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Les jours se suivent

Autre session, autres écrits.  Cette fois, les consignes sont multiples, il y a un thème (décrire un sentiment sans le nommer) et on doit jouer avec les signes et ce sur une page... 300 mots max!.

Je suis pas très à l'aise dans cette classe qui est si différente de la précédente.  Toute ma belle gang d'allumés du clavier, sauf un, sont dans l'autre groupe.  Je vis ça comme un exil, pis c'est ben de ma faute!  Je voulais ce prof là pis je l'ai bon... faut que je vive avec maintenant, même si l'adaptation est difficile.  Nous travaillons la ponctuation et c'est intéressant de voir tout ce qu'on peut obtenir d'un texte en changeant des virgules pour des tirets ou des points par des blancs.  J'aime le travail fait en classe, les modifications en temps réels, drette devant ma face, parce que moi toute seule dans mon coin, je vois rien. Je deviens inerte.  Aveuglement pas volontaire, je vois juste rien de ce qui pourtant saute aux yeux quand c'est pointé du doigt en classe.  Faut croire que j'ai encore ben du chemin a faire avant de prétendre à une maîtrise de quoi que ce soit...

Aussi, je suis un peu démotivée... Climat de merde, cours d'histoire de l'art au travail gros comme une montagne mais dont je sais très bien que c'est pas si pire finalement... mais j'ai pas envie, c'est juste ça... Je pourrais tout laisser tomber, ce serait pas la première fois mais pourquoi?  J'ai juste envie de rien pour un petit moment, déprime d'hiver, ça arrive, alors autant s'accrocher en attendant que ça passe, parce que le secret, il est là, ça passe tout le temps, même si ce temps là est long un peu... long beaucoup même?

En tout cas, voilà le résultat d'un travail sur lequel j'ai vraiment pioché, pour lequel j'ai demandé des lectures et des relectures et qui compte finalement pour des peanuts et c'est là toute la beauté de la chose.  Un gros merci à tous ceux qui ont participé!


 Les jours se suivent
Revenir à la vie.  Ses yeux refusent d’en fournir l’effort. À quoi bon s’ouvrir encore? La nuit devrait lui sceller les paupières pour de bon. Les draps rêches, humides de mauvaise sueur collent à sa peau. Se déplier, s’extirper d’eux est une bataille récurrente. Prière muette (pour une fois mon Dieu) d’en rester prisonnier.
Souffrance… ses pieds roulent plus qu’ils ne marchent.  Leurs articulations usées, comme la trame laineuse couvrant le plancher crasseux protestent. Il urine debout, sans viser, dans un état second.  Le jet chaud éclabousse le pourtour de la faïence cloutée de rouille.  Il s’en fout. Au sol, une souillure aqueuse et nauséabonde efface le motif des tuiles. La brosse à dent sur le coin de l’évier se couvre d’un duvet blanchâtre, tout son menton hirsute , reproches du temps passé à se négliger. 
Entre les rideaux défraîchis, un ciel jaunâtre lui tombe sur la gueule sur fond d’asphalte monocorde.  Partout des cadavres, métalliques montures aux teintes criardes. Des mouettes tournoient au-dessus du parking mouillé. Les nuages sont là pour rester. Pression distraite sur le bouton « ON » de la cafetière. Pupille atone s’embrasant dans le reflet du voyant rouge.  Crépitement liquide sur les parois de verre de la carafe. L’odeur fade et grasse soulève le cœur. Nu, tasse à la main, il se prosterne devant l’écran du portable.  Aucune hâte d’apprendre les dernières frasques présidentielles.  Y a-t-il encore quelqu’un pour s’en indigner?
Résigné, il plonge tête première vers l’écran plat.  Il en restera prisonnier jusqu’à la dernière goutte.





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