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Image by Dennis Peterson from Pixabay |
Aujourd’hui, j’ai quitté la maison à midi moins quatre pour prendre le bus. Je marche vers l’arrêt, un oeil sur l’appli Transit. Je vois l’avancée de mon bus en temps réel, et réalise qu’il est plus près que prévu. Je sprint un peu et à deux pas de l’arrêt de bus, patatras, je me retrouve étalée de tout mon long, becoz une faille énorme dans l’asphalte du trottoir. Je me relève vaillament, monte dans le bus qui arrive à cet instant, m‘asseois et tente d’évaluer les dégâts. J’ai les paumes écorchées, la main droite plus que la gauche, et mon genou droit me fait plutôt mal. Je soupçonne une autre belle écorchure sous le tissu du pantalon, étonnament intact. Je le relève, et ouch, c’est pire que ce que je croyais. Je recouvre le tout et essaie de penser à autre chose. Mon pouce, bizarrement insensible, engourdi, a un centimètre de peau en moins et l’ongle goutte du sang qui s’y accumule. Un papier mouchoir recouvre le tout, on verra une fois à destination. Je garde mon calme, mais j’ai l’intérieur secouée profondément. Il y a aussi l’écran du cellulaire qui a pris un coup et montre une ligne très inquiétante sur la vitre. 350$ pour réparer ça? C’est une blague?
Je vais à mon cours de littérature africaine, sur l’oeuvre de Leonora Miano, je tiens les trois heures, oui, c´est vraiment intéressant. J’adore assister aux leçons, apprendre, le plus possible, j’oublie un peu mes douleurs qui se réveillent subitement à la pause. Nous devions aller au resto, notre petit groupe d’apprenantes, mais j’ai mal partout, je choisis de rentrer tout de suite après la classe. Je suis déçue, mais je ne me sens pas la force de soutenir une conversation.
Sur le chemin du retour, à 17h passées, une grande faiblesse m’habite, je suis nauséeuse. À nouveau, la sensation, inhibée depuis l’instant après la chute, d’avoir été fortement secouée, est très présente, mais après tout ce temps, je doute que seul cet événement soit en cause.
Mon estomac donne des signes de mécontentement, des reflux gastriques me brûlent la gorge (le mocha de l’après-midi?), mes écorchures brûlent elles aussi, je ressens un vertige, un inconfort vraiment désagréable, des douleurs au cou, aux épaules, au dos, mon genou gauche donne des signes de contusions.
Une fois arrivée, je n´ai pas d´appétit, la nausée est toujours là, menaçante. Je ressens une immense fatigue, le besoin irrépressible de rejoindre mon lit, de m´y cacher loin des rues, des bus, des craques dans les trottoirs, loin des cours, des gens, des prises de tête, du discours de François Hollande à Dakar en 2014 (j’ai honte pour lui, comment on fait pour dire des âneries semblables sans ressentir le besoin de disparaître soudainement?), de la bêtise généralisée, de l’ignorance fièrement portée à la boutonnière tel un trophée, du racisme galopant, de la tournure fasciste du monde.
Bref, ça ne va pas, et je me sens très fragilisée, subitement, à cause d’un bête incident. Est-ce que c’est ça, vieillir, ne plus avoir de résilience, ne plus savoir rebondir? Ce soir, j’ai l’impression d’avoir cent-trente-cinq ans et demi…
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