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Messages

Affichage des messages du mars, 2024

Histoire de bus et métro

 Fin de cours à 16h… on placote un peu devant les portes, et je quitte finalement, direction Montmo.   Oupsss… interruption de service ligne orange jusqu’à 17h! Maudit, j’aurais dû passer mon tour sur la conversation entre deux portes, je serais déjà dans un wagon, en route!  Des autobus sont mis à disposition, mais j’exécute le plan de retour B, qui m’a déjà sauvé d’une ride de bus bondé de l’enfer dans le passé et me dirige vers la ligne verte station Pie IX pour prendre le bus ultra rapide vers le nord.   Ben là aussi, des problèmes… Détour sur la 25e av… ça ne bouge pas, on stagne entre Rosemont et Beaubien pendant trop longtemps. J’ai chaud, le bus est plein à craquer, la nausée s’installe et je commence à croire que je suis tombée dans une craque temporelle menant dans un monde parallèle où les trajet de bus durent l’éternité pour vrai.  Si mes cheveux n’étaient pas déjà blanc, ils perdraient leur couleur! Sur mon cellulaire auquel ne reste que 20% de vie renouvelable, je lis qu’

Là où les rubans disparaissent

       TW - Là où il est question d'agression   Image par Juanita de Paola de Pixabay   Montréal ouvrier, fin des années soixante. Des nuages poussiéreux saluent mes pas pressés. Quelques rares brins d’herbe s’attachent à mes semelles. Mille pieds carrés de mottes de terre séchées sous le soleil déjà trop lourd de ce jour de juillet. J’ai hâte de retrouver mes amis dans ce fond de cour mal entretenue, royaume dans lequel je suis admise de plus en plus souvent. Cette cour, c’est un écosystème changeant d’hôtes selon les déménagements, vivotant au gré des embauches et du chômage.    La lumière de l’astre m’aveugle, trop blanche, trop chaude. Mes doigts potelés, collants de bonbons fondus mêlés de sueur, remontent le bas blanc, glissé sur ma peau bronzée. Des traînées rose limette s’y étalent, la rendant vivante enfin, barbouillée d’une joie innocente, de la même couleur que les rubans qui retiennent mes cheveux.. Moment magique.  Heureuse, je tourne sur moi-même.   Liberté soudain

Poisonné!

Image par Willgard Krause de Pixabay Il était une fois une maison abandonnée, à l'orée de la forêt. Personne n'y met les pieds depuis belle lurette, on la dit "poisonné", et je n'oserai pas aller vérifier, au cas où! On ne sait même plus à qui elle appartenait, avant ce poisonnement malencontreux, ni même ce qui causa ce triste sort.Mais je l'aimerais bien cette maisonnette quand même, elle serait parfaite pour moi.  Il faudrait y envoyer un volontaire, quelqu'un possédant un souhait de mort subite, une détresse bien profonde et bien enracinée dans son âme grise souffreteuse, une douleur incurable à jamais parce que l'âge, la décrépitude, les os cramés, le foie verdi. Quelqu'un pour qui l'arrêt de vie signifie une délivrance.   Ça existe, oui,... Il y a même des gens qui vont chez le médecin pour accéder à ce souhait ultime et mettre fin à leur séjour chez les vivants.  Tenez, la vieille mère Fourasse, celle qui sent la poussière et le c

Le soufflet de l'étrangère

  Dans ce lieu que je ne connais pas, j'ai peur. Des inconnus m'abordent, me détaillent sans aucune gêne, me donnent l'impression d'être une pièce de viande sur un étal. Je ne suis qu'installée très précairement sur un tabouret instable devant une bière, mes coudes bien collés à un bar de bois blond, rien de bien affriolant. Je les ignore, tous, ne les regarde pas directement. La musique tonitruante m'agresse, les rythmes me sont mystérieux, je ne me fais pas à ces sonorités, ces aiguës et ces basses inattendues. Je ne sais pas trop ce que je fais ici. Ce monde m'est inconnu, les êtres qui m'entourent sont de partout ailleurs, mais c'est moi, l'étrangère. Du coin de l'œil, j'observe ce gars avec qui je suis venue ici. Déjà, il m'a oublié dans ce coin sombre pour concentrer ses efforts de séduction sur une jolie petite chose perdue ici-bas, tout comme moi. Je vois l'œil de l'homme se faire tendre, velouté, sa bouche murmure