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Petites violences d’un vendredi ordinaire

Étendu de tout son long, 

son corps occupe tout l'espace central du wagon. Les baskets rouges vibrent de vie alors que le corps est immobile, pas même un semblant de souffle ne s'en échappe. Difficile de dire s'il est vivant.  Un employé à l'air revêche, agaçé se tient près de la tête effondrée. Le tout est impersonnel, juste un jeune corps étendu sur le plancher cahotant du wagon de métro.  Business as usual.

 Tout mon être réagit.  Mais aidez-le à se relever, libérer un siège, faites-le s'asseoir! Tendez une main, ne restez pas là à rien faire! C'est tellement déshumanisant, la révolte me serre la gorge. Ce jeune homme a des parents quelque part, il mérite mieux que ça.  L'homme portant le badge de la compagnie de transport cousu à sa chemise explique que c'est un problème de drogue....

 So what? Est-ce que ça implique de le traiter comme un déchet, de le laisser au sol comme un emballage souillé? La drogue, elle ne s'impose pas seule, elle arrive, conséquence à d'autres problèmes, la drogue! Souvent prise dans l'espoir d'oublier un moment ce qui fait mal, ce qui rend l'être mal à l'aise avec lui-même! Mauvais calcul, mais à défaut de traitement adéquat, certains trouvent plus simple de s'en remettre à ça! On est qui pour juger?

À chaque arrêt, l'employé fait le vigile devant la porte du wagon et dirige les nouveaux venus vers les autres entrées. À chaque arrêt, je m'attends, en vain, à voir des ambulanciers venir au secours de cet enfant échoué.

Le jeune se recroqueville soudain, sa tête rejoint ses genoux.  Il demeure en position fœtale et n’en bouge plus jusqu’à la station où je dois descendre.

Il y descendra aussi

Mais ce sont des policiers qui le sortiront du wagon, comme s’il avait besoin de ça.  Mon cœur saigne et j’ai encore plus peur pour lui!  Mon impuissance me culpabilise même si je ne sais pas ce que j’aurais pu faire, vraiment pas!


Photo by mwangi gatheca on Unsplash






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