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Messages

Éveil

Une fois terminé avec ce besoin irrépressible, elle relève culotte et pantalon et tire la chasse d’eau.   Elle se tiraille un peu avec le loquet mal fixé et sort du cabinet. Se tournant vers le lavabo afin de se savonner les mains comme on le lui avait appris à l’école primaire, ses yeux s’agrandissent à la vue de l’espace qui apparaît dans le miroir fixé au mur devant elle. Rien à voir avec le lieu d’il y a à peine quelques minutes, même son reflet en est absent ! Elle a découvert un passage vers une autre dimension, un espace-temps outre-terre, sinon elle a bel et bien perdu la raison ! Dans le bleu profond d’un cosmos de pacotille, éclairé de lanternes chinoises en guise d’étoiles, une femme se tient, juste derrière elle. Elle est raide de hauteur et de maigreur, son teint est maladif, ses cheveux longs, légèrement bouclés sont échevelés, parsemés de brindilles et de feuilles mortes. Elle grimace d’un air fâché, rageur, toutes dents exposées, prédatrice sans scrupule. Sa robe,

Trève de vie

 Mort - C'est le mot du jour Y a pas à dire, c'est la joie ce défi d'écriture...Pour débuter et tout au long, on nous met la tête dans nos cacas mentaux avec toutes ces analyses psy et plus... puis on nous ramène à notre finalité irrémédiable à deux jours de Noël... Vive la joie 😁 Je demande un temps mort. Arrêt sur image, rien ne bouge plus. Souffle rétracté. Panne sur l'autoroute de la vie, sans espoir que ça ne reparte parce que stoppé dans son élan, brisé comme une vague sur la plage.  J'ai pas envie de parler de ça, ça me terrifie, me liquéfie. La souffrance des survivants est insoutenable, ce puit sans fond de tristesse, l'absence à l'infini, le manque viscéral qui ne se vit que dans les tripes, la peur du vide, l’angoisse de la vie sans eux, sans lui, sans elle. Je ne sais pas consoler, trouver les mots qui font du bien, j’ai trop conscience que rien ne peut aider, rien ne changera quoi que soit. Je me projette dans un avenir certain et une issue com

Souper de filles

 Les femmes, toutes d'âge mûr, s'éparpillaient comme des libellules à la sortie des bureaux.  Certaines avaient pris l'habitude de se retrouver, les vendredis, pour dîner dans un restaurant local. Elles apportaient leurs bouteilles de vin et les verres se remplissaient et se vidaient à grande vitesse, pour oublier l'enui des semaines se répétant à l'infini.  Très vite, suivant leur taux d'alcoolémie grandissant, elles se détendaient enfin, leurs rires éclatant en trompettes, fusant en cascades. Les discussions allaient bon train jusque tard dans la nuit. Le serveur devait les faire sortir à grands coups de gueule, lui aussi riant de ces soirées où le vin était roi, où ces femmes étaient reines d'un royaume fictif, le restaurant du coin.  Image par StockSnap de Pixabay

Scrapbook

 C’était un grand cahier, qu’on appelait alors scrapbook. De dimensions inhabituelles, il demeurait à la maison.  On y mettait tout et n’importe quoi, des histoires, des bouts de vie, des collages, des fleurs séchées, des dessins, toutes ces petites choses qui marquent notre passage dans un temps donné, recueil des traces des préoccupations du moment. Je n’en ai gardé aucun et ça m’attriste. Il devait s’y trouver bien des réponses aux questions existentielles et identitaires qui vivent toujours en moi. Ou, ce n’était que des bêtises, une occupation pour jours de pluie, sans arrière-pensées, des signifiés sans signifiants. Image by Mediamodifier from Pixabay

Le parapluie rouge

Le thème s'incruste.. après la psychanalyse, les thérapies, les déprimes et les récits de soi...voilà que s'amène le mot « psychologue ». On y va! Elle pénètre dans la cour intérieure et marche vite sous la pluie. Pas vraiment sous la pluie, mais sous son parapluie rouge, tache coquelicot dans tout ce noir, ce gris.  Elle pense à la morosité de ses semblables, à l’absence de sourire, de joie dans les regards auquels elle sera confrontée dans un petit moment.   Dans le corridor, dans l’ascenseur, les faces longues s’enchaînent l’une après l’autre sous ses yeux las déjà, malgré l’heure matinale. Elle fait bien des efforts pour alléger l’atmosphère, susciter une réaction de cette foule blasée, en vain. Par exemple, ce parapluie rouge, maintenant refermé et gouttant sur le plancher,  contrastant violemment avec son ciré jaune canard et ses bottes de pluie noires à motifs hippie multicolores, fut choisi avec grand soin, de manière préméditée, tout à fait consciente.  Elle cherche à

Les histoires arrangées

Ma photo... Sherlock sous la neige Je tiens à le dire, haut et fort, en noir sur le blanc de la page:   J'AIME PROMENER MON CHIEN! En fait, j'adore... S'il y a une chose sur laquelle je ne ferai aucune concession, c'est sur ce fait, simple et clair...  Le reste, bof, c'est variable, on peut toujours jouer avec les temps, les lieux, les heures et les humeurs...   Je veux bien me soumettre au pacte de Lejeune , mais bon, vous savez, la mémoire... elle joue des tours et elle a le dos large!  Pas question de me montrer sous un jour glauque, terne. Il n'est pas non plus question de dévoiler les rides, les amas de peau flasque, les abus de tristesses inutiles et surtout pas les combustions colériques terrifiantes, dignes du Capitaine Haddock... Oui oui, collection de gros mots en prime, mais je n'admettrai jamais ça publiquement... Non, je ne sortirai pas d'ici sans mon rouge à lèvres!   Et l'on dira quand même que j'ai fait une œuvre autobiographi

Thérapie

Image par Kateřina Hartlová de Pixabay L'homme bedonnant tirait sur son cigare, malgré l'affiche Défense de fumer grosse comme une maison sur le mur devant nous. Il y allait de son soliloque grandiloquent.... pas le choix de l'écouter, nous étions seuls dans la salle d'attente.  - Ah bien sûr que les thérapies ont du bon! Tout le monde bénéficie d'une ouverture à l'autre reçue dans la compréhension et l'empathie!   Par contre, soyez prudent, un danger guette celui qui se présente avec un problème d'adaptation à résoudre... La thérapie cause parfois l'inhibition du ressenti. Ça amène la perte de la possibilité de se laisser aller, ce qui pourrait permettre une réactivation du comportement qu'on a travaillé si fort à annihiler... Prenez la colère, par exemple...On vous aide à la canaliser, à en faire autre chose... mais elle ne trouve plus à s'exprimer, alors qu'elle est bien là... Elle est détournée, transmuée, elle devient art, e