Où je me dois d'inclure la litière, les croquettes et le pelage comme cela va de soi...

Non, les vertiges n’ont pas disparu. J’ai encore des moments de stupeur, alors que je me sens perdre pied pour franchir un abîme de vide tourbillonnant. 

 Comble du ridicule, un matin, il y a quelques jours de cela, avant que ce vertige ne s’installe, mon gros orteil s’est coincé dans le bas de mon pantalon. Comment ? Je n’en ai aucune espèce d’idée, mais je me suis retrouvée étendue sur le plancher en moins de deux secondes, nez au sol, tout bêtement ! La gloire !! Je n’ai pas osé en parler avant aujourd’hui, j’avais trop honte !! J’ai tenté à plusieurs reprises de reproduire ce coincement de l’orteil depuis, en vain, je n’y arrive pas. C’était une chance sur un milliard, et j’ai gagné ! Bravo à moi !

 Alors, on parlait de chats. J’en héberge deux, qui coûtent un poumon et un rein à nourrir à cause de leurs particularités de bêtes étranges. L’un d’eux, le gros mâle, est le plus doux, le plus câlin, le plus gros toudou de tous les chats connus et à venir, mais… il est très spécial…

 Particularité numéro un de gros matou noir (attention c’est trivial) : ne peut plus faire caca tout seul.

 Depuis de nombreuses années, il doit être médicamenté pour s’exécuter, depuis qu’il a fait un blocage incroyable qui a nécessité de multiples lavements avant d’obtenir une expulsion « naturelle » ou presque… parce que naturel, quand on est médicamenté pour se faire, ce n’est pas tout à fait le bon mot. 

 Je n’avais jamais imaginé qu’un chat pouvait mourir de constipation… et bien oui, ils le peuvent et c’est vraiment terrifiant de voir un pauvre poilu dans sa litière (et ailleurs), hurler à fendre l’âme parce que rien ne vient et qu’il en souffre. 

 Naturellement, outre ce médicament stimulateur de l’intestin, monsieur chat nécessite une diète spéciale. Il a besoin de fibres supplémentaires pour l’aider à bien digérer. Finies, les croquettes. On ne lui sert plus que de la pâtée à laquelle nous mélangeons une petite quantité de laxatif en poudre avec un peu d’eau. On doit le nourrir une demi-heure après la prise du médicament… Bah oui, nous sommes les esclaves de cette maladie de chat, mais ça se passe bien, nous n’avons pas revécu d’épisode dramatique menant chez le véto en urgence au milieu de la nuit, c’est déjà bien !

 Particularité numéro deux de ce même matou : il se retrouve avec le poil des cuisses tout emmêlé, noué, sans espoir de réparation à coups de brosse, il mord, griffe, refuse systématiquement qu’on l’aide avec ça… Il finit donc chez le toiletteur, rasage complet de son pelage rasta. Il a l’air d’un punk quand ça repousse tout de travers…

L’autre félin est une petite chatte très maigre qui n’engraisse pas. Elle aussi doit recevoir une nourriture spéciale, car elle vomit les croquettes avec des filets de sang en prime, il paraît que c’est l’âge (14 ans tous les deux) … Donc, pâté spécial senior pour la demoiselle. Une autre particularité de celle-ci est qu’elle miaule constamment, dès que nous apparaissons dans son champ de vision. C’est très agressant… nous évitons de la croiser le plus possible…

 Avec ça, ils reçoivent tous deux une petite dose d’huile de poisson, afin qu’ils gardent un beau pelage brillant et de la vitamine B.

 Je n’avais aucune idée que des chats pouvaient devenir si précieux et exigeants ? J’ai toujours cru que les chats étaient incassables avant que ces deux-là ne se mettent à jouer les princesses au petit pois. 

 Quels guignols quand même, mais comme ils sont un peu vieux, on leur passe tout !