J'ai un bon ami marseillais avec qui je communique par courriels très fréquement, mais aussi sporadiquement. Je suis une infidèle quand il s'agit de maintenir une correspondance au long cours, et comme on se cause depuis déjà plus de 12 ans, c'est tout un contrat! Parfois, je remets à plus tard, et puis le plus tard se transforme en pur oubli. Mais aujourd'hui, je l'ai gratifié de deux courriels, je me trouve tellement fine!!
En fait, ce sont deux réponses à ses envois inquiets, puisqu'en bonne infidèle, j'ai négligé de lui retourner la politesse sur une missive, il y a bien deux semaines de ça.
En premier lieu, tôt ce matin et comme je ne disposais pas de beaucoup de temps, je lui ai simplement fait savoir que j'allais en leçon d'aquarelle en plein air et que je lui ferais part de ma journée dès mon retour, le tout accompagnée de la libellule et d'une page de fruits (ben je peux pas dire une coupe, ni un bol!) parce qu'il s'intéresse de très près à mes progrès.
À mon retour j'ai trouvé un autre courriel de sa part, me parlant de café en terrasse, de fleurs et de toutes les belles et bonnes choses dont mon absence me privait. Ah!! S'il savait de quoi mon avant-midi a été fait!! Et ben voilà, je le lui ai raconté et c'est ce que je donne à lire ici.
"Vous (ben oui, je le vouvois, c'est cute, non?) vous demandez ce que je fais à la maison, assise bien tranquille à vous
répondre?
Ben j’ai fait une découverte, ce matin. La peinture à
l’eau en plein air et moi, on ne fait pas bon ménage, alors j’ai quitté à mi-parcours.
Je deviens de plus en plus casanière et les plus petits détails dérangeants me
mettent en boule. Plus je vais, plus je me coupe des gens abrutissants, ça me fait un peu peur.
Premier problème, trouver les autres participantes,
parce que oui, il semble qu’ici, l’aquarelle soit une chasse-gardée féminine. Ces
dames, donc, étaient éparpillées à la grandeur du jardin botanique,
qui est, ma fois, plutôt vaste. Nous les retrouvâmes une à la fois,
parfois deux, pour finir avec un groupe de huit mémés chargées comme des ânes
de chaises et de tables pliantes, de cruches d’eau, de sacs remplis de couleurs
et de pinceaux et portant toutes un chapeau de paille. Beau groupe,
ouais!!! Et pour ne rien gâcher, toutes des dames de la haute société
montréalaise anglophone, des ‘médèmes’ du West Island, âgées à vue de nez de
plus de 65 ans ou peu s'en faut. Je ne me retrouve pas dans ces groupes tranchés au
couteau de l’échelle sociale, ça me rend dingue!
Deuxième
pépin : Les chaises pliantes!! Un vigile du jardin nous a
abordé, plein de morgue, pour nous signaler que les chaises pliantes à quatre
pattes n’étaient pas admises sur les lieux, mais celles qui n’en ont que trois,
ça va!!! C’est sérieux ça?? Pour vrai? Donc, remisons la
chaise qui a un pied en trop et posons notre fondement à même l’herbe mouillée,
on a fait pire, et oublions la table, on en parlera même pas (pas la mienne, je n'ai quand même pas procédé au démantèlement de la salle à manger, mais une de ces dames avait effectivement une table pliante!!)
Troisième
vacherie : Il est interdit de fumer!! Ouais, en plein
air!!!
Et, pour terminer en beauté, la découverte incroyable que le
restaurant des lieux est fermé pour cause de rénovation, donc on ne peut
manger, à moins d’avoir prévu le coup et de s’être embarrassé d’un sac supplémentaire avec le sempiternel sandwich des repas en plein air, ce qui n’est pas mon cas,
je suis trop paresseuse.
Bref, les emmerdes étaient au rendez-vous, rien
de grave prise une à la fois, mais c’est l’accumulation qui a eu raison de
moi.
La
leçon débute donc avec une lecture succincte sur la manière de prendre des
photos. Je vous en fait grâce ;-) (Ce monsieur est un excellent photographe) Et les conseils sur le dessin de
la miniature, on doit en faire trois du même sujet, encadré différemment, tout
en intégrant les trois lignes de mouvement de je ne sais quel Confucius du Feng
Shui. Puis, la charmante animatrice nous peint une pivoine en deux temps
trois mouvements (fait chier!!) et nous intime l’ordre de nous exécuter
(photos et miniatures). Ça va , ça va, mais je dois aller faire pipi
d’abord. Ces lieux sont camouflés autant que les tranchées en pays
ennemi. On peut les contourner, passer devant, derrière et sur tous les
cotés possibles sans les voir. J’en profite pour griller une clope en
cachette dans le sous-bois, je téléphone à l’homme et lui raconte comment ça se
passe, nous rions un bon coup à l’idée des nombreuses réunions ayant précédées
la décision de bannir les chaises à quatre pattes (faut avoir travaillé pour la ville de Montréal pour saisir tout le ridicule de ce cas d'espèce moins rare qu'on pourrait le croire) et voilà, je trouve par
hasard un coin pipi. La galère pour retrouver mes ‘médèmes’, là, c’est
pas sérieux, je peux me perdre sur une route droite alors dans un semblant de
forêt de feuillus, je vous raconte pas! Mais j’y arrive, et elles en sont
toutes à photographier dessus dessous, gauche droite mais pas devant (becoz the sun, ben voyons!) les
milliers de pivoines qui nous entourent. Je me dévoue à la cause et tire le portraits de quelques fleurs puis je m’installe pour faire mes petits croquis, à
même le sol. Mais, je me mets tout à coup à penser à la prochaine
étape : la peinture à l’eau. Je vais procéder comment, à même
le sol? La feuille sur les genoux? Les pinceaux dans la bouche? Le contenant d’eau entre les pieds? Et les couleurs, je me les pose ou ? Et je vois en pensée les feuilles
de sopalin partir au vent, dans le faux lac aux vrais canards, les couleurs couler en coulis inégaux, puisque mes genoux ne tiennent pas en place et je décide tout de
go que ça fera, j’en ai assez! Tant d’inconfort, c’est trop pour
moi… et tout ce que je fais depuis mon arrivée, je peux très bien le
faire de chez moi, avec en boni, mes cigarettes et du café frais.
Re-téléphone à l’homme afin qu’il nous récupère, moi et mes valises,
explications gentilles à la charmante animatrice et je me dirige d’un pas ferme
vers la sortie. Ouffff!! Je me sens mieux, c’a été vraiment un matin
éprouvant et on ne m’y reprendra plus. Si peinture en extérieur il y a,
ce sera chez moi!
Et
vous voulez vraiment que je me remette à la télé?? (C'est son dernier dada, me convaincre que je rate des trucs géniaux!) Non, la vie est beaucoup
plus intéressante et surtout moins prévisible ;-P
Bises!!"
Commentaires
Publier un commentaire