Passer au contenu principal

Le plaisir d'étaler des clichés douteux

 

L’atelier de cette semaine demande que l’on crée une atmosphère, un lieu, une description de l’environnement, qu’on l’habite, en parle comme d’un espace connu.  Puis on doit y invoquer un personnage, et celui-ci doit se présenter tout en généralités et clichés… un archétype de son genre… parce que comme le dit Foucault, il faut aller au-delà du réel, et ignorer les limites du monde... quand le texte le demande. Je ne sais pas si mon texte le demande, mais je veux bien me prêter au jeu!

Pour se faire, nous avons un exemple tiré du premier roman de Dostoïevski, "Les Pauvres gens", que je ne reproduirai pas ici, ce serait gâcher le plaisir, mais sachez qu'il s'agit d'un pauvre homme  monologuant sur ce que sont les pauvres… et c'est édifiant!

J'ai choisi à mon tour, de faire se croiser un arrêt de bus et une sportive, par une torride journée d'été.

Image par Wolfgang Eckert de Pixabay


Midi juillet, un arrêt de bus. Même l’herbe sèche sue sous les assauts de ce soleil blanc. La poubelle de la voirie émet un odeur de cadavre, c’est à vomir. Aucun oiseau ne s'entend, cachés qu’ils sont tous dans les branches, sous les feuilles assoiffées. Les voitures, pressées de quitter l’enfer d’asphalte, soulèvent la poussière. Ça crée un  nuage ocré au ras du sol.  Il me pique les yeux. Aucun nuage ne décolore ce ciel bleu pur layette.  Les ombres se font dérisoires, cachées sous les objets, ne les dépassant que de très peu. Même pour elles, cette chaleur suffocante est intolérable. Cette journée est trop chaudes pour être confortable, l'attente du bus en plein soleil, en plein midi, d'une cruauté sans nom! Je n'aime pas prendre le bus, déjà!  Et je n'aime pas mieux le froid. 

Et voilà qu’une sportive s’amène, bien au dessus de tout ça. Pas une once de graisse, pas de suée dégoulinante sous les aisselles ni le long des jambes.  Elles sont comme ça, les sportives, elle tolèrent très bien le chaud, le froid, le détrempé, l’humide, le sec et même le temps plat. Se donner à fond, ça les excite, les sportives.  Elles peuvent courir longtemps, en petite tenue, l’air de rigoler, malgré le cœur qui pompe à toute allure et les muscles qui bandent à éclater.  Elles courent en souriant, les sportives, leurs dents blanches éclatantes de bonheur, les cheveux au vent. Elles saluent à gauche et à droite d’un tour de poignet souple, toujours gracieuses, le genou haut, le coude à angle droit. Des reines du sneaker! Elles peuvent aussi s’amuser des heures durant par temps glacial, à ski, en patins à glace, en luge, sans même avoir le bout du nez rougi, les sportives. Elles cachent leurs peines sous leurs exploits, soulever de la fonte, ça renforce le cœur, le carapaçonne à double tour. Personne ne voit leur détresse, aux sportives, elles ne se laissent pas aller à ces émotions de faible, ça nuirait à leur rendement cardiaque.

Ah voilà mon bus qui se pointe… la sportive, elle, est déjà loin. 

Le bus, elle ne connait pas.


Un rappel: Pour vous inscrire et participer aux ateliers d'écriture de Laura Vazquez c'est ici

Je trouve ces ateliers vraiment bien, je m'amuse en écrivant de courts textes sans prétention, et sans obligation. 

À vous!


Commentaires