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Et c'est là que, soudainement... (1er octobre)

À Jacmel, vous pouvez toujours compter sur un coq ou deux pour vous annoncer que la sieste est terminée, et ce, à toute heure du jour, mais il n'y a pas qu'eux qui s'énervent avec ça.  Quand les vaches décident que c'est assez, on lève et pas qu'un peu! Se faire réveiller par les vaches est un événement qui restera marqué dans ma mémoire, j'en suis convaincue!

Il est tôt, comme d'habitude.  Après le café et l'omelette, Mémé annonce qu'on part en ville, yeah!!  J'aime les villes, je m'y sens à l'aise, plus que dans les campagnes, même si j'ai amélioré ma performance à ce sujet depuis quelques années.  Une rue, je connais, un paté de maisons aussi, j'y ai mes repères, j'en connais les codes.  En ville on ne peut pas se perdre, enfin presque pas!  Bon, ok...En ville on peut se perdre, mais disons que c'est pas aussi chiant que de se perdre en plein milieu bucolique et d'avoir à marcher des heures et des heures sous un soleil de plomb avant d'apercevoir, enfin, un panneau indicateur qui n'indique rien du tout!


On laisse Gogo dans un café en bonne compagnie et nous partons à l'assaut du marché.  À l'assaut, oui, parce que du monde, il y en a, même si c'est lundi et que c'est donc pire les week ends.  Des étals de toutes sortes, des produits alimentaires, des souliers, des vêtements, des épices, et... la viande!! C'est toujours très instructif pour nous, habitués des supermarchés stérilisés (ou presque), de se retrouver nez-à-nez avec une énorme carcasse d'animal non-identifiable.  Et l'odeur... Plus on s'approche, plus ça s'intensifie, odeur métallique de sang, de décomposition fugace, de fin de vie.  Ça se tolère tout de même mieux que les émanations indescriptibles des piles de déchets qui jonchent, en quantité phénomale, l'arrière du marché et que des hommes, armés de pelles et de fourches, s'affairent à remuer, à déplacer.  Je veux du café en grain, mais tout ce qu'on me propose est déjà moulu, tant pis!

Photo from haitixchange.com
Nous descendons vers la mer par un chemin fait d'escaliers en gradin sans fin.  L'architecture est intéressante, mélange de colonial français et de créativité haitienne colorée, fer tarabiscoté.

Photo from haitixchange.com


Nous arrivons au célèbre Hotel Florita... qui a, à ce qu'on me dit, une très grande réputation... à mon avis absolument surfaite, mais c'est pas grave! Ce qui est le plus étrange dans ce lieu, ce sont les gros coussins sur les fauteuils.  Ils ont l'air humides et franchement dégueulasses.  L'endroit est sombre, ne dégage pas aucune chaleur humaine, bref, je ressens le même désintérêt qu'à la fumeuse Bodeguita de La Havane, où le serveur à l'air super bête a réussi à me faire perdre le goût des mojitos.  Et c'est malheureusement ici que mon appareil photo a décidé de me lâcher...;-(

Pour finir notre virée, nous visitons une galerie d'art tout près de la mer.  Tout y est fascinant, les sujets traités, les couleurs et les formes tellement typiques de l'art haitien.  Je reste pétrifiée devant les représentations vaudou maléfiques, croix de métal tordues, pliées, brûlées, oeuvres de papier mâché, en particulier un énorme masque de diable tout noir avec une bouche aux dents acérées et des cornes immenses qui siège dans un coin et qui m'attire tout en m'effrayant.  Ok... Direction la sortie, et comme Gogo est toujours occupé, c'est en moto que nous rentrons à Piano Piano et c'est encore à moto que nous en sortons quelques instants plus tard, direction Plage Raymond.

Après-midi relaxe à regarder descendre le soleil sur la mer.... Ahaha.... Non, pas tout à fait!  C'est chaud, c'est beau, nous mangeons je ne sais quoi, c'est bon.  Des morceaux de viande rôtie et épicée avec salade très, mais très relevée...Waooooo!!!  Il me semble que nous avons soudainement beaucoup de compagnie à notre table... Il y a le grand jeune homme de samedi, que nous avons invité à se joindre à nous...  Il y a Gogo et Emma.. Il y a... le rasta qui tente de me vendre sa pacotille depuis 5 jours et à qui je résiste, mais pour pas plus de 10 minutes... deux colliers, deux bracelets de breloques et voilà, merci!  Je me colle les écouteurs aux oreilles et enfile du Manu Chao en boucle, il me suit partout depuis 15 ans, ce cher Manu, alors je partage aussi Haiti avec lui.  Il y a Gogo devant moi, qui a aussi ses écouteurs et qui oscille devant derrière, gauche droite... Est-ce le piquant de la salade ou le vaudou du matin... peut-être la Prestige qui fait son boulot, mais me voilà debout, j'impose un de mes écouteur à Gogo et on s'élance comme des pros du reggae, sans crier gare, sans faux mouvement...Et ohhh!! Que ça groove, j'adooooooooooore!! Comme il n'y a que nous deux pour connaître le rythme, les autres se marrent, les jaloux!!! On s'en fout, les contorsions se succèdent, frôlements, déhanchements... J'entends Mémé qui rit grave!!!  Et ça s'arrête aussi soudainement que ça a commencé.  

Marie insiste pour que j'ajoute les photos,
au risque de faire verdir bien des gens,
mon homme le premier!!

Mais ce n'est pas tout!  Ça ne pouvait en rester là.  Je marche au bord de la mer, toujours avec Manu dans mon oreille, et je laisse aller, je sautille, je danse, je tourne, je balance!! C'est contagieux, Marie me rejoint et nous batifollons dans les vagues, dans la nuit qui tombe comme s'il n'y avait pas de lendemain, main dans la main, en chantant à tue-tête, en riant!  Moment magique s'il en eut un, rare et précieux, une harmonie des sens et des mouvements qui me fait chaud au coeur, parce que maintenant, je sais, je sais qu'elle et moi, on ne peut que bien s'entendre.  

Et puis, coup de tonnerre!! Une voix au loin qui crie : Maman, maman, tu me fais honte!!!  Quoi, je suis déjà de retour chez moi?  Non, c'est Emma, qui, du haut de son adolescence toute neuve, n'accepte pas que les adultes puissent se conduire en ados.  Je connais, c'est pareil avec ma fille!

Retour?? Je ne sais pas, je ne sais plus.  J'ai du dormir très bien, très vite.  Pour savoir si des événements importants ont pris place suite à cette sauterie improvisée, faudra demander à Marie... Moi, j'ai déconnecté!

Commentaires

  1. Esties d'ados à marde!

    Oups!

    Ahhhh! Ces charmantes chéries, dis-je!

    ;-)

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  2. Si tu veux quelques photos de Jacmel pour tes souvenirs, fais moi signe. J'en ai de notre séjour de cet été!

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    1. Absolument!! Ça me ferait bien plaisir!! Merci beaucoup! je suis à searabbit gmail!

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  3. J’aime bien ton carnet de voyage, il me fait voir Haïti d’un autre œil. La seule vision que j’en avais était celle donnée par des reportages journalistiques, c’est bien différent.
    Une belle expérience pour une courte semaine « touristique ».

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    1. Merci Caboche! Oui, avec ce que les journaux nous donnent à voir, on oublie qu'il y a aussi des gens qui vivent et survivent. Jacmel est très favorisé par rapport à Port-au-Prince, enfin, je ne dis pas que tout y est parfait, mais que de par sa situation, les gens y vivent certainement mieux!

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