On sort tout juste d'un tournage, une grosse production américaine dont le budget ne se compte plus! Quelle aventure!! Mais, comme on dit, on apprend avec le temps et on ne nous y reprendra plus!
Cette 'comédie' a commencé en juillet dernier, alors que nous recevions une offre pour une figuration principale (!!) dans un gros blockbuster. Naturellement, les offres, ç'a toujours l'air alléchant. On nous fait miroiter le nom connu du réalisateur, ceux des grandes 'veudettes' américaines qui seront sur le set, l'expérience fantastique qui en découlera et bien sûr, l'intérêt d'ajouter ce type de performances au portfolio. Oui, la première approche contient tous les éléments de la drague, on se sent désiré, voulu, irrésistible! Et là, comme ça arrive souvent, une autre offre se présente au même moment, une série télévisée, mais celle-là requiert une audition, donc on nous suggère de sauter sur la première, puisque la demande en mariage est déjà déposée!! Ce que nous acceptons...
L'offre comme telle est relativement raisonnable, une semaine et demi de tournage fin août, nécessitant une absence en classe d'une journée. Bon, c'est ben correct, en début d'année comme ça, ça devrait être possible de récupérer assez aisément!
Essayage de costume, début août dans les grands studios au bout de la ville. Wow!! C'est impressionnant, faut avouer!! Et comme tout va très vite, nous sommes fascinés par le professionnalisme des gens qui nous reçoivent.
Première journée de tournage prévue, et c'est déjà là que ça commence à se déglinguer. Comme nous devons nous rendre à l'autre bout de l'île, nous choississons de faire le trajet en métro, une navette nous prennant à la presque fin de la ligne pour nous amener sur les lieux.
Nous sommes au point de rencontre un bon quinze minutes avant l'heure, mais pas de navette. Nous patientons, marchons un peu autour, histoire de voir si on ne nous attendrait pas un peu plus loin, mais toujours pas de navette, mazette! Je téléphone à l'agence pour mentionner le détail, mais eux non plus n'ont pas trop d'informations à ce sujet. Finalement, j'opte pour prendre un taxi jusqu'aux studios. Une fois rendues, personne ne peut me dire ce qui c'est passé avec la navette, en fait, il y a tellement de monde qu'il est impossible de trouver qui que ce soit responsable de quoi que ce soit, bref, la cohue! Pour parfaire le tout, on nous remet la petite feuille de temps, sur laquelle est indiqué le taux horaire que ma fille recevra, et là, oh surprise, un beau gros 11.25$ de l'heure est indiqué!! Ça ne couvrira même pas les frais de taxi!! Je me calme, elle veut faire son cinéma, ce n'est pas une question d'argent, mais sincèrement, je suis pas mal étonnée!
Jour 2, tout va comme prévu, c'est déjà ça! Les heures d'attentes sont longues mais je suis avertie, ce n'est pas la première fois. Je m'amène du travail, mais il n'y a pas vraiment d'endroit où je pourrais m'installer pour ce faire. Bon, je sors un livre, c'est plus intéressant que de rester là à me tourmer les pouces ou à papoter sur les qualités incommensurables de ma fille comme le font les autres parents...Ouais, je suis asociale, j'aime pas trop les parents en général, et encore moins ceux qui pensent avoir donné naissance à la 8e merveille du monde, ça me donne des boutons!
Jour 3, même scénario, sauf que là, on finit pas mal plus tard que prévu, malgré que 21hrs ne soit pas si tard que ça. Il y a que dans ma tête, je compte les deux heures de transport qui s'ajoute à l'heure de départ et ça me fatigue un peu beaucoup, ça m'irrite même énormément, mais bon, je tout de même bonne figure... De plus, les filles non-membres de l'union des acteurs anglophones ont reçu une feuille de temps différente, avec un taux horaire beaucoup plus décent que le précédent, ça fait toujours plaisir!
Je perd le compte des jours, mais à un moment, le lieu de tournage diffère. Nous devons aller, tôt matin au sud-ouest de l'île, encore à deux heures de transport. Nous avons une adresse pour le rendez-vous, mais, personne n'y est, encore une fois!! Nous marchons autour de l'immense station de métro, histoire de voir où peut bien se cacher ce véhicule, que nous trouvons, finalement, dans le stationnement à l'arrière du métro, bien loin de l'adresse donnée! Au moins nous l'avons trouvé!! Nous sommes conduits dans des locaux depuis longtemps désaffectés, sur une espèce de terrain vague où tout est rouillé, brisé, non entretenu depuis des lustres. À l'intérieur du bâtiment, c'est sale, poussiérieux, presque épeurant!
Au moins, il y a beaucoup moins de gens, ce qui fait qu'on peut se retrouver plus facilement. On nous annonce que la scène sera celle où les filles auront peur. J'entends une mère dire à sa fille: "Quand tu devras crier, casse ta voix, tsé, comme quand tu..." . Je ne peux m'empêcher de rigoler, c'est tellement, mais tellement nul!!!! D'autres parents tentent de pousser leur rejetons en avant, les font mousser et reluire. Moi, je me tiens loin, je n'ai aucun talent pour le marketing. La journée se passe, et nous reprenons le chemin du retour un peu plus tard chaque jour pour revenir le lendemain et le surlendemain avec à chaque fois, des changements d'avant-dernières et de dernières minutes.
Septembre arrive. Une journée a été ajoutée à notre semaine et demi. 25 septembre, donc. Je décide tout bonnement de booker un voyage pour le 26, histoire d'aller dire allo à Mémé en Haiti. Le matin du 24 septembre, on me téléphone pour me dire que la date est reportée au 26!!! Arghhhh!! Cauchemar!! Heureusement que le chum est d'accord et capable de réorganiser son horaire afin de se libérer et d'accompagner la demoiselle. Ce qui se fait en un presque rien de temps. Deux heures plus tard, téléphone encore... Ce sera pas le 26, finalement, mais les 27 et 28!!!! Ouch!! Ça commence à être compliqué... Si réorganiser une journée est possible, la refaire pour en désorganiser deux autres est une tout autre histoire!!!
Le téléphone encore!!! On opte cette fois pour le 28 et 29!! Re Arghhh!! Non, mais on va-tu jouer aux fous encore longtemps comme ça??? Ben oui, tiens, re-téléphone... On retourne au 26!!!! Là, je me fâche et je contacte une dame de l'union des acteurs anlgophones pour lui faire savoir ma façon de penser de tous ces changements. Elle me répond que c'est normal et que tout est bien comme ça!!??!! Really??? Ah ben dis donc, vive l'union!!! Je pars en voyage avec dans la tête, toutes ces modifications, me demandant ben ce qui arrivera finalement en ce beau 26 septembre! Ben, cherry on the cake, le samedi à 6 heures du matin, tout à été annulé!! J'aimais pas trop ce qui se passait, mais là, j'avoue qu'avec ça, ils m'ont scié!
Retour de voyage après une petite semaine. Des journées en octobre se sont ajoutées, encore!! 18-24 et 26... En plein les dates auxquelles mon chum doit participer à des conférences en Floride!!! Ça va être cool de tout faire toute seule en plus de poireauter comme une nouille douze heures par jour! Ok, ok... On y sera... Mais bien entendu, ça ne pouvait pas demeurer en l'état. Le 18 est devenu le 19, le 24 est, quand à lui, demeure intact, quelle surprise, c'est presque incroyable... On y ajoute cependant le 25,et on conserve le 26!! J'ai l'impression de jouer au bingo!!!
Les heures d'arrivée se verront quand à elles, bousculées à qui mieux mieux pour finalement se stabiliser autour de 14hrs, ce qui regarde ben mal, car ça signifie qu'on ne sortira pas de là avant minuit, si on a de la chance! On nous promet une enseignante sur place pour que les jeunes ne prennent pas trop de retard à l'école.
Pour le 19 octobre, nous sommes attendu dans un champs perdu au nord de la ville pour 14 hrs. Il y a foule et il pleut. Les jeunes doivent être déplacés d'un endroit à un autre pour le tournage. L'autobus dans lequel nous prenons place reste englué dans la boue collante du terrain vague. Changement de bus, donc, petite marche de 20 secondes au cours de laquelle nos bottines shinées se retrouveront crottées et mouillées de part en part. Beaucoup d'attente, encore, dans une grande salle pleine de fausse fumée et très sombre, sans chauffage, c'est vraiment pénible. À 18hres 30, les filles sont invitées à aller à l'école. Quelle blague!! Les gens circulent, parlent, rient, l'enseignante ordonnent à tout ce beau monde d'aller faire un tour dehors. Par contre, elle ne peut aider les plus vieilles dans leurs devoirs, ses compétences ne vont pas jusque là! Souper dans la tente à coté du lieu du tournage. Bizarrement, il y a une zêlée qui nous court après pour savoir si nous sommes membres de l'union ou pas. Je l'ignore et nous suivons une autre employée tel que convenu. Même pendant le repas, des hurluberlus nous harcèlent pour connaître notre statut. Retour dans la salle de l'autre coté où l'école reprend. Une heure plus tard, soit à 21hres, nous apprenons que les filles peuvent quitter!! Arghhhh again!!!!!!! Non, mais, un bon souper chaud et des devoirs fait à la maison me semblent une meilleure alternative à ce que nous avons vu ce soir! Le départ en voiture est aussi difficile, plusieurs véhicules étant coinçés dans la boue qui recouvre tout le terrain.
Le 24 octobre, on me communique par courriel que l'arrivée est prévue pour 11hrs 45, retour au deuxième lieu de tournage. Ça me semble tard... Et de plus, comme les examens commencent autour de ces dates, je suis particulièrement mal à l'aise avec l'idée que ma fille manquera trois jours d'école de suite. Mais coudonc, on a accepté, faut faire ce que l'on attend de nous. Plus tard en soirée, cet horaire sera encore une fois modifié, et il le sera encore quand je ferais l'appel à l'agence à 6hrs du matin. Nous serons donc là tel que le répondeur nous l'apprend, pour 15hres, et je rage!!! Je rappelle la dame de l'union, pour apprendre qu'un mineur engagé sur une production peut faire 10 heures de travail par jour et deux heures de temps supplémentaire si c'est le souhait de la production et que nous aurions dû être au courant de tout ça quand nous avons signé le contrat. Quel contrat??? Je n'ai signé aucun contrat! Je signe des feuilles de temps au jour le jour et rien ne m'attache à ce qui me semble une triste comédie où les jeunes sont pris en otage par un malade de la pire espèce, un inconscient qui croit que la vie de tous tourne autour de son projet à la mord moi le noeud!. Penser que ma fille pourrait sortir de là entre 1 et 3 heures du matin me fait royalement suer! Je discute de la situation avec les autres parents et certains sont de mon avis: Ça juste pas de bon sens! Nous nous entendons donc pour faire savoir ce que nous en pensons à l'heure du dîner, ce qui sera probablement autour de 20hrs 30. Entre temps, l'école se fait, dans un petit coin, et ma fille vient me voir avec un problème d'algèbre, me disant que l'enseignante me l'envoie pour de l'aide, car c'est trop difficile pour elle!!
L'heure du dîner arrive, et à notre surprise, les filles membre de l'union iront manger à un autre endroit que les autres. Elles auront un choix de cinq plats, alors que le commun des figurants n'en aura qu'un. Les desserts seront aussi variés, alors que le commun des figurants se verra offrir un brownie sec. Étrangement, c'est ce qui a le pouvoir de faire sortir de leurs gonds les parents 'vendeurs'. Imaginer que leur petite chérie ne reçoit pas le traitement de faveur fait mal à l'égo plus que de la voir cernée jusqu'aux coudes pour cause d'horaires débiles! Ç'a tout de même l'avantage d'en mettre quelqu'uns de plus dans ma gang de chialeux mais je dois tout de même en secouer une afin qu'elle m'accompagne dans ma recherche du responsable, mais ne trouve qu'un bête, très bête remplaçante. Message sera fait m'assure-t'on, donc je prends mon mal en patience et me croise les doigts afin que cette journée se termine à 23 hres et pas plus tard. Et c'est ce qui arriva, à ma grande satisfaction et à celle des autres parents. Cependant, me faire conduire jusqu'au métro et avoir deux heures de trajet devant moi ne m'enchante pas du tout et je laisse savoir que j'aurais bien besoin d'un arrangement plus accomodant. Non, sérieusement, je ne me vois pas seule avec ma fille dans le métro et dans le bus après minuit, personnellement, je trouve ça vraiment irresponsable. Mais je n'obtiens rien de plus que ce qui est déjà établi, voyage en voiture jusqu'à la station de métro la plus près et une demande de disponibilité pour samedi, stiiiiii, à laquelle je réponds par un non ferme et sans équivoque possible. Je prends donc sur moi d'appeler un taxi, ce qui me vaudra des frais de 75$. Quand je dis que j'habite loin de ces lieux, c'est pas une blague! J'en reviens quand même pas de voir qu'une production qui, aux dire de tous, carbure sur des millions peut se montrer si cheap, mais encore là, qu'est-ce que je peux faire? Juste m'enrager intérieurement!
Le lendemain, jeudi, appel à 14hres, décidément, ça devient une habitude! Un parent ulcéré a contacté la même dame de l'union, cette fois-ci au sujet de l'incompétente qui nous tient lieu d'enseignante. Elle me demande de lui parler à mon tour de mon expérience algébrique, ce que je fais, profitant de l'occasion pour signaler tous les autres problèmes: d'horaires, de transport, des frais de taxi, de dîners à double-standard, name it. Cette fois-ci, la dame m'écoute plus sérieusement, faut dire que je ne questionne plus, j'affirme et j'ai le ton qui frise l'impolitesse de très près, j'en ai plein le cul, ça se sent! Elle me dit que selon la convention, c'est le parent qui a le dernier mot sur l'heure à laquelle son enfant termine et que si je décide qu'après 23 hres ma fille en a plus qu'assez, ça devrait être respecté. Elle me dit que le transport à une heure si tardive devrait se faire jusqu'à ma porte et être assuré par la production, soit ils m'amènent, soit ils défraient le coût du taxi. Une petite demi-heure plus tard, je reçois la visite de l'assistant-producteur, un gars ben cool qui fait de son mieux mais qui en perd tout de même des bouts tellement il est sollicité (c'est ça quand on est cool!). Il m'affirme que tout sera fait pour le mieux, que le dîner sera pris tout le monde ensemble (ce qui est le moindre de mes soucis), qu'un professeur de mathématique sera là le lendemain, le supposé dernier jour, qu'on me remboursera mes frais de taxi et qu'une voiture sera disponible pour nous ramener à la maison le soir même et le lendemain... Yeah!! Mais maudit que c'est plate de devoir toujours péter une coche pour se faire respecter, pour obtenir ce qui est finalement déjà acquis!! La soirée se passe, et les enfants terminent à 11h15, ce qui n'est pas si mal. De plus, il y a effectivement une voiture qui m'attend, pas besoin de répéter ma demande, re-yeah! Par contre, ma fille me dit qu'elle voudrait bien être là samedi... Bof, au moins c'est la fin de semaine, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est très étrange... Faut dire que ce n'est pas elle qui deal avec tous ce fatras, c'est moi!
Vendredi, étrangement, tout va très bien, aucune tension, sauf qu'on nous demande une autre journée supplémentaire, soit mardi demain!! Oh que non!!! Là, vraiment, ça vire au cauchemard et je refuse que ma fille rate encore une journée d'école. À ce train là, on y sera encore en janvier! Certains parents acceptent, la peur au ventre qu'un refus de leur part ne leur fasse un mauvais nom dans le milieu et que leurs enfants soient écartés pour d'autres rôles. Moi, je m'en fous, enough is enough, pis là, ça fait déjà ben assez longtemps que ça traîne cette petite semaine et demi fin août! De plus, il est rare que des enfants ayant connu un certain succès deviennent des acteurs célèbres. N'est pas Charlot qui veut!
Samedi est long, pénible. L'arrivée pour 15hres encore cette fois est une promesse de soirée allongée. On me réitère la demande pour mardi, et je m'en tiens à mon 'non merci'. Je manque m'assoupir à plusieurs reprises dans le courant de la journée et je sais que ma fille n'était pas au mieux de sa forme elle non plus, avant que nous quittions la maison. J'ai hâte que ç se termine, pour d ebon! Le temps file, passe lentement, je lis... J'ai le temps de lire un bouquin et la moitié d'un autre. Enfin, j'entends les pas rapides des filles, elles ont terminé, il est 1hre passée. Je n'en peux plus, mais nous devons attendre une autre fille dont le parent a demandé un transport. Pendant ces quelques minutes, on me demande à deux reprises si je peux amener ma fille mardi. C'est toujours non, je ne veux plus rien savoir de ces gens là.
Vraiment, je pense que je ne suis pas la mère que ma fille aurait voulu, ça me désole, mais ce monde là et moi, nous sommes comme l'eau et le feu, incompatibles.
Mais j'admets, toutes les expériences de plateau sont différentes et celle-ci, aux dires de plusieurs, est une des pires à connaître. Une chose est cependant certaine: désormais, nous refuserons les figurations en continuité et encore plus dans les films américains! Lesson learned!
Cette 'comédie' a commencé en juillet dernier, alors que nous recevions une offre pour une figuration principale (!!) dans un gros blockbuster. Naturellement, les offres, ç'a toujours l'air alléchant. On nous fait miroiter le nom connu du réalisateur, ceux des grandes 'veudettes' américaines qui seront sur le set, l'expérience fantastique qui en découlera et bien sûr, l'intérêt d'ajouter ce type de performances au portfolio. Oui, la première approche contient tous les éléments de la drague, on se sent désiré, voulu, irrésistible! Et là, comme ça arrive souvent, une autre offre se présente au même moment, une série télévisée, mais celle-là requiert une audition, donc on nous suggère de sauter sur la première, puisque la demande en mariage est déjà déposée!! Ce que nous acceptons...
L'offre comme telle est relativement raisonnable, une semaine et demi de tournage fin août, nécessitant une absence en classe d'une journée. Bon, c'est ben correct, en début d'année comme ça, ça devrait être possible de récupérer assez aisément!
Essayage de costume, début août dans les grands studios au bout de la ville. Wow!! C'est impressionnant, faut avouer!! Et comme tout va très vite, nous sommes fascinés par le professionnalisme des gens qui nous reçoivent.
Première journée de tournage prévue, et c'est déjà là que ça commence à se déglinguer. Comme nous devons nous rendre à l'autre bout de l'île, nous choississons de faire le trajet en métro, une navette nous prennant à la presque fin de la ligne pour nous amener sur les lieux.
Nous sommes au point de rencontre un bon quinze minutes avant l'heure, mais pas de navette. Nous patientons, marchons un peu autour, histoire de voir si on ne nous attendrait pas un peu plus loin, mais toujours pas de navette, mazette! Je téléphone à l'agence pour mentionner le détail, mais eux non plus n'ont pas trop d'informations à ce sujet. Finalement, j'opte pour prendre un taxi jusqu'aux studios. Une fois rendues, personne ne peut me dire ce qui c'est passé avec la navette, en fait, il y a tellement de monde qu'il est impossible de trouver qui que ce soit responsable de quoi que ce soit, bref, la cohue! Pour parfaire le tout, on nous remet la petite feuille de temps, sur laquelle est indiqué le taux horaire que ma fille recevra, et là, oh surprise, un beau gros 11.25$ de l'heure est indiqué!! Ça ne couvrira même pas les frais de taxi!! Je me calme, elle veut faire son cinéma, ce n'est pas une question d'argent, mais sincèrement, je suis pas mal étonnée!Jour 2, tout va comme prévu, c'est déjà ça! Les heures d'attentes sont longues mais je suis avertie, ce n'est pas la première fois. Je m'amène du travail, mais il n'y a pas vraiment d'endroit où je pourrais m'installer pour ce faire. Bon, je sors un livre, c'est plus intéressant que de rester là à me tourmer les pouces ou à papoter sur les qualités incommensurables de ma fille comme le font les autres parents...Ouais, je suis asociale, j'aime pas trop les parents en général, et encore moins ceux qui pensent avoir donné naissance à la 8e merveille du monde, ça me donne des boutons!
Jour 3, même scénario, sauf que là, on finit pas mal plus tard que prévu, malgré que 21hrs ne soit pas si tard que ça. Il y a que dans ma tête, je compte les deux heures de transport qui s'ajoute à l'heure de départ et ça me fatigue un peu beaucoup, ça m'irrite même énormément, mais bon, je tout de même bonne figure... De plus, les filles non-membres de l'union des acteurs anglophones ont reçu une feuille de temps différente, avec un taux horaire beaucoup plus décent que le précédent, ça fait toujours plaisir!
Je perd le compte des jours, mais à un moment, le lieu de tournage diffère. Nous devons aller, tôt matin au sud-ouest de l'île, encore à deux heures de transport. Nous avons une adresse pour le rendez-vous, mais, personne n'y est, encore une fois!! Nous marchons autour de l'immense station de métro, histoire de voir où peut bien se cacher ce véhicule, que nous trouvons, finalement, dans le stationnement à l'arrière du métro, bien loin de l'adresse donnée! Au moins nous l'avons trouvé!! Nous sommes conduits dans des locaux depuis longtemps désaffectés, sur une espèce de terrain vague où tout est rouillé, brisé, non entretenu depuis des lustres. À l'intérieur du bâtiment, c'est sale, poussiérieux, presque épeurant!Au moins, il y a beaucoup moins de gens, ce qui fait qu'on peut se retrouver plus facilement. On nous annonce que la scène sera celle où les filles auront peur. J'entends une mère dire à sa fille: "Quand tu devras crier, casse ta voix, tsé, comme quand tu..." . Je ne peux m'empêcher de rigoler, c'est tellement, mais tellement nul!!!! D'autres parents tentent de pousser leur rejetons en avant, les font mousser et reluire. Moi, je me tiens loin, je n'ai aucun talent pour le marketing. La journée se passe, et nous reprenons le chemin du retour un peu plus tard chaque jour pour revenir le lendemain et le surlendemain avec à chaque fois, des changements d'avant-dernières et de dernières minutes.
Septembre arrive. Une journée a été ajoutée à notre semaine et demi. 25 septembre, donc. Je décide tout bonnement de booker un voyage pour le 26, histoire d'aller dire allo à Mémé en Haiti. Le matin du 24 septembre, on me téléphone pour me dire que la date est reportée au 26!!! Arghhhh!! Cauchemar!! Heureusement que le chum est d'accord et capable de réorganiser son horaire afin de se libérer et d'accompagner la demoiselle. Ce qui se fait en un presque rien de temps. Deux heures plus tard, téléphone encore... Ce sera pas le 26, finalement, mais les 27 et 28!!!! Ouch!! Ça commence à être compliqué... Si réorganiser une journée est possible, la refaire pour en désorganiser deux autres est une tout autre histoire!!!
Le téléphone encore!!! On opte cette fois pour le 28 et 29!! Re Arghhh!! Non, mais on va-tu jouer aux fous encore longtemps comme ça??? Ben oui, tiens, re-téléphone... On retourne au 26!!!! Là, je me fâche et je contacte une dame de l'union des acteurs anlgophones pour lui faire savoir ma façon de penser de tous ces changements. Elle me répond que c'est normal et que tout est bien comme ça!!??!! Really??? Ah ben dis donc, vive l'union!!! Je pars en voyage avec dans la tête, toutes ces modifications, me demandant ben ce qui arrivera finalement en ce beau 26 septembre! Ben, cherry on the cake, le samedi à 6 heures du matin, tout à été annulé!! J'aimais pas trop ce qui se passait, mais là, j'avoue qu'avec ça, ils m'ont scié!
Retour de voyage après une petite semaine. Des journées en octobre se sont ajoutées, encore!! 18-24 et 26... En plein les dates auxquelles mon chum doit participer à des conférences en Floride!!! Ça va être cool de tout faire toute seule en plus de poireauter comme une nouille douze heures par jour! Ok, ok... On y sera... Mais bien entendu, ça ne pouvait pas demeurer en l'état. Le 18 est devenu le 19, le 24 est, quand à lui, demeure intact, quelle surprise, c'est presque incroyable... On y ajoute cependant le 25,et on conserve le 26!! J'ai l'impression de jouer au bingo!!! Les heures d'arrivée se verront quand à elles, bousculées à qui mieux mieux pour finalement se stabiliser autour de 14hrs, ce qui regarde ben mal, car ça signifie qu'on ne sortira pas de là avant minuit, si on a de la chance! On nous promet une enseignante sur place pour que les jeunes ne prennent pas trop de retard à l'école.
Pour le 19 octobre, nous sommes attendu dans un champs perdu au nord de la ville pour 14 hrs. Il y a foule et il pleut. Les jeunes doivent être déplacés d'un endroit à un autre pour le tournage. L'autobus dans lequel nous prenons place reste englué dans la boue collante du terrain vague. Changement de bus, donc, petite marche de 20 secondes au cours de laquelle nos bottines shinées se retrouveront crottées et mouillées de part en part. Beaucoup d'attente, encore, dans une grande salle pleine de fausse fumée et très sombre, sans chauffage, c'est vraiment pénible. À 18hres 30, les filles sont invitées à aller à l'école. Quelle blague!! Les gens circulent, parlent, rient, l'enseignante ordonnent à tout ce beau monde d'aller faire un tour dehors. Par contre, elle ne peut aider les plus vieilles dans leurs devoirs, ses compétences ne vont pas jusque là! Souper dans la tente à coté du lieu du tournage. Bizarrement, il y a une zêlée qui nous court après pour savoir si nous sommes membres de l'union ou pas. Je l'ignore et nous suivons une autre employée tel que convenu. Même pendant le repas, des hurluberlus nous harcèlent pour connaître notre statut. Retour dans la salle de l'autre coté où l'école reprend. Une heure plus tard, soit à 21hres, nous apprenons que les filles peuvent quitter!! Arghhhh again!!!!!!! Non, mais, un bon souper chaud et des devoirs fait à la maison me semblent une meilleure alternative à ce que nous avons vu ce soir! Le départ en voiture est aussi difficile, plusieurs véhicules étant coinçés dans la boue qui recouvre tout le terrain.
Le 24 octobre, on me communique par courriel que l'arrivée est prévue pour 11hrs 45, retour au deuxième lieu de tournage. Ça me semble tard... Et de plus, comme les examens commencent autour de ces dates, je suis particulièrement mal à l'aise avec l'idée que ma fille manquera trois jours d'école de suite. Mais coudonc, on a accepté, faut faire ce que l'on attend de nous. Plus tard en soirée, cet horaire sera encore une fois modifié, et il le sera encore quand je ferais l'appel à l'agence à 6hrs du matin. Nous serons donc là tel que le répondeur nous l'apprend, pour 15hres, et je rage!!! Je rappelle la dame de l'union, pour apprendre qu'un mineur engagé sur une production peut faire 10 heures de travail par jour et deux heures de temps supplémentaire si c'est le souhait de la production et que nous aurions dû être au courant de tout ça quand nous avons signé le contrat. Quel contrat??? Je n'ai signé aucun contrat! Je signe des feuilles de temps au jour le jour et rien ne m'attache à ce qui me semble une triste comédie où les jeunes sont pris en otage par un malade de la pire espèce, un inconscient qui croit que la vie de tous tourne autour de son projet à la mord moi le noeud!. Penser que ma fille pourrait sortir de là entre 1 et 3 heures du matin me fait royalement suer! Je discute de la situation avec les autres parents et certains sont de mon avis: Ça juste pas de bon sens! Nous nous entendons donc pour faire savoir ce que nous en pensons à l'heure du dîner, ce qui sera probablement autour de 20hrs 30. Entre temps, l'école se fait, dans un petit coin, et ma fille vient me voir avec un problème d'algèbre, me disant que l'enseignante me l'envoie pour de l'aide, car c'est trop difficile pour elle!!
L'heure du dîner arrive, et à notre surprise, les filles membre de l'union iront manger à un autre endroit que les autres. Elles auront un choix de cinq plats, alors que le commun des figurants n'en aura qu'un. Les desserts seront aussi variés, alors que le commun des figurants se verra offrir un brownie sec. Étrangement, c'est ce qui a le pouvoir de faire sortir de leurs gonds les parents 'vendeurs'. Imaginer que leur petite chérie ne reçoit pas le traitement de faveur fait mal à l'égo plus que de la voir cernée jusqu'aux coudes pour cause d'horaires débiles! Ç'a tout de même l'avantage d'en mettre quelqu'uns de plus dans ma gang de chialeux mais je dois tout de même en secouer une afin qu'elle m'accompagne dans ma recherche du responsable, mais ne trouve qu'un bête, très bête remplaçante. Message sera fait m'assure-t'on, donc je prends mon mal en patience et me croise les doigts afin que cette journée se termine à 23 hres et pas plus tard. Et c'est ce qui arriva, à ma grande satisfaction et à celle des autres parents. Cependant, me faire conduire jusqu'au métro et avoir deux heures de trajet devant moi ne m'enchante pas du tout et je laisse savoir que j'aurais bien besoin d'un arrangement plus accomodant. Non, sérieusement, je ne me vois pas seule avec ma fille dans le métro et dans le bus après minuit, personnellement, je trouve ça vraiment irresponsable. Mais je n'obtiens rien de plus que ce qui est déjà établi, voyage en voiture jusqu'à la station de métro la plus près et une demande de disponibilité pour samedi, stiiiiii, à laquelle je réponds par un non ferme et sans équivoque possible. Je prends donc sur moi d'appeler un taxi, ce qui me vaudra des frais de 75$. Quand je dis que j'habite loin de ces lieux, c'est pas une blague! J'en reviens quand même pas de voir qu'une production qui, aux dire de tous, carbure sur des millions peut se montrer si cheap, mais encore là, qu'est-ce que je peux faire? Juste m'enrager intérieurement!
Le lendemain, jeudi, appel à 14hres, décidément, ça devient une habitude! Un parent ulcéré a contacté la même dame de l'union, cette fois-ci au sujet de l'incompétente qui nous tient lieu d'enseignante. Elle me demande de lui parler à mon tour de mon expérience algébrique, ce que je fais, profitant de l'occasion pour signaler tous les autres problèmes: d'horaires, de transport, des frais de taxi, de dîners à double-standard, name it. Cette fois-ci, la dame m'écoute plus sérieusement, faut dire que je ne questionne plus, j'affirme et j'ai le ton qui frise l'impolitesse de très près, j'en ai plein le cul, ça se sent! Elle me dit que selon la convention, c'est le parent qui a le dernier mot sur l'heure à laquelle son enfant termine et que si je décide qu'après 23 hres ma fille en a plus qu'assez, ça devrait être respecté. Elle me dit que le transport à une heure si tardive devrait se faire jusqu'à ma porte et être assuré par la production, soit ils m'amènent, soit ils défraient le coût du taxi. Une petite demi-heure plus tard, je reçois la visite de l'assistant-producteur, un gars ben cool qui fait de son mieux mais qui en perd tout de même des bouts tellement il est sollicité (c'est ça quand on est cool!). Il m'affirme que tout sera fait pour le mieux, que le dîner sera pris tout le monde ensemble (ce qui est le moindre de mes soucis), qu'un professeur de mathématique sera là le lendemain, le supposé dernier jour, qu'on me remboursera mes frais de taxi et qu'une voiture sera disponible pour nous ramener à la maison le soir même et le lendemain... Yeah!! Mais maudit que c'est plate de devoir toujours péter une coche pour se faire respecter, pour obtenir ce qui est finalement déjà acquis!! La soirée se passe, et les enfants terminent à 11h15, ce qui n'est pas si mal. De plus, il y a effectivement une voiture qui m'attend, pas besoin de répéter ma demande, re-yeah! Par contre, ma fille me dit qu'elle voudrait bien être là samedi... Bof, au moins c'est la fin de semaine, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est très étrange... Faut dire que ce n'est pas elle qui deal avec tous ce fatras, c'est moi!
Vendredi, étrangement, tout va très bien, aucune tension, sauf qu'on nous demande une autre journée supplémentaire, soit mardi demain!! Oh que non!!! Là, vraiment, ça vire au cauchemard et je refuse que ma fille rate encore une journée d'école. À ce train là, on y sera encore en janvier! Certains parents acceptent, la peur au ventre qu'un refus de leur part ne leur fasse un mauvais nom dans le milieu et que leurs enfants soient écartés pour d'autres rôles. Moi, je m'en fous, enough is enough, pis là, ça fait déjà ben assez longtemps que ça traîne cette petite semaine et demi fin août! De plus, il est rare que des enfants ayant connu un certain succès deviennent des acteurs célèbres. N'est pas Charlot qui veut!
Samedi est long, pénible. L'arrivée pour 15hres encore cette fois est une promesse de soirée allongée. On me réitère la demande pour mardi, et je m'en tiens à mon 'non merci'. Je manque m'assoupir à plusieurs reprises dans le courant de la journée et je sais que ma fille n'était pas au mieux de sa forme elle non plus, avant que nous quittions la maison. J'ai hâte que ç se termine, pour d ebon! Le temps file, passe lentement, je lis... J'ai le temps de lire un bouquin et la moitié d'un autre. Enfin, j'entends les pas rapides des filles, elles ont terminé, il est 1hre passée. Je n'en peux plus, mais nous devons attendre une autre fille dont le parent a demandé un transport. Pendant ces quelques minutes, on me demande à deux reprises si je peux amener ma fille mardi. C'est toujours non, je ne veux plus rien savoir de ces gens là.
Vraiment, je pense que je ne suis pas la mère que ma fille aurait voulu, ça me désole, mais ce monde là et moi, nous sommes comme l'eau et le feu, incompatibles.
Mais j'admets, toutes les expériences de plateau sont différentes et celle-ci, aux dires de plusieurs, est une des pires à connaître. Une chose est cependant certaine: désormais, nous refuserons les figurations en continuité et encore plus dans les films américains! Lesson learned!
C’est tout un long métrage que cette histoire. J’ai commencé à lire ton scénario le 29 octobre pis j’ai terminé le 30, 24 heures plus tard.
RépondreEffacerTout ça pour de la figuration? C’est horriblement exigeant ce métier.
Ce qu'on ne ferait pas pour nos enfants!
Tu sais, je ne veux même pas voir le film!!! Et oui, pour la figuration, pas même de om au générique!! Mais je te jure qu'on ne sera plus avoir, c'est trop abrutissant!
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