La pluie fouette l’air, de plus en plus fort, sans répit. Résignée, tel l’arbre secoué par la tempête, je me prépare à quitter la maison. Pas encore sortie et j’ai déjà froid. J’appréhende le moment où la cible de cette fureur aqueuse sera mon visage. La veste tombe du placard dans mes bras, se glisse sur mes épaules, me couvre le dos. Les boutonnières rencontrent leurs boutons en ordre strict et montent de la ceinture à mon cou, dociles. Je ne veux sentir aucun courant d’air. Le ciré jaune canard me couvre entièrement, les manches trop longues m’agacent, mais je ferai avec, les roulant vers l’intérieur afin de dégager mes poignets, et je répéterai la même chose à la prochaine pluie. Je ne pense jamais à faire l’ajustement au retour, trop heureuse de rentrer. Le capuchon est aussi un peu trop lâche, il me tombe sur les yeux, mais c’est ça ou je finirai trempée comme un craquelin dans une soupe. Je me coiffe donc du petit Kango multicolore, plus seyant, mais moins efficace, ma seule concession à la coquetterie. Au besoin, je coifferai ce capuchon hydrocéphale par dessus. L’imper est doublé de molleton, il est presque parfait si j’oublie les manches taillées pour des bras de singe-araignée et le couvre-chef surdimensionné. L’ai-je dit, déjà, que je déteste le froid? Ce froid mouillé de novembre encore plus. J’ai toujours été comme ça, à me couvrir plus que de raison. Vaut mieux avoir trop chaud que l’inverse! Je rajoute une écharpe de laine à porter près du corps, sous le manteau et des gants doublé de laine, la crainte de ressentir un frisson me tenaillant l’estomac. Je tire la fermeture éclair de bas en haut, chausse mes bottes de caoutchouc. Je tire la langue, grimace de dépit. À la main, la mince et longue lanière de cuir rattachée au harnais pendouille, cordon sécuritaire me reliant à cet animal pour qui j’affronte toutes les intempéries : les pluies glaciales des printemps et des automnes, la neige et les rafales d’hiver sans fin, le vent en tout temps, la sécheresse des étés s’étirant au-delà du connu. Je déteste le froid, mais lui, il s’en fout, il a besoin de sa balade, beau temps, mauvais temps. Ses yeux pleins de joyeuse anticipation me font oublier la pluie, le froid, le vent. Nous sortons, le bonheur sur quatre pattes me précédant de quelques pas, son enthousiame contagieux me collant de force un sourire au visage, malgré la pluie cinglante, malgré le froid qui pince mes joues. Je déteste le froid, mais lui, j’aime le voir heureux!
fictives ou pas
J'adore ta plume!
RépondreEffacerMoi aussi j’adore! Celle-ci est vraiment une des meilleures que j’aie lues! Quel plaisir !
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