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Messages

Hautes en couleurs

 Ces filles sont folles, ce sont des sorcières, des satanistes. La preuve, on raconte qu’ elles ont chanté nues dans la cathédrale orthodoxe du Christ-Sauveur à Moscou pour protester contre dieu! Elles s’en prennent à tout ce qui fait la grandeur de leur pays. Elles sont lesbiennes, ne croient pas aux vertus de la famille  traditionnelle, portent des vêtements de couleurs dépareillées et leurs visages sont camouflés par des balaclavas de laine. Elles sont des traitres à leur nation, et veulent la fin de la Russie, selon les documents officiels, ceux de la police, bien entendu. Pour les autres, ceux qui les connaissent un peu mieux, elles sont de jeunes femmes courageuses, proclamant une vision moderne et fėministe du monde, un monde qui n’a pas encore compris que les guerres et les injustices sont choses du passé. Elles sont des activistes politiques convaicues, des amazones contemporaines, des furies vengeresses, des voix qui s’ėlèvent en un immense cri pour s’exprimer à la place de c

On arrête pas le progrès

 Allez mamie, fais un petit effort, c’est pas sorcier, t’as qu’à cliquer ici et voilà! Tu mets le montant à régler ici, et tu confirmes… voilà, c’est fait!  La mamie n’y arrive pas. À 89 ans, lui apprendre la navigation sur les « interouebe », comme elle le dit si bien, est presque impossible. Lui expliquer que cet ensemble de réseaux reliés permettant de communiquer d’un service à un autre à l’aide de protocoles de communication, lui parler des données qui circulent et se transfèrent de l’un à l’autre, lui permettant de régler ses factures d’électricité et de faire des réclamations aux assurances apparait comme de la magie, des actes relevant de la sorcellerie. Elle n’aime pas, ne veut pas, se refuse à tout effort pour comprendre le BA ba des interfaces pourtant de plus en plus faciles à utiliser.  Elle n’a pas même d’adresse courriel, et n’essayez pas la vidéoconférence, c’est l’oeuvre du diable… autant dire qu’elle vit au temps des dinosaures.  Mais il faudra bien le lui apprendre,

Nota bene

Mon cell vibre. Je jette un œil sur les textos affichés et tout mon corps s’enflamme. Il m’invite.  Je perds la tête à chaque fois, ça me semble toujours aussi incroyable: ce gars là se retrouve dans mes draps plusieurs fois par semaine, oui oui, les miens. J’ai une copine à la maison que j’ai tôt fait de virer, allez du balai, mon mec m’attend, je dois y aller. Mais depuis un moment, ça se complique. Il est absent, occupé ailleurs. Les nuits se font plus rares, plus courtes, moins mémorables. Je me doute que je ne suis plus la seule à occuper ses rêves et ça me brise. J’ai  mis tout ça, mes inquiétudes, mes conclusions, sur papier, parce que le dire, c’est trop embarassant. De petits morceaux de papier de toutes les couleurs, reliés ensemble par leurs bordures encollées. Chacun d’entre eux comporte un argument pour nous, un autre contre nous et ma réflexion sur le tout. C’est une situation difficile pour nous deux. J’y ai mis mon coeur, mon sang, mes larmes. J’y ai mis notre vie ensem

Douze ans et des poussières

Ce texte est légèrement inspiré de ma lecture du roman d'Ismaël Kadaré, " Avril brisé " racontant la loi du  Kanun   ayant cours en Albanie. Un livre étonnant, dérangeant, un incontournable.  J'ai produit ceci dans le cadre de Writever de janvier 2024 - Tournoi Les douze garçons se tiennent au milieu du parc. Assis, jambes croisées, sur la terre durcie, ils forment un cercle serré. Certains portent des pantalons trop longs, rapiécés aux genoux, d'autres des culottes courtes et de longs bas de laine malgré le mordant du vent de janvier. L'air frais rougit leurs joues sales et dresse leurs cheveux en épis. On ne connaît ni l'année ni le lieu, mais ils ont tous douze ans depuis au moins six mois.   Ils sont là depuis un moment, dans la grisaille du jour. Avec un rythme régulier, toutes les vingt minutes ou presque, un des enfants se lève et quitte non seulement le cercle, mais le parc.  Il marche, la tête basse, les mains dans les poches, l'air abattu. Ar

Chanson triste

Le micro Jour 3 Writever de janvier Les murs de la salle de spectacle peinent à contenir la foule. Les admirateurs de Claudine sont venus en grand nombre pour applaudir son nouveau tour de chant.   Elle a connu un énorme succès partout dans le monde et revient finalement dans sa ville natale pour donner un concert dont les bénéfices iront à un refuge pour femmes victimes de violence. La cause lui tient à cœur puisqu’elle-même a connu des difficultés lors d’une liaison avec un autre chanteur trop jaloux de son succès. L’exposition au grand jour des abus commis par cet homme a définitivement tué une carrière prometteuse, les admirateurs de la chanteuse n'ayant pas le pardon facile.   Le coupable a disparu du milieu de la scène pour se recycler dans un métier moins valorisant, vendeur de téléphones cellulaires pour une grosse boîte connue. On comptait sur sa figure avenante pour augmenter les ventes, mais c’était oublier la vindicte populaire qui eut tôt fait de le confronter jusqu’

Cover girl

Elle en rêvait depuis si longtemps.   Toujours ces mots à la bouche: "Regarde-moi, regarde-moi". Jamais assez jolie, jamais assez performante à son goût, juste une jeune fille tout ce qu'il y a d'ordinaire. Ses insécurités la rendent agaçante, ses demandes constantes d'attention finissent par ennuyer tous ceux qui lui montrent un quelconque intérêt. Elle recommence donc, ailleurs, avec d'autres gens plus ou moins patients, "Regarde-moi"! Elle compte les "Like"sous ses publications sur toutes les plateformes possibles, se fait des colliers et des robes avec les commentaires positifs et oblique les autres d'un clic vengeur... bloqué, et voilà...regarde-moi, mais pour me dire que je suis belle, rien d'autre. Et un jour, son rêve se réalisa. La responsable des couvertures du somptueux magazine de mode Bogue se trouva conquise par ce visage atypique et lui proposa une séance photo avec le  grand Pietro Valancini, photographe de l&#

Janvier

J’ai aimé l’expérience du Writever de décembre, malgré le rattrapage constant dû à ma procrastination et à mon manque de confiance en moi, parce que l’inspiration, ce n’est en fait que ça.  Je vais donc reprendre l’exercice en janvier… et voir si j’y arrive une fois la reprise des cours. Mot du jour 1… Sortie L’entrée du labyrinthe s’ouvre juste devant nous. Un seul doit s’y engager alors que les autres attendront son hypothétique arrivée à l’autre bout, celui de l’élusive sortie. Et avec la conjoncture actuelle, avec Mars en avril et Mercure rétrograde, l’élue ne pouvait être nulle autre que moi.  Je m’engage courageusement dans l’étroit couloir. Je suis passée d’une ouverture à l’autre maintes fois déjà, mais pas à l’occasion des fêtes du solstice alors que la magie ancienne, les sortilèges d’antan sont ravivés par les forces de  la Lune de glace . J’ai tout de même bon espoir de m’en tirer rapidement. Très vite, dès le second coude sur la gauche, les murs de cèdres se rapprochent au