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Thérapie

Image par Kateřina Hartlová de Pixabay

L'homme bedonnant tirait sur son cigare, malgré l'affiche Défense de fumer grosse comme une maison sur le mur devant nous.

Il y allait de son soliloque grandiloquent.... pas le choix de l'écouter, nous étions seuls dans la salle d'attente. 

- Ah bien sûr que les thérapies ont du bon! Tout le monde bénéficie d'une ouverture à l'autre reçue dans la compréhension et l'empathie! 

Par contre, soyez prudent, un danger guette celui qui se présente avec un problème d'adaptation à résoudre... La thérapie cause parfois l'inhibition du ressenti. Ça amène la perte de la possibilité de se laisser aller, ce qui pourrait permettre une réactivation du comportement qu'on a travaillé si fort à annihiler...

Prenez la colère, par exemple...On vous aide à la canaliser, à en faire autre chose... mais elle ne trouve plus à s'exprimer, alors qu'elle est bien là... Elle est détournée, transmuée, elle devient art, exercice physique, elle s'éclate dans le ménage ou ailleurs, mais ne tentez pas de la dire... elle ne sortira pas au grand jour sous son apparence habituelle... 

Ah non, plus de grands cris, aucune grande démonstration du cœur bafouée, la déception ne s'exprime plus par cette voie excessive, qui pourtant faisait bien le boulot.  Non, on se tait, car on a réalisé que ça ne servait à rien.  

La colère passe sur le dos des cons comme l'eau sur les plumes d'un canard.  On a beau la dire détresse, ces derniers ne voient que l'apparence...alors voilà, on la tait...et étonnamment, on ne la ressent même plus! 

Je ne pouvais qu'acquiescer à ses mots, je vivais moi-même ce silence intérieur. Devant l'absurdité du monde, je n'éprouvais plus aucune émotion, seul un immense découragement m'habitait. 


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