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Transport en commun

 

Et je remets ça encore une fois, incertaine de compléter mais sait-on jamais

Tous les jeudis, beau temps mauvais temps, je quitte vers midi trente et je me dirige vers l’arrêt de bus. Quand j’ai de la chance, le bus s’amène selon l’horaire prévu et je peux relaxer tout au long de ce long trajet jusqu’à la station de métro. Quelque fois, le bus est en retard, ne passe pas du tout ou ne s’arrête tout bonnement pas, pour une raison qui m’échappe… Peut-être suis-je parfois invisible, qui sait?

Aujourd’hui, comme tous les jeudis, je me suis amenée à l’arrêt en question et, jour de chance, le bus est arrivé quelques minutes plus tard. J’ai pris place sur une banquette latérale composée de plusieurs sièges recouverts d’un vilain tissu rèche et raide, multicolore intachable et possiblement non-lavable, collés les uns sur les autres. Une dame occupée à visionner des vidéos rigolos sur son cellulaire prend place a ma droite, le siège de gauche demeure inoccupé.

Au tier de ma course, un homme s’installe à ma gauche. En quelques fractions de seconde, mes narines sont envahies par une odeur indéfinissable, incroyablement dérangeante. Non, ça ne sent pas la naphtaline des habits d’hiver ressortis en catastrophe de leur rangement estival ni la transpiration d’un vêtement trop souvent porté sans passer à la lessive…non ce n’est pas le fumet exotique et inhabituel d’un plat venu d’ailleurs… ni celui d’une haleine de dents mal brossées et ça n’a rien à voir avec le pipi de chat, odeur exécrable entre toutes. Je n’arrive pas à identifier cet effluve épouvantable. Sans pourtant ressentir de nausée, je dois me détourner pour aspirer l’air, protéger mon nez de cette attaque sournoise. 

Après un moment, j’identifie des relents de terre mouillée, de sol moisi. Des images de champignons vénéneux m’assaillent. Un sous-bois sylvestris, des feuillus en décomposition. C’est bien ça, l’odeur indéfinissable… un sous-sol humide, dans lequel les spores fatales flottent librement, s’immiscant dans les tissus, les meubles, les vêtements, la peau, les cheveux de tous les occupants. S’étendant aussi loin que possible, par l’entremise d’un trajet de bus couvrant la ville d’est en ouest.

Je n’ose imaginer plus loin…Le coût exigé pour une telle demeure, les maladies qui suivront… Cet homme est désormais investi d’une triste histoire, d’une vie misérable pour lui seul.

Et la réalité me rejoint… tout ça c’est de la fiction, je ne connaitrai jamais les causes réelles de cette puanteur envahissante, ni les conditions de vie de monsieur. La seule réalité, c’est que tout ceci a eut lieu un peu passé midi, qu’il est actuellement presque 22h et que cette odeur est toujours présente dans mes fibres olfactives.

Est-ce mon nez qui me joue un vilain tour ou il existerait des senteurs persistantes dans le cerveau? 

J’ai très hâte que ça passe… 


Image par Victoria de Pixabay


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