Présentation
Johanne, 19XX- ?
Après une enfance passée entre les pages de n’importe quel livre pour 
éviter le réel, J. T. se marie trop jeune à un ami d’enfance. Elle 
devient, sous l’influence de Raskolnikov, prêteuse de livres sur gage en
 Sibérie de Montréal.  C’est quand son patron la surnomme Mme Castro 
qu’elle se passionne pour le syndicalisme et les cigares cubains.  Elle 
donne naissance, à trois lunes d’intervalle, à un domino dont les deux 
faces ne se reconnaissent pas quand ils se croisent sur la rue.  À 34 
ans, elle tombe follement amoureuse d’un réfugié afro-américain 
vodouisant. Elle en laisse tomber toutes les règles de sécurité, sa 
culotte et son mari.  J. devient Erzulie Gé-rouge et termine son périple
 en petites miettes au fond de son lit, zombifiée : le bel étranger est 
désintéressé,  les embûches au parrainage pesant plus lourd que les 
beaux sentiments.  S’en suit une crise d’adolescence tardive.  Elle 
entreprend, entre deux crises de larmes, un tour du monde sans quitter 
ses draps plein de miettes.  Ceci cause un scandale chez ses voisines, 
jalouses de tant de va-et-vient colorés.  Un Esq. Britannique, blanc 
comme les draps mais sans les miettes, la kidnappe.  Nous n’avons aucune
 nouvelle depuis.  On croit l’avoir vu à Hong Kong in BC où elle 
s’adonnerait à la peinture funambulesque à l’eau de pluie.  Elle serait 
devenue missionnaire itinérante autour du globe pour initier les 
migrants illégaux au vol plané au-dessus des frontières.  Des témoins 
rapportent l'avoir vu vers la fin des années 50 se précipiter en bas 
d'une falaise gaspésienne, y sacrifiant sa Porsche rouge payée cash, 
mais aucune preuve n’existe à cet effet.  Elle nous a légué trois romans
 inachevés, sa démarche sautillante due à ses os d’oiseau ainsi que son 
aptitude à s’enfarger dans les fleurs des tapis.

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