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Laissez une marque

Je ne sais plus quand ça a commencé, cette manie de noter, de rendre compte de ma présence, de mon ressentie, de mes connaissances.  Les souvenirs de journaux intimes, jamais intimes très longtemps pour cause de mère fourrant son nez partout et n’ayant aucune notion de l’intimité nécessaire à tous pour se sentir en confiance.  Ça construit des inhibitions difficiles à déboulonner… Parfois je crois que ma vie avec un conjoint unilingue anglo est une stratégie me permettant d’écrire n’importe quoi sans crainte d’être jugée…ou même lue !

Ensuite, les correspondances avec des ados à l’étranger.  Je ne sais plus combien d’essais j’ai fait avant de trouver une interlocutrice valable… du jeune garçon marocain footballeur à la charmante Heidi vivant en Suisse et qui avait des vaches laitières dont j’ai reçu plusieurs photos aux champs de verdure sans fin en arrière-plan. Nos échanges était très ludiques dans leurs formes, papier à lettres de fantaisie rose ou fleuri, papier casse-tête à remettre en ordre afin de lire la missive écrite avant le bris des pièces, papier jouet, mots anodins partant pour l’autre bout du monde, d’une platitude abrutissante mais plein d’espoir de plaire. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, plaire au destinataires.

Et ensuite, les écrits pour rien, pour moi, les ateliers d’écriture en ligne, parce qu’il faut bien s’améliorer au contact des autres, les échanges fous et passionnels par courriels avec Jackie en Ardèche, qui avait certainement 40 ans de plus que moi, échanges très valorisant parce que ça plaisait, oh que oui! … Et c’est ensuite que je me suis prise au sérieux… inscription au certificat de création littéraire quelques années plus tard et finalement, fatalement le bac d’études littéraires, histoire de savoir de quoi on parle en théorie.

L’écriture est un signe de ma présence ici, une marque de mon passage, un salut à mes semblables … et, même si je ne serai jamais auteure, autrice, écrivaine reconnue, je vais toujours écrire, simplement parce que je suis là et que je tiens à vous le dire… 
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