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La ville, la plage, le vent (28 septembre)


Tôt matin, je me sens cependant reposée, malgré ma nuit passée à écouter les sons ambiants. Il y a un truc vraiment bizarre qui se promène sous mes fenêtres et je ne peux l'identifier.  Cet animal émet un cri qui me semble être un mélange du son d'un gros crapaud en colère et de canard blessé.  C'est vraiment intriguant!   Je descend pour le café, l'omelette et la douche froide et je demande autour de moi de quoi il peut bien s'agir.  On me dit une chouette!! Ah ben non, voyons donc, les chouettes, je connais et oui, il y en a une, mais elle crie normalement, comme une chouette, quoi!  Je suis toujours ignorante à ce sujet, alors les lecteurs qui ont séjourné à Piano Piano auparavant, éclairez-moi si vous le pouvez!!

Cette journée commence vite, nous devons nous rendre en ville pour régler des trucs à l'école où Emma ira dans quelques jours.




Traffic, traffic, comme je l'ai déjà dit, mais je ne m'en lasse pas, la circulation est plus qu'intense.  Il y a des commerces partout, des boutiques oui, mais aussi des étals installés à la va-vite, proposant des produits alimentaires de toutes sortes...et bien entendu, des cellulaires!!  


Digicel n'est jamais bien loin..
Marie en profite pour changer de l'argent américain.  Comme je ne me doutais pas de cette occasion, je n'ai qu'un gros 40$ sur moi et je le change aussi.  Elle jase avec l'homme, au détriment de toutes les règles de sécurité que les agents de voyage se fendent en quatre à nous apprendre. Il sort de sa poche une énorme liasse de billets tous froissés, décolorés, humides.  C'est impressionnant!  Pis mon petit 40$, deux billets de 20$, deviennent une méchante galette une fois converti en gourdes.  C'est pas sérieux, j'ai le porte-monnaie qui refuse de se refermer!


Direction l'école de soeurs d'Emma!

Beaucoup plus agréable que nos cours d'asphalte, non?
Elle est jolie, cette école.. tout en blanc et bleu.  Ça n'a pas l'air bien méchant, contrairement à ce qu'Emma en raconte. L'espace extérieur est vaste, planté d'arbres, propre.  Par contre, les toilettes, en effet, sont étonnamment dégoutantes pour un haut lieu du savoir!

Ok, j'entends déjà les blagues.. Non, je passe pas ma vie à chercher des toilettes, mais je suis à un déjà à un  âge où le besoin ne veut plus, ne peut plus attendre ben ben longtermps et votre tour viendra, je le sais.

Une chose qui me fascine, c'est le nombre d'école qui s'affichent sur les rues.  Il y a des écoles partout à Port-au-Prince et aussi dans cette petite ville de Jacmel.  Certaines sont très grandes et ont l'air rès officielles, comme celle où nous étions, mais plusieurs autres semblent n'être que des maisons privés converties en classes.

Nous retournons à Piano Piano, mais pour quelques instants seulement.  Nous nous rendons à Ti-Mouillage pour le lunch, malgré le ciel qui s'alourdit de gros nuages gris.

Ti-Mouillage, c'est trop beau!  On y entre par l'Hôtel de l'Amitié, encore ici en blanc et bleu.  Beaucoup de gens sont attablés à un long comptoir à l'intérieur, occupés à regarder la télé, à se raconter je ne sais quoi.


Nous passons un petit chemin de pierre pour arriver à la cours arrière, vue sur mer!! Wow!  Pas de verre brisé ici, enfin, je n'en ai pas vu.  C'est tout simplement magique, avec ces gros nuages qui donnent à l'eau une couleur d'argent.  Nous mangeons bien, en compagnie de quelques chiens qui se régaleront bientôt de mes restes de poulets sauce plutôt piquante!  C'était délicieux!




À notre retour, un repos s'impose.  La chaleur, le changement, toutes ces nouveautés qui s'offrent au regard me laissent dans un état de langueur indescriptible.  Je sommeille un bon moment, paresseusement.  Quand je me décide enfin à réapparaître, j'apprends que des visiteurs s'amènent bientôt.  L'aide humanitaire débarque à Piano Piano, qui pour une bière, qui pour une conversation, qui pour une épaule où se reposer.  Et c'est là que je constate que ces gens sont bien déprimés et avec raison.  Les progrès espérés sont lents à se concrétiser.  Certains sont près d'un départ souhaité, et dans un cas, un départ très anticipé.  Entre les conflits internes, les déceptions, les tourments de toutes sortes, tous les efforts qu'ils mettent dans leur travail leur semblent parfois bien vains.  Mais ça ne les empêchent pas de rigoler et de s'amuser, après tout, ils sont venus à Piano Piano pour ça et la célèbre Prestige participe à ce moment de répit bien mérité.



Et vient le moment d'aller dormir.  Ah.. Quelle nuit!!! Un vent sans fin m'accompagne jusqu'au matin, qui lui, semblait ne jamais vouloir venir!  Les murs tremblait, le bois craquait, les fenêtres hululaient.  J'étais pas trop brave, sous ma moustiquaire, même pas étendu, mais bien ramassée en petite boule serrée.  J'ai bien cru un moment que le nid d'aigle ne tiendrait pas le coup, et que mes deux petites portes battantes allaient l'aider à s'envoler bien loin, tellement que ça soufflait fort mais au matin, tout s'est soudainement calmé et j'ai pu dormir un peu.  Au réveil, j'avais les muscles endoloris à force de me raidir sous les assauts du bruit.


Commentaires

  1. Pour changer de l'argent à la banque, ça demande une sacrée patience. Que je ne possède évidemment pas.
    Contrairement à la plupart des pays, il n'y a aucun danger à changer de l'argent dans la rue. Pas plus à Port-au-prince qu'à Jacmel. Les Haïtiens sont très honnêtes pour la plupart, et l'industrie du fourrage-de-touristes n'est pas encore arrivée ici!

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  2. En réponse à l’énigme du jour, soit l’identification de l’animal étrange, voici mes hypothèses.

    Si la chouette a mangé un canard, c’est une chouette métissée et elle cancane.
    Si le crapaud a mangé la chouette, ce qui est possible puisqu’un auteur célèbre a déjà écrit que la grenouille ou le crapaud aspire parfois à devenir aussi grosse que le bœuf, alors le crapaud sous ta fenêtre hulule.
    Et un crapaud qui hulule, ben c’est drôlement chouette, bien plus qu’un canard qui coasse.

    Attention! Il faut y aller piano, piano avec cette interprétation!
    Quel pays étrange qu’Haïti, n’est-ce pas?

    Le récit de ce court voyage est très intéressant. Tu me fais voyager par procuration, là.

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