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Petite nouvelle vite faite


Hier, c'était le dernier des Ateliers d'écriture créatrice.  Je me sens comme un gros vide en dedans parce que même si c'était court, seulement 10 semaines, et juste 2 heures par semaine, j'ai eu beaucoup de plaisir et j'y ai rencontré des femmes très intéressantes.  Au cours de ces trois mois, nous avons touché à plusieurs genres littéraires, histoire de voir comment le tout fonctionne et se mouiller un peu.  Hier, pour la grande finale, nous avions à écrire une "nouvelle instant".  Un cours texte complet, avec un début, un milieu et une fin, écrit en quelques 30 minutes, à froid, à chaud, juste comme ça en partant de rien sauf quelques consignes. 

C'est certain que ça demeure une ébauche, quelque chose à peut-être étoffer, explorer, exploiter.  Mais pour le moment, ce n'est que ça, un embryon d'histoire.  Une histoire triste en plus mais qui pourrait se développer en quelque chose de plus lumineux, si jamais l'idée me prenait d'y travailler sérieusement. Mais c'est toujours ça le problème, hein?  Comment faire pour me discipliner les intérêts multiples et oser me concentrer uniquement sur un projet à long terme?  Surtout qu'encore maintenant, toute mon énergie porte sur ma remise en forme et le retour à mon poids de fumeuse... quelques 5-6 livres de plus à me défaire.  C'est fou ce que bouger peut demander d'organisation quand on ne travaille pas et qu'on a pas la fibre sportive développée... Mais petit à petit, j'y arrive.. à faire plus que juste marcher dans ma journée.  Il y a trois mois, marcher une heure me laissait sur le carreau pour toute la journée, aujourd'hui, je réussis à incorporer mille autres activités à ma marche quotidienne.  Je souhaite inclure l'écriture de manière routinière, sinon journalière à mes occupations.  Ça va me demander de m'en tenir à un horaire, pis j'aime pas trop: une heure de ci, une heure de ça pis dépasse pas parce que la journée est sur le cul, c'est pas le fun.

Bon, je me tais et je laisse ici ma petite nouvelle toute feluette.  Je me fais penser à Gilbert Cesbron et Chien perdu sans collier des fois, mais avec la religion en moins, tellement je pars sur des thèmes pathétiques.  Ça doit être mon sens moral hyper développé et surtout hyperactif depuis les événements américains récents, qui se fait entendre...  En tout cas.. les critiques bienveillantes sont les bienvenues, toujours ;-)




Ludovic du fond de la ruelle
 
Photo:  Pixabay, user Doodleroy

Une fine pluie froide tombe sur l’asphalte gris de la ruelle.  La même pluie qui tombait le dernier jour où il s’était senti heureux.  Ce jour-là, Ludovic était allé avec son père et sa mère faire des achats pour son entrée au secondaire.  Ça lui semble si loin, au moins 100 ans déjà! 

Ludovic se sent très seul.  Il n’a pas revu son père depuis ce jour et sa mère est toujours trop occupée avec son nouveau chum.  Ce qu’il aimerait, en cet instant, avoir quelqu’un, quelque chose à qui se confier…

Il s’arrête un moment et se penche pour rattacher son lacet de soulier.  Il entend une plainte provenant de sous un balcon tout près, si faible qu’il doute de son ouïe.  En s’avançant un peu plus loin sous le balcon, il voit, tout au fond, une minuscule boule de poil rousse détrempée qui cherche vainement à disparaitre dans le sol.

Ludovic n’hésite pas, il rampe plus loin dans la boue, il tend les bras et prend doucement le chaton entre ses paumes.  Quelle petite bête vulnérable!  Je vais le ramener avec moi, se dit-il.  Personne n’en saura rien, ils ne me voient même pas!

Au creux de ses mains, le chaton s’est blotti et émet une vibration à peine perceptible.  Ludovic approche ses mains de son visage.  Du bout des lèvres, il embrasse le petit chat sur la tête.

Son cœur se serre et les larmes lui montent aux yeux.  Sa propre solitude lui pèse.  Il aurait tant besoin que quelqu’un se penche sur lui et le serre dans ses bras!

Un garçon aux cheveux détrempés, aux vêtements tachés de boue, à genoux sur l’asphalte mouillé, pleurant sa propre vulnérabilité tout en serrant contre sa joue un chaton nouveau-né, abandonné.

Dans le brouillard qui s’étale maintenant sur la ruelle, un homme tirant une valise s’avance vers le garçon.  Il s’arrête à quelques pas, hésitant, ému.  Il tend les bras vers Ludovic qui s’y blotti, comme le chaton dans ses mains.   

Je suis là mon homme, je suis là, murmure le nouveau venu.  On s’en va ensemble, tous les trois, dès maintenant.

Photo: Pixabay, user Quangpraha










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