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Janvier

J’ai aimé l’expérience du Writever de décembre, malgré le rattrapage constant dû à ma procrastination et à mon manque de confiance en moi, parce que l’inspiration, ce n’est en fait que ça.  Je vais donc reprendre l’exercice en janvier… et voir si j’y arrive une fois la reprise des cours.

Mot du jour 1… Sortie

L’entrée du labyrinthe s’ouvre juste devant nous. Un seul doit s’y engager alors que les autres attendront son hypothétique arrivée à l’autre bout, celui de l’élusive sortie. Et avec la conjoncture actuelle, avec Mars en avril et Mercure rétrograde, l’élue ne pouvait être nulle autre que moi. 
Je m’engage courageusement dans l’étroit couloir. Je suis passée d’une ouverture à l’autre maintes fois déjà, mais pas à l’occasion des fêtes du solstice alors que la magie ancienne, les sortilèges d’antan sont ravivés par les forces de  la Lune de glace . J’ai tout de même bon espoir de m’en tirer rapidement.
Très vite, dès le second coude sur la gauche, les murs de cèdres se rapprochent au dessus de ma tête, le ciel se couvre de branches touffues. Les ténèbres s’installent devant chacun de mes pas et je dois  les traverser en me guidant de mes mains tendues.  Alors qu’un moment auparavant, j’entendais clairement les voix de mes compagnons, celles-ci perdent en intensité, deviennent des lambeaux de sons sourds flottant dans le lointain, indéchiffrables. Je ne peux plus m’en aider pour me diriger vers la sortie, je suis désormais seule dans le noir et le silence. Après de nombreux détours, croisements et bifurcations, je me résigne à déclarer forfait. Je me frappe sur les mur de cèdres, leurs aiguilles me blessent avec un plaisir évident.  Je continue d’avancer, sans espoir, ma tête désormais encombrée de visions d’horreur. Ma mort au ralenti, de faim, de soif, mon corps torturé par ces besoins inassouvis, ma chair arrachée par les dents, les becs, les mandibules de toutes les bêtes réfugiées ici. Il n’y a pas d’issue, c’est un piège dont je suis la proie.
C’est à ce moment de découragement qu’une lueur apparait à la hauteur de mes yeux, à quelques pouces de mon nez. Abasourdie, je mets un moment à comprendre que les puissances fugitives me font l’honneur de me guider vers l’extérieur. Une plume d’une blancheur éclantante plane dans l’air, au centre de ce cone de lumière s’élargissant à mesure que je m’y engage. Le soleil transparait entre les branches, des visages inquiets apparaissent et atténues, par leurs ombres projettées, l’ardeur de la lumière. 
Je n’y croyais plus et pourtant m’y voilà!
J’arrive enfin, je suis à la sortie! Je suis née à moi même, à ma communauté, à la vie ! Mes compagnons me portent en triomphe partout dans le village. Pour l’année qui vient, je serais celle qui décide, conseille, aide et juge. Si j’avais échoué, si j’étais demeurée prisonnière du labyrinthe, ce village aurait été démantelé, les habitants éparpillés aux quatre coins du monde afin de se joindre à d’autres communautés disséminées suite à l’échec du coureur de labyrinthe! Mais j’ai réussi, nous survivrons une autre année, tous ensemble.
Image par Matthias Wewering de Pixabay
 

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