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Samedi vaudou (29 septembre)

Désolée pour l'intermission due à un méchant microbe qui semble trouver mon rein très confortable.   On tente toujours de le déloger, en vain, il s'accroche et prend ses aises.

Ce samedi fut des plus occupé, pas une minute tranquille, à part en fin de journée, et pour mieux s'éclater le soir venu.  Mémé est une femme d'affaire occupée avec un agenda aux pages bien remplies.  Rendez-vous ici, là-bas, ailleurs, il n'y a pas une journée où elle peut se poser et relaxer..;-))  Et aujourd'hui, elle est survoltée, son effervescence est palpable.  La raison de cet état d'agitation est la danse vaudou de ce soir, à la cour David.

On débute avec une visite chez une dame qui fait office de médecin-feuille et prêtresse vaudou blanche (déjà-là, je ne suis plus!).  Jolie maison, mais elle en demande 200,000$US!!!! C'est un peu beaucoup, à mes yeux, mais qu'est-ce que j'en sais?  Elle propose des bains de feuilles et autres spécialités.  Bref, une petite commandite lui ferait du bien.  Le tour de son domaine plutôt joli nous occupe un petit moment.  Et Mémé qui y va de sa phrase-fétiche du jour:  'Tu viens à la danse vaudou, ce soir?'  J'ai pas fini de l'entendre, cette phrase!

De là, nous passons à la plage.  Il fait déjà chaud, la Prestige coule à flot et personne ne s'en plaint, après tout c'est samedi ici comme ailleurs.  Nous y passons l'après-midi, à lire, discuter, regarder.  Au retour, je dois aller dormir un peu, c'est la faute à la Prestige et je sais déjà que je vais passer ma soirée à boire de l'eau! Oui, nous allons à la danse vaudou, mais avant, nous allons diner chez deux policiers de la Mission des Nations Unis pour la stabilisation en Haiti (MINUSHTA).  Ils sont installés dans un genre de petit hôtel particulier bien caché dans une ruelle qui ne paie pas de mine.
Gogo en grande conversation
 Quelle surprise, une fois les grandes portes ouvertes, de voir un lieu très spacieux, avec une terrasse couverte, quelques chambres de chaque coté des murs.  Une immense piscine creusée en occupe le centre, ce qui serait fantastique si seulement la piscine n'était pas vide!!  Les pâtes sont délicieuses, on en reprend, et nos hôtes tellement drôles qu'on a pas envie de les quitter, malgré l'heure fatidique qui arrive bientôt.  Et Marie y va de son refrain:  "Vous venez à la danse vaudou? Anweyé donc! C'est le fun!"  Mais non, ils ont d'autres obligations et nous quittons donc pour rejoindre la demoiselle de la Croix-Rouge à qui Marie a donné rendez-vous près d'un bar.  Il faut user de ruses de Sioux pour semer le chauffeur de la dame, ces gens de la Croix-Rouge étant sous haute surveillance et ne pouvant circuler en ville qu'accompagner d'un chaperon!! Mine de rien, nous arrivons tous les quatre dont deux déjà passablement vaudouisés au vin rouge et à la Prestige (Gogo et Marie, bien entendu!).  Encore des ruelles, des chemins de terre, fait noir en crisse, et finalement, un visage connu de Marie, elle fait monter dans la voiture un jeune garçon avec qui elle rit beaucoup.  Gogo stationne près de grandes herbes qui me donnent la frousse, je n'ai aucue idée de ce qui peut s'y cacher, mais je gère comme une grande et nous voilà à la cour David où Marie, en pays de connaissance, embrasse et salue à qui mieux mieux.

Je suis quelque peu mal à l'aise d'être là, étrangère parmi ces gens qui se rassemblent avec un but commun, un but spirituel que je ne peux partager.  Ma relation au vaudou est entachée de mauvais souvenirs, j'éprouve de la difficulté à faire la part des choses.  Disons que le vaudou que j'ai rencontré de très près est fait de noir et rouge, de diables et d'anges vengeurs, de franc-maçonnerie, d'ésotérisme malsain à un point qui ne s'invente pas.  Et ça m'a fait très peur.  Donc, je suis là, à regarder ces dames toutes de blanc vêtues, leurs têtes ceintes de fichus rouges, qui dansent doucement, balancent rythmiquement des hanches au son des tams-tams et autres instruments de bois.  C'est drôlement calme et plus réconfortant que ce que j'ai connu.  Je m'attendais à un truc un peu plus hardcore, même si je me doutais que ça n'aurait rien à voir avec mon expérience antérieure de jugement par le prêtre, au cours duquel je me suis retrouvée nue, à me faire cracher du rhum au visage et partout ailleurs, à me faire saupoudrer de farine ou de je ne sais quoi qui y ressemble, rouler dans des draps et remiser pour la nuit.  Non, ce vaudou là n'est pas ici.  On en verra cependant un petit peu lors d'une visite à la galerie d'art, quelques jours plus tard.



Marie, par contre, est loin d'être calme.  Elle tient à me présenter un jeune homme qui m'écrit parfois sur FB.  Olala! Quel jeune homme, en effet.  Il est grand, bien découpé, l'air timide, c'en est drôle, j'ai l'impression qu'il ne sait trop comment se comporter.  Mais Marie se colle sur lui et ne lui donne pas tellement le choix de participer à sa danse, tout en me chuchotant à tue-tête:  "Eille, yé cute, tu devrais partir avec... ".  Elle me fait bien rire, car même si l'envie me prenait de partir avec lui, ce qui est drôlement hors de question, je devrais d'abord la décoller de lui, et non, je n'en ai pas le courage, elle a l'air trop confortable.  Ils disparaissent un moment pour mieux réapparaître plus collés que jamais, oscillants au même rythme que les dames en blanc.  Et puis tout à coup, plus de Mémé... Où est-elle?? Je repère Gogo qui me dit qu'il vient de déposer notre pauvre Mémé épuisée sous un arbre.  J'aime pas.. Pas que je ne fasse pas confiance au gens de la cour David, mais tout de même, Mémé seule sous un arbre, ça ne me plaît pas.  Nous nous dirigeons tous vers...la sortie? le chemin? je ne sais trop, enfin l'endroit où nous semblons pouvoir quitter la fête, mais qui nous apparaît soudainement avec des airs de Jack-in-the-box? Mémé!!! Plus dansante qu'auparavant, plus souriante que jamais... mais, non...ça ne va pas...  Mémé, t'es trop, mais trop partie, ça ne va pas...   Il faut la ramener à la voiture de force, et c'est Gogo qui se charge de la porter jusque là!  Mémé se promettait une fête du tonnerre et elle s'y est donnée à 200%.

Seul problème... La radio d'auto de Gogo a disparu!  Ce qui est tout de même étonnant puisqu'ici, il semble que tout le monde se connaît et s'adore...  Mais, il y a aussi des gens d'ailleurs qui circulent et viennent à la fête avec en tête l'idée de prendre avantage de toute situation.  C'est pas de jeu, mais c'est comme ça!

Le lendemain, trauma en la demeure.  Tout le petit peuple de la cour David est scandalisé d'avoir vu Mémé en compagnie rapprochée avec ce grand jeune homme!! Moi j'ai rien vu, rien de plus que de la danse très très collée, mais je ne les ai pas suivi partout non plus...alors...bénéfice du doute!  Je crois que les habitants de la cour David sont bien collets montés, non? Quand bien même il y aurait eu tout ce qu'on peut s'imaginer, on remet tout ça sur Mémé la dévergondée??? Et le jeune homme lui? Il ne pouvait dire non, ne pouvait quitter?? Peut-être bien que non, à bien y penser...

Commentaires

  1. … « ces gens qui se rassemblent avec un but commun, un but spirituel que je ne peux partager. »
    Quel est ce but commun, ce but spirituel?
    Tu parles peu de cet aspect de la fête, des rites qui y sont pratiqués. Ça me semble l’occasion d’un gros party où on danse, on s’amuse, on trinque et lalalère.
    À quelle fréquence ont lieu ces cérémonies? Qui y est invité? Qu’est-ce qu’on y pratique hormis cette « danse des dames en blanc »?`Très joli.

    J’aime bien ta vidéo qui nous rend un peu l’atmosphère.

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  2. Caboche, en toute honnêteté, je ne sais pas. Je sais qu'il y a des danses, des cérémonies qui sont organisées très régulièrement, pour toutes sortes de raisons. La danse, les chants, la musique y sont toujours présents. Pour ce que j'en comprends, le vaudou, au-delà de son coté religieux, est une conception du monde, une façon d'entrer en contact avec les éléments, de faire un avec la nature, c'est la pulsion de vie (la libido, pour faire freudien??) qui s'exprime et c'est très loin de notre mentalité nord-américaine. Pour nous, oui, ça l'air d'un gros party où tout le monde se bourre, et je crois bien que c'est aussi le cas pour certains Haitiens. Par contre, pour d'autres, et je crois, la majorité, ça donne un sens au monde, ça situe l'humain dans le monde, mais là, je te dis ça comme ça, juste par intuition. J'imagine que pour vraiment ressentir ce qu'est le vaudou, on doit être né dedant. Désolée de ne pas avoir de meilleure réponse à te donner...;-(

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