le premier texte écrit en janvier.  Dép

Les jours se suivent

Autre session, autres écrits.  Cette fois, les consignes sont multiples, il y a un thème (décrire un sentiment sans le nommer) et on doit jouer avec les signes et ce sur une page... 300 mots max!. Je suis pas très à l'aise dans cette classe qui est si différente de la précédente.  Toute ma belle gang d'allumés du clavier, sauf un, sont dans l'autre groupe.  Je vis ça comme un exil, pis c'est ben de ma faute!  Je voulais ce prof là pis je l'ai bon... faut que je vive avec maintenant, même si l'adaptation est difficile.  Nous travaillons la ponctuation et c'est intéressant de voir tout ce qu'on peut obtenir d'un texte en changeant des virgules pour des tirets ou des points par des blancs.  J'aime le travail fait en classe, les modifications en temps réels, drette devant ma face, parce que moi toute seule dans mon coin, je vois rien. Je deviens inerte.  Aveuglement pas volontaire, je vois juste rien de ce qui pourtant saute aux yeux quand c'es

Scarabaeidea

Voici enfin mon second texte présenté en Atelier d'écriture au semestre dernier.  J'ai reçu la correction ce soir et je suis encore une fois très satisfaite du résultat obtenu, encore un B+ avec des commentaires très intéressants.  Il faut absolument que je trouve comment identifier ces fameuses prises en charge qui me donnent tant de fil à retordre, mais je crains bien être devant un problème de langue de bois, le vocabulaire utilisé lors des corrections m'est assez étranger et je n'ai pas vraiment pris le temps de faire les recherches nécessaires pour m'y retrouver.  Didascalie, ça vous dit quelque chose?  J'ai dû chercher dans le dictionnaire pour savoir de quoi il retourne et malgré la définition assez claire, je n'arrive toujours pas à identifier ces passages dans mes écrits.  Ça viendra peut-être...  Assez de bavardage, voici le texte... Scarabaeidea —Faudrait que tu viennes là, Emmanuel! Écoute, j’en arrache pour vrai, je tiens pratiquemen