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L’interrogatoire

Me semble que ça ferait un bon incipit à une fiction policière… 

J’aime beaucoup cette courte entrée en matière, écrite il y a très lontemps et retrouvée sur un vieux compte Google… il y a parfois des choses le fun qui traînent…

Gerd Altmann/geralt sur Pixabay


La nuit est tombée depuis un bon moment au poste de police 44 mais l’inspecteur Beaudry n’a pas fini d’en découdre avec la suspecte du 32ième meurtre de l’année.  Il entre dans la salle d’interrogatoire et claque la porte violemment.  La suspecte, Aline, sursaute et se met à pleurer.

—     Ok Aline, arrête le braillage, on recommence depuis le début.

Il saisit la chaise par le dossier, la retourne et s’assoit  tout en déposant sa tasse de Mocha Starbucks double crème fouettée  sur la table.

—     Mais pourquoi, Inspecteur Beaudry?  Je vous ai expliqué des dizaines de fois pourquoi la boule de cristal se trouvait chez moi, j’ai répondu à des centaines de questions et vous voulez recommencer?  Ça fait des heures que je suis ici et vous n’avez certainement plus aucune raison de me garder!  J’en ai assez!  Je dois bien avoir droit à un avocat!

 

—     Lâche-moi avec l’avocat, on s’occupera de ça dans le temps comme dans le temps.  Pour le moment, t’es pas accusée, t’es juste une personne d’intérêt.  C’était quoi ta relation avec Mme D’Anjou?

 

—     Ben comme je l’ai dit sûrement cinq fois depuis trois heures, j’étais une cliente de sa boutique.  Je la connais pas, je lui ai jamais vraiment parlé. De toute manière, elle avait tout le temps l’air bête!

 

—     Tu dis que t’étais cliente, mais des témoins nous assurent que tu n’entrais jamais dans la boutique.  Tu passais à tous les matins depuis deux semaines, tu te collais le nez sur la vitrine et tu repartais quelques minutes plus tard.  C’était quoi ton petit jeu?  Tu l’espionnais?  T’attendais le bon moment pour passer à l’acte?  Pis le jour où on la trouve assassinée, tu te sauves de là en courant avec l’arme du crime? T’expliques ça comment que tu sois finalement entrée exactement ce jour-là?

 

Aline triture ses manches de chandail qui sont maintenant étirées jusqu’au bout de ses doigts.  Elle a le nez rouge et les yeux gonflés, presque fermés d’avoir tant pleuré. Perdu, son regard n’arrive pas à se fixer sur l’inspecteur.

 

—Ben oui, s’énervât-t ‘elle, je suis entrée ce matin-là parce que la belle boule de cristal n’était plus dans la vitrine.  Je vous l’ai dit!  Je la voulais, j’en rêvais, c’est elle que je regardais quand je passais tous les matins.  Quand j’ai réalisé qu’elle n’était plus là, j’ai cru que la vieille l’avait finalement vendu, malgré ses réticences.  La porte était entrouverte et je l’ai vu, sur le sol, toute lumineuse malgré les taches sombres qui la salissaient.  Ma boule de cristal!  Je n’ai pas réfléchi, je l’ai prise et je suis partie le plus vite que j’ai pu!

 

—     Et la vendeuse, elle, tu l’as vu?

 

—     Heu heu… je le sais plus!

 

—Ok, Aline, je vois que tu continues à me prendre pour un imbécile.  On va faire une pause pis on reprend… dans une quinzaine de minutes…

 

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