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Roi de rien

Writever Mars 2024  La nuit tombe très vite, d’un seul coup, comme on jete au sol une charge trop lourde. Les rideaux sont tirés sur l’obscurité étoilée des fenêtres et les enfants, déjà en pyjama, rangent leurs jouets. Seul le château de cartes reste sur la petite table de la salle de jeu. Le père et le fils ont mis si longtemps à réussir cet exercice de dextérité et d’équilibre qu’ils veulent maintenant en tester la longévité. Le roi de coeur, coiffant la fragile construction, sera-t’il encore debout sur le toit de sa demeure, au matin?  Tous vont au lit, riant, blaguant,  — Je te parie une tartine au chocolat que le chateau sera en ruine à notre réveil! — Ah mais non, nous avons pris toutes les précautions possibles! Il est bien solide, ce château! — Bof, s’il s’écroule, vous le reconstruirez encore mieux, c’est tout, décrète la maman. Alors que toute la famille dort bien tranquille, une grande agitation prend place au château. La carte principale, le roi de coeur, émet le souhait d

Janvier

J’ai aimé l’expérience du Writever de décembre, malgré le rattrapage constant dû à ma procrastination et à mon manque de confiance en moi, parce que l’inspiration, ce n’est en fait que ça.  Je vais donc reprendre l’exercice en janvier… et voir si j’y arrive une fois la reprise des cours. Mot du jour 1… Sortie L’entrée du labyrinthe s’ouvre juste devant nous. Un seul doit s’y engager alors que les autres attendront son hypothétique arrivée à l’autre bout, celui de l’élusive sortie. Et avec la conjoncture actuelle, avec Mars en avril et Mercure rétrograde, l’élue ne pouvait être nulle autre que moi.  Je m’engage courageusement dans l’étroit couloir. Je suis passée d’une ouverture à l’autre maintes fois déjà, mais pas à l’occasion des fêtes du solstice alors que la magie ancienne, les sortilèges d’antan sont ravivés par les forces de  la Lune de glace . J’ai tout de même bon espoir de m’en tirer rapidement. Très vite, dès le second coude sur la gauche, les murs de cèdres se rapprochent au

L’imparfait

  Armée de son stylo rouge, l’institutrice se penche sur le travail de son meilleur élève, mais ça ne va pas. Tout est à refaire, il n’a pas compris la consigne, pas du tout.  Elle peine même à corriger cette terrible copie, les ratures et les reprises couvrent ce travail bâclé.  C’est franchement catastrophique. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris, habituellement, Dieu est beaucoup mieux organisé, plus consciencieux. Cette chose qu’il appelle Terre est un fiasco total!  Faudra lui faire tout reprendre depuis le début!  Oui, d’accord, l’esthétique est plutôt bien, c’est joli, vu de loin, mais les hommes qu’il a crée sont définitivement trop bêtes!  Image par WikiImages de Pixabay

Éveil

Une fois terminé avec ce besoin irrépressible, elle relève culotte et pantalon et tire la chasse d’eau.   Elle se tiraille un peu avec le loquet mal fixé et sort du cabinet. Se tournant vers le lavabo afin de se savonner les mains comme on le lui avait appris à l’école primaire, ses yeux s’agrandissent à la vue de l’espace qui apparaît dans le miroir fixé au mur devant elle. Rien à voir avec le lieu d’il y a à peine quelques minutes, même son reflet en est absent ! Elle a découvert un passage vers une autre dimension, un espace-temps outre-terre, sinon elle a bel et bien perdu la raison ! Dans le bleu profond d’un cosmos de pacotille, éclairé de lanternes chinoises en guise d’étoiles, une femme se tient, juste derrière elle. Elle est raide de hauteur et de maigreur, son teint est maladif, ses cheveux longs, légèrement bouclés sont échevelés, parsemés de brindilles et de feuilles mortes. Elle grimace d’un air fâché, rageur, toutes dents exposées, prédatrice sans scrupule. Sa robe,

Les grands récits

Raconte moi l’histoire. L’histoire d’avant la fin. Quand il y avait les dieux et la mer, les orages et le soleil levant. Raconte comme c’était beau le monde, avec sa verdure, le bleu du ciel, les fleurs de toutes les couleurs. Ah oui, tu peux ajouter une petite clôture blanche et un chien de berger dans le lointain Allez, raconte. Non, les guerres de tribu, ne m’en parle pas.  Les têtes coupées, les scalps trophés, les prisonniers torturés par des enfants au coeur de pierre, esclavagés au service des plus riches….oublions ça! Les guerres de religions? Les conquêtes européennes? Non… Les petites mains, les ouvriers des chemins de fer, les estropiés de l’industrialisation, les petites couturières écrasées par le poids de la mode? non, non….L’explosion, les ténèbres sans espoir, les plaies, les brûlures, le mal qui ne cesse jamais de se mettre en valeur, non, n’en parle pas!  Concentrons-nous sur le beau, l’illusoire, le temporaire, concentrons-nous sur la beauté du monde, ce grand récit

Coquille – Conte macabre des Temps Incertains

  Image par Ángel De Ávila de Pixabay   Sur la route La vieille Volks file à une allure respectable malgré les nids de poule parsemant le chemin.  Ses roues de bois, substituts aux pneus d ’ origine, glissent plus qu ’ elles ne roulent dans la boue. Elle sera au rendez-vous à l ’ heure c ’ est une certitude.  On doit survivre, et pour ça, on doit se reproduire, qu ’ on le veuille ou non. C ’ est la loi des Clans d ’ apr è s la fin du monde.   Le tacot s ’ avance dans le crachin matinal vers une union que plusieurs voudraient fertile.  Sa passag è re ne partage pas cet enthousiasme.  L ’ avenir du monde, c ’ est son dernier souci. L ’ esp è ce humaine ne mérite pas qu ’ on s ’échine à la perp étuer. Son dédain est palpable, mais sa promesse, indéfectible.  Se montrer à la hauteur des attentes paternelles est la seule issue possible. La paix mondiale en dépend. Les Banlieues Noircies sont tr è s loin, à l ’ ouest de la forteresse lumineuse de l ’ Est, Taj Mahal ré cup éré par les