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Chronique avancée d'un voyage spontané

Je suis pas encore partie, mais comme ça fait déjà 2 mois que c'est annoncé ailleurs, autant le faire ici aussi, surtout que le départ est après-demain.

Un beau matin de juillet comme les autres, après ma "ride" de bus de 2 heures uptown-downtown et retour (c'est une autre histoire que je raconterais peut-être une jour, celle de mon été 2012), je suis à glander sur FB et  Mémé Attaque Haïti annonce les bas prix d'Air Transat, l'air de rien, l'air de tout, une Prestige en arrière plan et des bananiers plein la vue à défaut de concombres.  Et je ne fais ni une ni deux, j'embarque on ira pas vite...quoique la décision fut d'une fulgurance qui frise l'indécence.  Et me voilà en pourparler avec l'Anglais, pour parodier Bombardier, l'homme de ma vie (moissi moissi!!!) qui me regarde avec un air de ne pas y croire mais qui acquiesse tout de même d'un "Well, now that's an adventure!  Sure, go for it"!!  Et j'achète mon billet en ligne, sans réfléchir à rien sauf à l'aventure, yeah!  De la part d'un gars qui a passé une année dans une cave en Turquie, qui faisait son jogging en lisant James Joyce et qui vient de se lancer en bas d'un avion à 15,000 pieds d'altitude, une réaction contraire m'aurait grandement étonné.  Mais voilà.. deux, trois jours plus tard, c'est moi qui suis sur le cul!  Sti, m'en va en Haïti en pleine saison des ouragans!! J'aurais pas pu attendre le printemps????   Embarque on y ira pas vite.... Mais Isaac traverse en vitesse et en profondeur le lieu même où je serais installée, Isaac se fout de ma gueule de princesse du Nord de la ville et m'en mets plein la vue...pour me faire peur, me faire chier, me faire changer d'idée... Fuck Isaac, j'y va pareil!

Mais à quoi j'ai pensé?? À rien, je l'ai déjà dit... J'ai envie de voir ce pays, d'en palper la réalité par moi-même et non pas par récits ou rencontres en terres du Nord.  J'en ai envie depuis plus de 15 ans.  Et puis , j'ai envie d'aborder cette culture que j'ai mal comprise, dont j'ai souffert, par l'autre bout de la lorgnette, celui du visiteur, et non pas celui de la visitée.  J'ai envie d'être la voyeuse, pas la pourvoyeuse, la preneuse de vécues, d'émotions, le témoin d'un non-sens, d'une iniquité sans nom qui fait que des milliers vivottent alors que je meurs de vivre dans un trop plein de bouffe, d'alcool, d'argent et de vide culturel.  Est-ce que je culpabilise d'être née là ou je suis née? Quelque part en moi, oui... Ailleurs, non, je n'ai pas choisi, j'aurais pu être n'importe qui. Il y a rien de personnel là-dedans, juste une chance du modit (et encore!!) et je m'en réjouis, même si je sais pertinemment qu'en bout de ligne, tout se vaut, moi, l'autre, ma vie contre une autre et qu'en cas de vraie de vraie catastrophe, tous ces êtres qui ne connaissent pas ce confort immonde mais son immonde contraire seront beaucoup mieux équipés pour survivre que je ne le serai jamais.  Rencontrer les vraies Haïtiens, alors que ce que je connais de ce pays se résume à des êtres pris entre deux, sinon trois ou quatre cultures, avec le résultat désastreux que ceci peut engender.

Oui, je suis craintive, du lieu, des gens, de la météo, des moustiques, de la nourrriture et de m'annoncer comme ça chez Mémé , non Marie (j'hais ça ce Mémé, c'est tellement pas ça!!! ), malgré ses invitations répétées, c'est beaucoup à gérer en plus de l'organisation pour mes amours qui restent ici, ma fille dont il n'est pas le père mais tellement plus, lui qui va jouer au plus que père en mettant de coté ses occupations pour accompagner la demoiselle dans ses journées de tournage sans début ni fin ( méchant casse-tête organisationnel!!) et l'école et les devoirs en langue étrangère!! Olala!!!  Et puis mon grand qui commence un nouvel emploi et qui doit capoter comme lui seul le fait, l'anxiété, c'est génétique, comme la timidité, il parait, mais on s'en sort tout de même plutôt bien!!

Mais surtout, merci à Marie pour me sortir un moment de ma petite vie tranquille, sans qui je n'aurais jamais au grand jamais entrepris un tel voyage toute seule!!  Ça fouette le sang de se laisser aller à l'aventure, surtout quand rien ne nous y préparait.

Alors, voilà.. après-demain, à l'heure où j'écris, je serais à Port-au-Prince, fraîchement débarquée, seule comme une grande fille, avec mes idées toutes faites prêtes à se faire démonter, mes anticipations prêtes à être contrariées.  C'est ça aussi l'aventure, laisser l'inconnu nous toucher, et nous émouvoir, peut-être même nous changer .  Au menu, rencontre avec Marie, souper à Pétionville, visite de la ville, dodo et départ tôt matin pour Jacmel, où j'aurais pied-à-terre pour le reste de mon séjour, une petite semaine, presque rien finalement...et si j'aime, ben on verra...

Par User:Doron (Travail personnel) 

[GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0 
(http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], via Wikimedia Commons







Commentaires

  1. Wow quelle aventure! Je suis vraiment jalouse de ta témérité et de toutes les choses que tu verras. Goûter à l'univers de Laferrière qui m'a amener là-bas avec ces mots et voir le chaos en même temps. C'est fascinant un pays plein de contradictions. Je veux savoir la suite maintenant :)

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  2. Je suis loin d'être téméraire, s'il n'y avait personne pour m'accueillir à l'arrivée et m'héberger, je n'irais pas. Je suis rendue ben cocooneuse!! Imagine que je me suis plainte du motel près de Stonehenge pour cause de pas de bain, mais juste une douche, j'ai presque honte! Là, je m'attends à rien, alors tout sera un gros plus!

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  3. Moins de 24 heures!!!!!!!!!!! Wou-hou!!!!!! Bon voyage!!! :-)

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