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Messages

Affichage des messages portant l'étiquette fiction

Un autre atelier d’écriture - La banalité d’un moment

 La pluie fouette l’air, de plus en plus fort, sans répit. Résignée, tel l’arbre secoué par la tempête, je me prépare à quitter la maison. Pas encore sortie et j’ai déjà froid. J’appréhende le moment où la cible de cette fureur aqueuse sera mon visage. La veste tombe du placard dans mes bras, se glisse sur mes épaules, me couvre le dos. Les boutonnières rencontrent leurs boutons en ordre strict et montent de la ceinture à mon cou, dociles. Je ne veux sentir aucun courant d’air. Le ciré jaune canard me couvre entièrement, les manches trop longues m’agacent, mais je ferai avec, les roulant vers l’intérieur afin de dégager mes poignets, et je répéterai la même chose à la prochaine pluie.  Je ne pense jamais à faire l’ajustement au retour, trop heureuse de rentrer. Le capuchon est aussi un peu trop lâche, il me tombe sur les yeux, mais c’est ça ou je finirai trempée comme un craquelin dans une soupe. Je me coiffe donc du petit Kango multicolore, plus seyant, mais moins efficace, m...

À la manière de Etel Adnan - Atelier LV du 14 septembre

  Etel Adnan , femme poète et peintre libano-américaine a écrit des unités poétiques faites d'affirmations autour de thèmes divers. Ça donne des textes plutôt éclatés, quelque peu énigmatiques... je ne sais pas si je respecte les deux thèmes à intégrer, mais mon texte m'étonne moi-même par ce qu'il insinue. C'est un exercice un peu terrifiant, puisque ça va dans tous les sens, l'inconnu est invité et ne se prive pas de se faire sentir...  Alors voilà...    Le chien et la liberté   Quand on regarde au fond des yeux d’un chien On voit tous les espoirs du monde s’échapper Quand on regarde au fond du cœur d’un chien Une liberté étiolée vécue à bout de chaîne apparait   * La mer s’étend Et lèche nos larmes d’une langue intéressée, curieuse La mer s’entend Fuite, égarée dans la nuit, vitesse réglée sur celle du sang courant dans nos veines Monte à l’assaut du sommet du monde   * Fouillis vertical valant bien tous les accents g...

Passage à vide, mais je récupère - L. Vazquez, Atelier du 7 septembre

 Le déménagement a bien eu lieu et nous avons été fourbus pour un très long moment. Nous ne sommes cependant pas au bout de nos peines, des travaux de peinture intérieure auront lieu dans quelques jours...et j'ai bien hâte d'en avoir fini pour vrai de vrai. Les cours ont repris... j'ai eu une première classe sur l'oeuvre de Léonora Miano. Ça promet d'être vraiment intéressant, mais en même temps, vraiment prenant pour ce qui concerne les lectures, le temps de travail hebdomadaire. J'ai aussi assisté au premier cours sur les Formes et fonctions du spectacle vivant avec pour enseignant Gilbert Turp, cours qui promet d'être vraiment dynamique et très peu conventionnel. J'ai fait une première lecture de théatre, une oeuvre de Goldoni, que j'ai aussi pu regarder sur la plateforme " madelen streaming par l'INA ", qui offre, en ligne, une sélection de pièces de théatre, films plus anciens, classiques, incontournables, introuvables ailleurs. J...

Writever 30 - Chronomètre

  Une fois le bouillon consommé, Hier s’aperçut soudainement de l’horreur de son comportement. Les vies perdues, les dévastations sur des kilomètres lui apparurent dans toute leur terrifiante réalité Il eut très honte de son manque de maturité et s’empressa de rejoindre le néant de l’Histoire avec un grand H, là où tous les Hier sont rassemblés dans l’espoir qu’un jour, quelqu’un se souvienne et arrête enfin la roue du temps. Ses successeurs feront probablement un peu mieux mais il en doute. Les cœurs brisés sont reconnu pour oublier tout savoir-vivre et se conduire n’importe comment, se mettant, eux et les autres, en dnger,  à risque de disparaître.  C’est dans une chorégraphie spontanée, réglée au quart de tour même en l’absence de chronomètre que tous les animaux retournèrent dans leur quartier respectif et qu’Ava prit enfin la route vers une autre forêt. Le grand rassemblement était proche et c’est l’occasion rêvée pour faire connaître son travail sur les gri-gris, le...

Writever 29 - Rythme

 Hier marmonne dans son sommeil. Ava a brisé le fétiche en menus morceaux et les mêle à l’hydromel. Le kaolin, servant de liant, se liquéfie. Les éléments moulus, utilisés dans la fabrication du talisman, se désagrègent et forment de petits amas de matière non-identifiable sur le liquide doré. Comptant sur l’état second du chasseur pour lui faciliter la tâche, Ava force le brouet entre les lèvres molles de l’homme. Aussitôt, ce coeur brisé commence sa guérison, les parties de la forêt et de ses habitants le pénétrant de l’intérieur, le faisant devenir l’un des leurs, se glissant dans ses veines, énergisant tout son corps. Le rythme cardiaque redevient normal, calmé enfin de ses tourments.

Wriever 28 - Créneau

 Ava n’a qu’un court moment pour agir.  Ce créneau prend place entre l’arrivée de Vénus dans le ciel d’avril et la montée de Mars. Quelques minutes en fait, au cours desquelles elle devra convaincre le pauvre hère passé de demain à hier pour finir en lune passée, lunatique éméché, de consommer ce petit homme de la forêt.  Elle compte bien le lui faire avaler en entier, dut-elle requérir l’aide de l’hydromel des abeilles nouvelles nées, bien faible encore, mais ô  combien vaillantes.  Attiré par les lueurs et la chaleur du feu, Hier s’assoupit près de la marmite alors qu’Ava récite tout bas un mantra secret. Elle psalmodie en langue inconnue tout en promenant le fétiche sur tout le corps d’Hier.  Elle profite de la perte de conscience de celui-ci pour retirer le bâtonnet à cocktail qui lui barre le coeur.

Writever 27 - Remonter

  Hier s’égosille…Je veux remonter le temps!  Retourner dans les semaines précédentes alors que j’annonçais des jours meilleurs, des lendemains enchantés. Je ne peux pas vivre comme ça, seul, et ignoré de tous. Mais voyons Hier, tu n’es pas du tout ignoré de tous, bien au contraire. Tu as marqué les mémoires, tu participes de l’inconscient collectif, tu passeras à l’histoire comme le représentant de l’archétype du mal nouvellement incarné. Tu es celui par qui le malheur n’arrive jamais seul. En fait, tu les sèmes, les malheurs. Tes actions délétères sont des crimes à rallonges enfantant leurs semblables jour après jour, dans un âpre jeu de qui fera pire que le précédent, un terrible « Plus qu’hier, moins que demain ».  Mais malgré tout ça, je crois en toi, je t’aime… autrement qu’avant, mais je ne rejete pas le Demain venu d’Hier. Je le porte en moi, tu le portes en toi aussi.  Nous irons ensemble à sa rencontre, mais avant, il,faut le retracer, le consoler, le rassu...

Writever 26 - Durable

Hier fait du surplace. Il n'arrive pas à dépasser le moment où Ava s'est désintéressée de lui. Il rêvait d'un amour durable, d'une éternité de bonheur à deux. Mais cette option n'était pas l'une de celles offertes par la vie et il le prenait assez mal.  Il arrête son véhicule devant Ava et en sort, échevelé, pas rasé, précédé d'une odeur nauséabonde, mélange de sueur et de mauvais alcool. Il déchire sa chemise d'un seul coup, pointe son cœur avec l'index et se met à pleurer. Ce cœur souffre, il est percé de part en part par une fléchette de plastique rouge vif, de celles qu'on utilise pour faire tenir les olives des Dry Martini.  Ava est prise de court. Comment vais-je me sortir de ce drame?