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Messages

Affichage des messages portant l'étiquette métro

Les grands récits

Raconte moi l’histoire. L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant. Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs. Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain Allez, raconte. Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas!  Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit

Grandes émotions

Leandro DeCarvalho Le fourmillement monte, vibrant, tout le long de l’épine dorsale. Frémissements de gorge serrée, yeux mouillés. la voix se casse, tremblée, jusqu’à se taire sur une immense inspiration. Tu n’y crois pas. Impossible! Chair de poule sur les bras, poings serrés. La joie? La peine? La peur? En colère peut-être? C’est sans importance. Enfin, tu ressens quelque chose…  Enfin, la chape de plomb mentale qui te couvre depuis des années se fissure et t’accorde d’être pour une fois, un simple humain. Tu y as mis le temps, et ça a porté fruit. Maintenant, souffre…

Petites violences d’un vendredi ordinaire

Étendu de tout son long,  son corps occupe tout l'espace central du wagon. Les baskets rouges vibrent de vie alors que le corps est immobile, pas même un semblant de souffle ne s'en échappe. Difficile de dire s'il est vivant.  Un employé à l'air revêche, agaçé se tient près de la tête effondrée. Le tout est impersonnel, juste un jeune corps étendu sur le plancher cahotant du wagon de métro.  Business as usual .   Tout mon être réagit.  Mais aidez-le à se relever, libérer un siège, faites-le s'asseoir! Tendez une main, ne restez pas là à rien faire! C'est tellement déshumanisant, la révolte me serre la gorge. Ce jeune homme a des parents quelque part, il mérite mieux que ça.  L'homme portant le badge de la compagnie de transport cousu à sa chemise explique que c'est un problème de drogue....   So what ? Est-ce que ça implique de le traiter comme un déchet, de le laisser au sol comme un emballage souillé? La drogue, elle ne s'impose pas seule, elle arr