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Ligne éditoriale

L’éditorial avait tout pour me mettre en colère ! Un truc nauséabond sur le trop plein d’immigrants reçus au pays, agrémenté de relents de rejet de toutes les différences parce qu’elles seraient nocives pour notre culture! Rien que ça! Quand on connait un peu notre histoire, que nous regardons en pleine face ce que les empires européens ont fait aux autochtones du trois-quart de la planète, il y a de quoi avoir peur. De vrais barbares qui craignent aujourd’hui de subir ce même traitement! Mais nous n’en sommes plus là, et ici, il existe de vastes espaces à peupler.  Il faut voir dans mon quartier, il y a des gens de partout. C’est beau, l’été, quand les habits traditionnels colorés sont visibles, quand on m’offre de partager un picnic berbère au bord de l’eau, quand les musiques du monde éclatent au détour d’une allée, en provenance d’un boombox ou des poumons d’un homme soufflant dans sa trompette. Ça invite à la danse, aux sourires, à la joie. J’adore ces mélanges. Ils sont vivants,

Scrapbook

 C’était un grand cahier, qu’on appelait alors scrapbook. De dimensions inhabituelles, il demeurait à la maison.  On y mettait tout et n’importe quoi, des histoires, des bouts de vie, des collages, des fleurs séchées, des dessins, toutes ces petites choses qui marquent notre passage dans un temps donné, recueil des traces des préoccupations du moment. Je n’en ai gardé aucun et ça m’attriste. Il devait s’y trouver bien des réponses aux questions existentielles et identitaires qui vivent toujours en moi. Ou, ce n’était que des bêtises, une occupation pour jours de pluie, sans arrière-pensées, des signifiés sans signifiants. Image by Mediamodifier from Pixabay

Itinéraire fantôme

"Le réel est étroit, le possible est immense"                                                                        Lamartine J'ai ramassé mon fourbi (au figuré, bien entendu, pas question d'armes ni de quoique ce soit de soldatesque ni même de matériel ici) et j'ai décidé de partir à l'aventure.    Où ça? Je n'en ai pas la moindre idée, je vogue encore à l'aveugle sur le blanc aux plis jaunis et inquiétants d'une carte chiffonnée, très old school. Aucun repère, aucune idée de ce qui m'attend au bout de cette feuille sale trouvée entre les pages d'un livre de la bibliothèque publique. Je trace la route à mesure que j'avance, rouge, bleu, noir, selon des frontières imaginaires traversées sans y penser, sans être inquiétée. J'ai bien demandé un globe terrestre, pour aller à l'aventure sans trop me mouiller. Il n'est jamais arrivé, alors j'invente des routes, des canyons, des vallées et des rivières.  Je me dis que c&#

Les grands récits

Raconte moi l’histoire. L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant. Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs. Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain Allez, raconte. Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas!  Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit