Passer au contenu principal

Le parapluie rouge

Le thème s'incruste.. après la psychanalyse, les thérapies, les déprimes et les récits de soi...voilà que s'amène le mot « psychologue ».

On y va!


Elle pénètre dans la cour intérieure et marche vite sous la pluie. Pas vraiment sous la pluie, mais sous son parapluie rouge, tache coquelicot dans tout ce noir, ce gris.  Elle pense à la morosité de ses semblables, à l’absence de sourire, de joie dans les regards auquels elle sera confrontée dans un petit moment.  

Dans le corridor, dans l’ascenseur, les faces longues s’enchaînent l’une après l’autre sous ses yeux las déjà, malgré l’heure matinale. Elle fait bien des efforts pour alléger l’atmosphère, susciter une réaction de cette foule blasée, en vain. Par exemple, ce parapluie rouge, maintenant refermé et gouttant sur le plancher,  contrastant violemment avec son ciré jaune canard et ses bottes de pluie noires à motifs hippie multicolores, fut choisi avec grand soin, de manière préméditée, tout à fait consciente.  Elle cherche à provoquer une réaction, à obtenir un effet de  choc sur la psychée des zombies urbains qui l’entourent. Ils demeurent aveugles à ses appels, poursuivent leur chemin sans se retourner, sans même un semblant d’étonnement. 

La psychologue ouvre la porte de son bureau, au 7e étage du CHU Ste-Justine, là où seront reçus les ados aux prises avec des détresses diverses.  Ce sera une autre longue et triste journée à tenter de réparer ce que la vie s’empressera de détruire, encore et encore.

Fiesta22, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


Commentaires