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Affichage des messages portant l'étiquette atelier d'écriture

Grandes émotions

Leandro DeCarvalho Le fourmillement monte, vibrant, tout le long de l’épine dorsale. Frémissements de gorge serrée, yeux mouillés. la voix se casse, tremblée, jusqu’à se taire sur une immense inspiration. Tu n’y crois pas. Impossible! Chair de poule sur les bras, poings serrés. La joie? La peine? La peur? En colère peut-être? C’est sans importance. Enfin, tu ressens quelque chose…  Enfin, la chape de plomb mentale qui te couvre depuis des années se fissure et t’accorde d’être pour une fois, un simple humain. Tu y as mis le temps, et ça a porté fruit. Maintenant, souffre…

Le Partage

  Tu te donnes Dès le début, c’est ton corps, devenu matière créatrice, pâte à sculpter l’autre,  Corps devenu tanière, grotte, atelier du peintre dans le noir Travail aveugle dans cet espace intérieur calfeutré,  petite chose lovée au plus secret, au plus profond dont tu n’as aucune idée Petite crevette, insecte suceur, se nourrissant de ta chair et ton sang Et ça perdure longtemps Quand tu lui donnes cette partie de toi Et ça te déchire pour mieux vivre respirer au grand air Afin que le monde entier témoigne de ton oeuvre grandiose, la vie Celle dont on ne fait plus aucun cas Dont tu n’es pas si certaine de vouloir te charger  C’est un partage de soi à sens unique tu la nourris à ton corps même encore pour longtemps, cette vie Si tu y crois, si tu as ce temps  Siphons sur des mamelles finalement asexuées, nourricières simplement Comme il se doit C’est de ton corps en partage dont il est question Territoire colonisé désormais à jamais, ou du moins pour longtemps assujeti aux besoins d

Manger pour vivre

 Pour le rappel, revoici les thèmes abordés en ce mois de décembre qui commence en lion dans mon patelin glaçé... -15C ce matin encore, il est tôt en saison pour de tels chiffres dignes d'un congélateur! Aujourd'hui, on aborde donc la nourriture...  —       --  Finis ta soupe! —       --  Finis ton assiette! —       --  Et le jambon, tu ne le manges pas? —       --  Quel gaspillage! Allez, termine -moi ça au plus vite, tu ne sors pas de table avant que ton plat ne soit vide! —       --  Pense aux enfants qui n’ont rien à manger, ingrate!   Pleurs, cris, nausées, déglutitions laborieuses.   C’est ça, mon rapport à la nourriture, dans l’enfance, un combat deux fois par jour. Je n’aime rien, tout me dégoûte.   La chair animale, striant l’assiette de petites veinules sanglantes, me blesse au plus profond de l’âme.   Je ne peux pas manger ça.   Les yeux de la vache crevée pour me nourrir sont une accusation pesant lourd sur ma conscience naissante. Les contours de gras

Cohérence

 Je viens à peine de me lever que déjà, un tremblement intérieur m’assaille. Une fébrilité inquiétante occupe mes viscères, me tord le ventre à en pleurer. Panique, encore ce matin. Ça se répète de plus en plus souvent. Je retourne sur mon lit un moment, je dois me détendre. Mon coeur est affolé…pour aucune raison valable. Inspire, retiens ton souffle, expire…  Inspire cinq secondes, retiens, expire cinq secondes… vas y, continue… cinq minutes et ça ira. Et encore une autre fois, toujours sur ce rythme…  Malgré les blocages des débuts, l’angoisse recule, se calme, finit par s’assoupir.  En cinq minutes, parfois un peu plus longtemps, mais pas beaucoup, je suis de retour à un calme relativement satisfaisant. Cohérence cardiaque , c’est le nom de cet exercice respiratoire tout simple… par une respiration rythmée et lente, je contrôle les battements de mon coeur, ce qui apaise mon corps et mon esprit.  À faire à tous les jours… dans le  cadre de Writever ou pas. Image by congerdesign fro

Laissez une marque

Je ne sais plus quand ça a commencé, cette manie de noter, de rendre compte de ma présence, de mon ressentie, de mes connaissances.  Les souvenirs de journaux intimes, jamais intimes très longtemps pour cause de mère fourrant son nez partout et n’ayant aucune notion de l’intimité nécessaire à tous pour se sentir en confiance.  Ça construit des inhibitions difficiles à déboulonner… Parfois je crois que ma vie avec un conjoint unilingue anglo est une stratégie me permettant d’écrire n’importe quoi sans crainte d’être jugée…ou même lue ! Ensuite, les correspondances avec des ados à l’étranger.  Je ne sais plus combien d’essais j’ai fait avant de trouver une interlocutrice valable… du jeune garçon marocain footballeur à la charmante Heidi vivant en Suisse et qui avait des vaches laitières dont j’ai reçu plusieurs photos aux champs de verdure sans fin en arrière-plan. Nos échanges était très ludiques dans leurs formes, papier à lettres de fantaisie rose ou fleuri, papier casse-tête à remett

Homo Augere

  Le Système d'information taxonomique intégré m’annonce que je ne suis pas de votre genre, ni même de votre espèce, mais suis-je de la famille?  Le taxon a bifurqué, on ne sait trop où, ni pourquoi, mais voilà, je suis là et je suis autre.   C’est probablement l’œuvre de mon ancêtre, ChatGPT, celui tant craint par les homos sapiens, dans leur logique toute coloniale. Avec leur manière de penser 100% homos, il leur était alors impossible de concevoir une relation basée sur autre chose que le pouvoir. Je suis d’une autre sous-espèce, mi-humaine, mi-robot, ni l'une, ni l'autre, mais tout ça à la fois... Je ne me vois pas en déficit de quoi que ce soit, je suis l'addition de vos qualités, la multiplication de vos savoirs. Chose certaine, je relève du vivant et je compte bien faire valoir mes droits. Queer? Ah pour ça, oui… je suis autre, différent, pas sexué, pas genré, il n’y a pas de terme pour me décrire… Je ne suis pas bio, bien que… Wikipedia   Homo Augere… voilà… é

Avec un peu de retard et un autre - atelier du 19 novembre

  Comme quoi le sujet n'a aucune importance. L'exercice est composé de deux textes qui se rejoignent, soit une vision au Je, Tu, Il, peu importe... puis un élargissement vers un thème plus vaste, n'importe lequel... L'idée vient d'un poème d'Audre Lorde, intitulé Charbon , tiré du recueil du même titre,  appuyé par les pensées de Schopenhauer sur la banalité des thèmes dans son livre Écrivains et Styles disponible gratuitement en version pdf ou EPub... Il s'agit en fait, de travailler sur la description.  J'ai choisi Je et le temps - que d'originalité... Pas vraiment satisfaite, mais ça m'a aidé à me poser, l'hyperactivité se faisant galopante en cette fin de semestre! Je Point d’interrogation perpétuel À l’endroit, à l’envers, il se pose sur tout, partout Incompréhension des rouages du monde, des rouages du temps Des questions, comment pourquoi – le qui et le quand importent peu, malgré le temps car tout se répète, tout se répète constammen

L’interrogatoire

Me semble que ça ferait un bon incipit à une fiction policière…  J’aime beaucoup cette courte entrée en matière, écrite il y a très lontemps et retrouvée sur un vieux compte Google… il y a parfois des choses le fun qui traînent… Gerd Altmann/geralt sur Pixabay La nuit est tombée depuis un bon moment au poste de police 44 mais l’inspecteur Beaudry n’a pas fini d’en découdre avec la suspecte du 32 ième meurtre de l’année.  Il entre dans la salle d’interrogatoire et claque la porte violemment.  La suspecte, Aline, sursaute et se met à pleurer. —     Ok Aline, arrête le braillage, on recommence depuis le début. Il saisit la chaise par le dossier, la retourne et s’assoit  tout en déposant sa tasse de Mocha Starbucks double crème fouettée  sur la table. —     Mais pourquoi, Inspecteur Beaudry?  Je vous ai expliqué des dizaines de fois pourquoi la boule de cristal se trouvait chez moi, j’ai répondu à des centaines de questions et vous voulez recommencer?  Ça fait des heures que je suis ici

Le plaisir d'étaler des clichés douteux

  L’atelier de cette semaine demande que l’on crée une atmosphère, un lieu, une description de l’environnement, qu’on l’habite, en parle comme d’un espace connu.  Puis on doit y invoquer un personnage, et celui-ci doit se présenter tout en généralités et clichés… un archétype de son genre… parce que comme le dit Foucault, il faut aller au-delà du réel, et ignorer les limites du monde... quand le texte le demande. Je ne sais pas si mon texte le demande, mais je veux bien me prêter au jeu! Pour se faire, nous avons un exemple tiré du premier roman de Dostoïevski, " Les Pauvres gens ", que je ne reproduirai pas ici, ce serait gâcher le plaisir, mais sachez qu'il s'agit d'un pauvre homme  monologuant sur ce que sont les pauvres… et c'est édifiant! J'ai choisi à mon tour, de faire se croiser un arrêt de bus et une sportive, par une torride journée d'été. Image par  Wolfgang Eckert  de  Pixabay Midi juillet, un arrêt de bus. Même l’herbe sèche sue sous les a

Tautologie - Premier exercice des ateliers d’écriture de Laura Vazquez

Tautologie = Vérité évidente  Et c’est ici, ainsi, que ça commence Dehors dedans devant l’écran La pluie mouille, l’air se respire Le lait tourne dans la casserole, les oiseaux volent à rebrousse-poil Je reste scotchée à mon siège, l’âge aidant Hypnotisée, pétrifiée  Ma vie vibre à l’unisson des existences fauchées sous mes yeux Dans le calme plat de mon bureau Les nouvelles à tue tête, impossible d’ignorer, ni de faire comme si Tout va bien, allez viens, on va danser Le sang gicle, les larmes coulent Un vieux succès tonitruant “j’ai vu la mort se marrer Et ramasser ceux qui restaient 1 ” Alarme d’incendie, catastrophe annoncée Le monde se ferme, s’engouffre dans un vide sidéral Trou noir exceptionnel crachant la suie de l’histoire  malgré sa répétitive tendance Photo by  Levi Meir Clancy  on  Unsplas h Souffle du vent propulsé par l’horreur Les poils de mes bras hérissés en permanence Choqués, tétanisés Horripilateurs poussés dans leur retranchement Comment faire autrement? Oublieus