Passer au contenu principal

Manifesto hostile




Après tout ce temps, vous voudriez, voudriez quoi?

Que je tolère, encore un instant, le temps d'une soirée, vos tentatives morbides de vous élever au-delà de tous, au dessus de la foule, que j'acccepte, encore une fois, d'être le témoin ou la victime de vos essais tragi-comiques de valorisation au détriment d'autrui, de vos efforts inouis pour vous sentir autre que ce que vous êtes, bien mieux, bien plus que le voisin d'à coté, bien mieux, bien plus que les gens de la table d'à coté? Après tant de temps passé à écouter, après y avoir survécue, après avoir triées et assorties vos vérités mensongères de peu et de rien, je n'ai plus ce soi-disant courage de m'asseoir près de vous, une fois encore, même si vous m'assurez que ce sera là la dernière des dernières sans retour possible, même si un jour, je le voulais, quelle improbabilité! Éjection volontaire et désirée, plus de raison de tendre l'oreille, bienveillante ou agacée, à vos propos décousus de bonne foi et sertis de perles burlesques. Plus besoin de me sentir salie par vos délires sur tout et rien, et surtout rien de bon, vos critiques absolues de la différence: votre problème majeur.

Différence d'opinion, de couleur, de coiffure, de tenue vestimentaire, de manière de vivre, de rire, de pleurer. Jugée autre, sans aucun sens de l'humain. L'humanité vous a échappée, un jour il y a longtemps, et rien ne peut plus vous la ramener. Vous êtes perdus, sans assises autres que vos certitudes bidons et vos lieux communs bien pensés à votre place par un dictat mordant d'un autre temps, époque que l'on croirait révolue mais qui s'éternise, et surtout, surtout, une obligation de voyeur innassouvissable. Que seriez-vous sans votre voisin?? Que seriez-vous sans votre collègue detestée et détestable?? Que seriez-vous, sans rien à dire ou redire sur tous et chacun, et surtout tous contre chacun car on est tellement plus fort et confiant de son droit quand regroupé en commando pas kamikaze contre l'unique, car la mort vous fait tellement peur! Qu'y a t'il en vous, autre votre certitude d'être mieux et bien et bon? Qu'y a t'il en vous, autre que l'assurance sans risque que tout ce que vous êtes est la seule et unique voie? Sans l'autre à dénigrer, à rabaisser, à gifler à tour de bras, moulinet canon, qui êtes-vous? Le vide, en vous même. Morts vivants sans ressenti, vos grimaces de macaques apeurés laissent des marques laides sur le blanc pur des âmes innocentes, qui se feront bleues pour vous échapper, en réchapper, puis noires de force, sous vos vomissures éternelles crachées sans relâche sur la beauté du monde telle que vous ne la voyez même pas.

Non, je ne serais pas assise à la table d'à coté, ou devant vous, tenant à la main le verre de vin de trop, sous un éclairage flatteur pour les vieilles harpies que nous sommes toutes devenues, avec au-delà, dans le lointain savamment illuminé, un sapin de Noel anonyme, abritant, de ses aiguilles de plastique poussiéreuses, des présents qui ne seront jamais destinés à personne. Je n'en veux pas de votre fausseté, de vos souhaits aigre-doux, de vos sourires à crocs acérés, de vos baisers de Juda camouflés dans le rouge salope de vos tubes de graisse de baleine, vos face cachées sous un fond de teint éblouissant. Vous pourrez leurrer bon qui vous semblera, mais je n'en serais pas. J'ai assez donné, de gré,de force, j'ai assez donné de moi dans tous les sens de vos crachats. Je n'en suis pas, n'en ai jamais été, n'en serai jamais et toutes mes tentatives pour vous le prouver ont été couronnées de succès. La jupe trop courte, le décoletté trop profond, la collier de chien à anneau, les collants déchirés, le corset zippé de rubber huilé, les cheveux blonds platines, les talons trop hauts, trop bas, les bottines de skateboard, les tatouages à l'aiguille non désinfecté, le peircing dans des endroits ou vous n'osez pas même regarder, les conversations à vous faire frémir du bonheur jaloux d'avoir, Ô vous, une vie des plus exemplaires et normales alors que la mienne, se vivant sur la corde raide, vous semblait d'un désordonné extrême de l'affectif, de l'intellect, un désir de suicide bien involontaire et, même si tout ça a fait long feu dans vos conversations en quatimini, ma volonté de ne pas vous ressembler demeure ma seule et unique loi, et tout et n'importe quoi est encore, sera toujours assez bon pour vous la faire ressentir, ma différence, mon seul bien dans ce monde que je regrette tant d'avoir eu à partager avec vous.

Oui, respirer le même air, celui ayant déjà transité dans vos poumons mille fois, cet air non recyclé des bâtiments soixantedizards me tuait plus sûrement que ma dose quotidienne de clopes, m'asphyxiait plus scientifiquement que les centaines de dix roues subis sur le boulevard achalandé à chaque pause café. Même le bruit de vos voix me creusait plus précisement des tunnels dans le cerveau que les milliers de décibels crachés par ces mastodontes pollueurs dont on ne sait plus se passer. Mais, je peux me passer de vous, ce soir, demain, le mois prochain, pour les années à venir, je me passe très bien de vous et ne m'en porte que mieux.

So... I'll be home for Christmas, et ce n'est certainement pas dans une salle de réception pseudo italienne cheap que ça se passera.

Commentaires

  1. Je crois que tu n'iras pas au party de Nowell que ton ancien lieu de travail ou tes anciennes collègues (ton texte est au féminin) organise...

    C'est extraordinaire, cette sensation d'intégrité, de se sentir soi-même et que c'est bien comme ça, non?

    Un piercing dans l'utérus ou je ne sais où? La différence, tant qu'on s'assume et qu'elle ne fait de mal à personne, déjà que ça, ça devrait limiter pas mal de trucs qui ne le sont pas, à mon sens, c'est important de la vivre. Le rejet est relatif. Ce monde à l'extrême droite, super conformiste, devrait, lui, se pencher sur son problème.

    Zed

    RépondreEffacer
  2. Ça paraît tu tant que ça que je suis encore en état de débriefing envers ma job??? LOLOL... Oui, ça en a tout l'air! Caboche, qui a fait un trajet similaire, m'en a avertie... Une bonne année avant de se sentir détachée, de ne plus faire de ressentiment inutile... Mais, modit que ça fait du bien de laisser sortir le méchant!!! Et oui, le sentiment de ne plus avoir à jouer la triste comédie quotidienne est un soulagement d'une intensité profonde!!!!
    Pour le piercing dans l'utérus, ben là, c'est non... J'ai pas eu de césarienne, c'est ben trop commun...LOLOL!!!!
    Bonne fin de novembre, Zed!

    RépondreEffacer
  3. Un an??? Vous êtes pas mal plus vite que moi, les filles... Je crois que point de vue certains genres de blessure, je bats des records de lenteur de guérison et de détachement.

    Tu vas retrouver qui tu es, de plus en plus, et te rendre compte que certaines choses t'avaient brisées et avaient endommagé ta personnalité, si t'es comme moi. Être en harmonie avec soi. Ouaaaaaaaais!!!!!

    Toi aussi, bonne fin de novembre, Jo!

    RépondreEffacer

Publier un commentaire