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Passage à vide, mais je récupère - L. Vazquez, Atelier du 7 septembre

 Le déménagement a bien eu lieu et nous avons été fourbus pour un très long moment. Nous ne sommes cependant pas au bout de nos peines, des travaux de peinture intérieure auront lieu dans quelques jours...et j'ai bien hâte d'en avoir fini pour vrai de vrai.

Les cours ont repris... j'ai eu une première classe sur l'oeuvre de Léonora Miano. Ça promet d'être vraiment intéressant, mais en même temps, vraiment prenant pour ce qui concerne les lectures, le temps de travail hebdomadaire. J'ai aussi assisté au premier cours sur les Formes et fonctions du spectacle vivant avec pour enseignant Gilbert Turp, cours qui promet d'être vraiment dynamique et très peu conventionnel. J'ai fait une première lecture de théatre, une oeuvre de Goldoni, que j'ai aussi pu regarder sur la plateforme "madelen streaming par l'INA", qui offre, en ligne, une sélection de pièces de théatre, films plus anciens, classiques, incontournables, introuvables ailleurs. J'ai donc vu la pièce Grabuge à Chioggia... et que de chamailleries! Ces acteurs devaient avoir des migraines carabinées une fois leur soirée terminée... 

Bref, pas my cup of tea, mais c'est à connaître et c'est proche parent de la Commedia del Arte, ce qui explique tout!

 Coté écriture, cet automne, j'ai choisi de tenter l'aventure avec Laura Vazquez, que j'ai découverte il y a un moment mais pour laquelle je n'ai pas beaucoup mis de temps, ni d'effort de participation.

Cette semaine, nous travaillons l'introduction d'un personnage, d'une voix... par les pourquoi porteurs de mystère, qui ne sont pas expliqués, mais qui suscitent la curiosité... je ne sais pas si j'ai réussi, mais je me suis amusée un bon moment.

 Voici donc ma production

 

Introduction d’un personnage, d’une personne, d’une voix.

Atelier du 7 sept

Une forme longiligne s’avance sur la place du marché. Gracile petite branche sur laquelle un ballon, poussé par une douce brise, s’est accroché, tête oscillante. Je la surnomme Brindille. Un foulard couvre une chevelure d’herbe rare dont quelques fétus s’échappent en pagaille. On ne discerne pas le regard, on le devine pourtant brûlant de fièvre, mais, oh! la bouche, cet antre abritant tous les non-dits d’une vie ordinaire. Elle occupe tout le visage, vainement béante sur un cri inaudible. C’est un trou noir rejetant son trop-plein d’angoisse dans l’au-delà, S.O.S., bouteille à la mer, ô secours, aidez-moi!

Une fois à gauche, deux pas à droite, ce corps spectral s’agite sous la poussée d’un vent absent. Il semble perdu, balayé par les rayons d’un soleil joyeux. Le babil des marchandes le pousse de tous côtés, au gré de leurs rires. La place est flamboyante de rose et d’or se reflétant dans les fleurs et les fruits abondants en cette fin d’été. La silhouette persiste dans sa déambulation, aveugle aux beautés qui l'entourent, veste rapiécée tourbillonnant dans l’air. Elle ne suit aucune direction, s’avance vivement vers la boulangerie pour tourner abruptement vers l’étal du cordonnier, puis gauche toute, vers le fournisseur de bougies alors qu’elle aurait bien besoin de rencontrer le marchand de sable. Le torse ne suit pas toujours les jambes et vice versa.

Pourquoi tant de hâte? Pourquoi tant d’hésitation?

De quelle fièvre souffre cet être qu’on dirait pris dans une tourmente dont il est le seul à percevoir l’ampleur? Pourquoi cette affligeante solitude?

Que signifient ces va-et-vient soucieux, ces passages à vide, ce constant balayage de l’air ambiant?

Je suis curieuse, je me donne comme mission de suivre Brindille, au moins jusqu’à la tombée du jour et de découvrir ce que cache cette flânerie excentrique.

Mais… pourquoi m’interpelle-t-elle autant? Qu’a-t-elle à voir avec moi?

Pourquoi cet intérêt soudain pour une étrangère aux allures d’épouvantail?

Pourquoi moi?

 

Image par Eva Michálková de Pixabay

 

J Tanguay – Atelier Laura Vazquez 8 septembre 2024

Pour suivre ces ateliers, c’est ici

https://lauravazquez.podia.com

 

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